Alfonso Gatto

Une poésie comme un salut désespéré

... Ainsi, vivre, c’est toujours affirmer

un salut désespéré, urgent. (Gouffre marin, Alfonso Gatto)

Dans sa présentation d’Alfonso Gatto dans le livre Pauvreté comme le soi r, Bernard Simeone, grand traducteur et passeur de littérature italienne, hélas disparu en 2001, cite cette profonde déclaration du poète :

« Je veux que la poésie seule dise qui je suis, comment et pourquoi j’ai vécu, et avec le naturel qui lui est propre. Cela me suffit. Et le même refus vaudra pour toutes les autres images qui auraient pu me représenter. Nul ne saura jamais combien un poète espère en sa beauté, sa vanité, sa force et son pouvoir de sympathie, et combien en même temps il désespère de tout cela ; combien se referme sur lui le geste par lequel il voulait courir et s’annoncer ; combien il envie le succès, mais plus encore l’ironie méditée. Quand j’étais enfant, c’était moi seul qui donnais aux poètes un visage, qui les voulais exactement tels que je les voyais. Je serais heureux si vous cherchiez à m’imaginer à votre manière, avec le seul secours de mes mots. »

Aussi cela sera presque uniquement par le secours des mots mêmes du poète, que sera évoquée la figure étonnante d’Alfonso Gatto. Alfonso Gatto aura été un personnage multiple. Peintre, romancier, critique d’art, poète, dramaturge, acteur dans les films de Pier Paolo Pasolini, L’Évangile selon saint Matthieu et Théorème, de Francesco Rosi et de Mario Monicelli, Gatto était tout cela, mais partout il portera les traces de la guerre et de sa lutte contre le fascisme.
Alfonso Gatto, (1909-1976), était parmi les plus grands poètes italiens du 20e siècle. Comme Mario Luzi, Vittorio Sereni et d’autres, il appartenait à la deuxième génération de poètes italiens, après celle de Giuseppe Ungaretti, Montale Eugenio et Savatore Quasimodo. Tous ont été influencés par les symbolistes français.

Lui était un homme du sud imprégné d’oralité et des bruissements des origines, aussi l’hermétisme de la poésie de groupe de collègues ne fera pas taire sa voix rocailleuse.

Il est aussi sensible au surréalisme et souvent ses images semblent issues d’une écriture automatique, obscurcissant le sens du poème, sans distendre son lien avec la poésie populaire.
Sa nature de peintre lui fait instiller des couleurs dans ses mots.

Sa foi dans l’homme et dans la vie se mélange à un certain désespoir et la hantise du rien, et rend sa poésie d’un dépouillement extrême unique.

Une vie dans l’urgence

Alfonso Gatto est né à Salerno le 17 juillet 1909.
Sa famille se compose de marins et de petits propriétaires qui sont venus de Calabre.

Son enfance et son adolescence sont plutôt tourmentées. Il termine ses études secondaires à Salerne et s’inscrit à l’université de Naples en 1926. Il doit abandonner ses études après quelques années, en raison de difficultés économiques, et sans avoir obtenu de diplôme.

À partir de cette période, sa vie devient mouvementée, inquiète et aventureuse; il déménage constamment, il fait de nombreux voyages, et autant d’emplois. D’abord il est employé comme commis dans une librairie, puis instituteur d’école, puis correcteur dans une maison d’édition, puis journaliste, puis enseignant.

Il va vivre avec sa première femme à Milan en 1934.
En 1936, il est arrêté pour ses idées antifascistes et passe six mois dans la prison San Vittore à Milan.
Il s’installe en 1938 à Florence.

C’est à cette époque que Gatto collabore à des revues d’avant-garde et des périodiques de culture littéraire. En 1938 il fonde Campo di Marte, Champ de Mars, mais le journal n’est publié qu’un an ; ce fut toutefois une expérience importante pour le poète qui eut l’occasion de se hasarder de manière importante dans la littérature militante.
En 1941, au Lycée artistique de Bologne, Gatto reçoit sa nomination de professeur titulaire en Littérature italienne en raison de sa réputation. Il devient envoyé spécial de L’Unità exerçant un rôle de premier plan dans la littérature d’inspiration communiste. Par la suite, il démissionne du Parti communiste italien et devient un communiste dissident.

Après la guerre, il reprend son travail de journaliste, tantôt d’enseignant, et il continue à écrire ses poésies.
Le poète, en 1946, rencontrera la femme la plus importante dans sa vie, le peintre et écrivain de Trieste, Gratianne Pentich,dont il eut deux fils, Théodore et Leo. La vie du poète sera marquée en 1963, par le chagrin de la mort de Théodore, tandis que Leo est décédé trois mois seulement après la mort du poète.
En 1955, il reçoit le prix Bagutta pour son œuvre La forza degli occhi aux éditions Mondadori.

Il meurt le 8 mars 1976 à Orbetello dans la province de Grosseto lors d’un accident de voiture près de Capalbio.

Eugenio Montale qui fut son grand admirateur et son ami proche fera graver cette épitaphe sur la tombe de son ami :
« Pour Alfonso Gatto, pour la vie et la poésie, dont il fut un témoin amoureux unique. »

Le recours des mots dans une poésie qui se consume

Sa poésie est dense, compacte, épaisse parfois. La mort et la vie des hommes sont un thème récurrent dans son œuvre.

Chaque être est déjà chez lui happé par le passé :

Telle est la nuit des temps la lointainehistoire de l’homme : le chien sur le seuilla lampe allumée, le feu, autant d’accentsde la vie quotidienne, et dans la mortle signe encore de notre main…

Cette attention à l’éphémère, au quotidien qui nous entoure, est marquée chez Gatto déjà par l’empreinte de la mort.

La poésie de Gatto baigne dans une atmosphère crépusculaire, une monotone résignation à passer dans cette vie, une sorte de plainte sourde.
Il a été marqué par l’histoire, comme résistant, comme longtemps communiste, comme victime, et c’est aux victimes que va sa poésie.
Il sera un homme seul dans la littérature italienne, sans illusions, sans mensonges, en attente du néant.

« Maintenant s’étend dans l’oubli,dans le hasard

d’un bonheur lointain le monde

moi délaissé le vent me révèle:

endormi dans mon corps éteint... (Solitude)

Pour lui le rien est consumé dans le tout, et le tout consumé comme le rien. Ce qui rend la vie essentielle malgré tout.

Et il importe de ne pas avoir vécu en vain.

Cette mort omniprésente dans ses mots, et qu’une voix, une caresse tient en laisse:

«C’est peut-être cela la mort, se rappeler
la dernière voix qui nous éteignit le jour.»

Alfonso Gatto, dans son attention aux petites choses, déroule une plainte monotone et prenante, qui apprivoise en sorte la mort, qui n’est plus qu’un doux vent du soir.

« Ce que nous ne savons pas est peut-être le visage,

notre visage que la mort un jour

scellera de son silence: noms,

faits perdus à peine nés, cendre.»

Pour lui la poésie n’est pas un acte de culture, mais un dépouillement, une réalité physique.
Ses peintres préférés étaient Mondrian et Cézanne, et sa poésie tente un absolu identique et sans concessions, la rendant âpre et difficile, parfois obscure et lointaine.

Mais comme le voulait Gatto, il ne s’agit pas de l’expliquer mais de le lire.

Dans son vide

l’horizon sans secours tremblera

sous l’apparence du soir, vent

immobile qui cueille ta voix et muet

te rappelle avec elle la patience

d’attendre pour toujours dans la mort

un faible réveil d’horizon. (Siège)

Gil Pressnitzer

Source : Pauvreté comme le soir Traduit de l ’italien par Bernard Simeone Orphée La différence

Choix de textes

Poèmes dans la traduction de Bernard Simeone « Pauvreté le soir » Copyright Orphée La différence

Lelio (poème à son frère) Ta tombe, petit enfant,
nous la voulions blanchie
comme une petite chambre
et tout autour qu’il y ait un jardin
avec la paix enchantée
d’une houe.
C’était une douce rumeur
que tu laissais partir au jour
pour trier le gravier
bleu est sa couleur
pour retrouver l’azur autour
le soir. Maintenant, que paraisse
la lune et qu’avec son vent
elle laisse le monde plus seul,
il nous semble entendre
dans l’air ta plainte.
C’était un cri du profond
de l’enfance, une renaissance...
Invente la mort,
ô petit enfant, tes signes
comme d’un jeu cassé
resté le sort
vent, à ses desseins
de nuages et des pleurs.
Chaque jour qui passe
est une chute stérile
qui nous invite dans l’ombre.
Fais irruption tête baissée
dans le rire, enfant,
dévaste la vie
une autre fois et vis.

À MON PÈRE

Si tu revenais ce soir à mon côté
le long de la rue où l’ombre descend,
bleue déjà comme si c’était le printemps,
pour te dire combien le monde est sombre et comment
sous nos rêves en liberté il s’illuminerait
d’espoirs, de pauvres, de ciel,
je trouverais des larmes d’enfant
et de grands yeux de sourire, noirs
noirs comme les hirondelles de mer.

Il me suffirait que tu sois vivant,
un homme vivant avec ton cœur est un rêve.
Aujourd’hui est une ombre pour la terre le souvenir
de ta voix qui disait à tes enfants :
« Comme la nuit est belle et comme elle est bonne
de nous aimer ainsi, l’air en crue
jusqu’au cœur du sommeil. » Tu voyais le monde
à la pleine lune tendre vers ce ciel,
les hommes en marche vers l’aube.
Recueil La tête sur la neige

ELEGIE NOCTURNE

Peut-être mon seul souvenir : ta joie

dans la maison là-bas où le soir

apporte l’odeur de la terre et

la calme lumière nocturne, c’est ta vraie voix

celle où jeune tu parles sur le visage
riant des enfants. Sont passées
dans ton regard des nuits limpides
au bruissement dru des étoiles, les façades

voilent des maisons blanches, une fontaine
vibre d’une eau seule à s’écouter
et la ville se déploie au seuil
lointain de la mer. C’est l’âme qui vole.

Sans le savoir, tu nous vouais au chant

de l’homme sans retour, qui toujours disparaît dans le vide d’une place,

la mort à nous en étonner parut sortilège, à de rares

voix bruissantes le sommeil fut adieu.

VIVANTS

Une maison de rien, mais une jeune fille aux volets
et midi était doux de vie,
d’espérances et de peurs.

Midi c’étaient des vapeurs en marche
et les hommes du canal
montrant le blanc de leurs yeux, mais vivants.

Une maison de rien, juste quatre murs,
fragile mais vivante,
et le soir qui laisse la porte ouverte
et on entend la petite fontaine
on entend la lampe apparue sur la nappe.

Que ne vienne la nuit, que ne vienne la mort
des oisifs rois de pierre,
que ne vienne la loi de la peur.
Qui vit est léger,
est las dans le monde entier.

Qui vit est sans gloire.

CENDRE

Ce que nous ne savons pas comme un rêve,
comme la pluie, descend le soir dans le cœur.
Le froid concentre sur les choses la lumière,
la misère sans fin des journaux
abandonnés dans les rues, noms,
faits perdus à peine nés, cendre.

Ce que nous ne savons pas comme un train
seul au monde touche avec les fantômes
aux maisons de brume : de loin
un tintement de grelots, le char
des nuits sereines.

Ce que nous ne savons pas comme le froid,
comme la neige, descend sur les tombes.
Nous entendîmes le vent souffler aux choses
la pensée que l’ombre les rend seules.

Ce que nous ne savons pas est peut-être le visage,
notre visage que la mort un jour
scellera de son silence : noms,
faits perdus à peine nés, cendre.

ÉLÉGIE

Père vaincu dans le sommeil
obscur et lointain,
l’enfant t’éveille de la main.
Né de nouveau dans ton rêve il réclame
souvenir du temps qui jeune
courait dans tes yeux,
triste au réconfort de son apparence
il ne veut pas que tu croies
la mort sombre en l’éternité.

Était si doux le ciel alentour,
au souffle et au rythme du soir
tu me portais dans tes bras au frais
sommeil de printemps.
C’est peut-être cela la mort, se rappeler
la dernière voix qui nous éteignit le jour.

PAUVRETÉ COMME LE SOIR

Revient pauvre en amour l’herbe
dans le souvenir et le soir elle
n’apporte que cette odeur du
printemps mort,

ces prés frais au voile de la
course, qui dans les yeux des
enfants est presque le ciel, ce
rêve qu’en secret

tu libères, sans le toucher,
comme l’air de tes collines.
Tu restes pure si joyeuse de tristesse
et d’air, ayant voulu

la pauvreté comme le soir pour te
dénuder jusqu’au visage,
jusqu’aux yeux où désespère
cette lumière, je t’écoute

vide aux confins du ciel,
ample et rose dans la clameur
comme une nuée qui revient à son gel,
errante, et se repose.

Tu restes pauvre en oubli
le long du pré qui à son mur
de bleu blanchit ; adieu,
à te quitter même l’avenir,

voix sans mémoire, devient nuit.

Mots

« Je te perdrai comme on perd un clair jour de fête :
— je le disais à l’ombre que tu étais dans le vide de la pièce
— attentive ma mémoire te chercha
en ces années florissantes un nom, une apparence : pourtant
tu te dissiperas, et ce sera toujours l’oubli de nous dans le monde. »

Tu regardais le jour
évanoui dans le crépuscule,
je parlais de la paix infinie que le soir
étend sur les fleuves à la campagne.

ÉCOUTE LE PAS

Le soir peut mourir encore en aimant
la lumière qui lui manque, le souffle extrême
de l’air qui déjà lui apporte la nuit.
Sur nous le piège de l’illusion céleste
se referme en silence : c’est l’acte
pour l’acte qui nous décide, l’instinct suprême
de ne jamais rien nous dire qui dans le temps
laisse en suspens un désir ou la lueur
d’un espoir.
N’écoute pas les trains,
ne regarde rien d’autre au ciel que le froid tombeau de la lune,
écoute le pas des gardes de fer. Il est leur le monde qui ne dit plus rien,

qui n’accorde aucun délai à la pitié, plus de trêve à la colère.
Un pas, ils l’entendraient en tirant sur l’ombre de la lune

ou sur le silence de la ville qui leur en retourne l’écho.
Laisse-les seuls, qui avancent dans le rire glaçant de Dieu.

LA VEILLE

Il pleut sur cette maison blanche, c’est le soir.
La misère des murs, dans les balcons verts,
dans les râpes de sorbiers, noircit.
Les pavois de deuil sur les portails

s’habillent d’argent avec cette lueur de ciel
qui reste là-haut, faible.
Un soir de calme parmi les brumes douces du golfe,
une femme ravive

le feu du brasier, ramenant à elle l’enfant ensommeillé
qui pèse sur son autre bras.
Dans ce que je vois j’entends une tendresse qui s’épanche,
l’étendue de la mer en son bleu céruléen s’illimite.

Je te parle ainsi, avec ce calme
qui m’est étranger,
toujours plus proche est l’heure de tous,
je vois sur la palme

du rivage la lumière lasse qui décline au couchant, la muette rafale.
À contrecœur cette main insinue sa caresse oublieuse.
Ce n’est pas rien,

crois-moi, cette image, cette fumée continue,
ce n’est pas rien.
Dans les pensées soucieuses de ma veille
je me consume
sous le charme comme tous les morts.

Adaptations personnelles

À mon père

Si tu reviens un soir prochain
le long de la rue où l’ombre tombe
bleue comme si déjà le printemps voulait jaillir,
pour te dire comment le monde est sombre et comment
nos rêves attisent la liberté
les espoirs des pauvres dans le ciel,
Je voudrais trouver un enfant qui pleure,
des yeux ouverts et le sourire, noirs
noirs comme les hirondelles des mers.

Je n’ai seulement besoin que tu sois vivant,
un homme vivant avec le cœur, c’est un rêve.
Toute la terre est une mémoire d’ombre
De ta voix qui disait aux enfants:
« Que c’est beau la nuit et comme elle est bonne
de nous aimer ainsi, pour que l’air déborde
dans le sommeil. Tu voyais le monde
comme la pleine lune dans le ciel qui la dépasse,
les hommes marchant vers le soleil levant.
Recueil la tête sur la neige

La lune sur le lac

La lune devient en son blanc filet lac
Dans la nuit où l’air entr’ouvre ciel et terre
Pour respirer la paix.
Et pour t’avoir j’invoque la mort.

Rêve de bras pour aller plus loin
Et stupeur de croire que le néant
enlacé au tout énonce le calme,
Toi une guirlande fleurie de fillette,
Moi grossier pêcheur dans ta main
Je ne peux te croire morte et je te berce encore.

Dans cet hiver

Toi tu disais : il aurait suffi qu’il reste entre nous
Une façon de nous appeler, une façon de nous taire,
Toi tu disais : l’envie d’être à nouveau ensemble reviendra
À l’écoute de nous comme le vent,
et de main en main repassera le verre…

Maintenant la vie ne nous contente plus,
Et nous divise chacun sur sa route
Qui loin le porte.

Rien n’est resté, la mémoire
Allume encore le feu, invite les ombres
À s’asseoir, à se taire en cet hiver.

Juste un souvenir

Nous avons cru nous rencontrer par hasard
En cette heure oubliée.
Ce fut la gare jaune dans le vert.
Un cycliste, qui avait perdu sa route
Et buvait au fond de ses yeux des souvenirs.
Mais tout est éternel pour celui qui passe,
Même le nom que l’on a entendu une fois.

Et tu m’écouteras

Et dans ce grand silence arrive l’aube
Des ports de brumes, aux vitres
D’une maison étrangère, je parlerai
De la vie perdue comme un songe
Et tu m’écouteras au fond de ta froideur,
Fermant petit à petit tes yeux, bleu azur.

Puis sur le monde descendra la paix
De tes mains, indemne finalement
Sans peur d’être troublée.
Et alors nous croirons porter en nous
avec nos premiers espoirs une autre vie :
au souffle d’une voix qui devient lointaine
comme la lune morte du matin.

Dans le fond du puits

Dans le fond du puits des maisons seulement
la voix d’un enfant qui passe en vélo
dans son univers gris sous l’aile
le manteau qui vole.
C’est une musique entre le vide des pièces
et les miroirs des portes
on a fini d’écouter la radio
Les voix restent immobiles.
dans la force des yeux.

Une mère qui dort

Une mère qui dort
Pleut doucement au milieu d’elle
Comme une grotte
Et au fond de la lumière elle a son enfant.
Une mère qui dort
dort dans l’ardente draperie d’un fauve
Qui la regarde avec mansuétude.
C’est un doux soir
Au milieu des prunelles
D’où coule un flot tranquille.

Anniversaire

Ces jours je m’en rappelle : en ce matin
Ignoré où nous réveillait la terreur
D’être restés seuls, j’entendais le ciel
Comme une voix morte. Et déjà la lumière
Abandonnée aux vitres par les mourants
Me touchait le front, et sur mes cheveux
Laissant la trace de son sommeil éternel.

Un cri humain que l’on entendait, rien
-seulement la neige- et tous étaient vivants
qui derrière ce mur pleuraient, le silence
buvait à grands traits les larmes de la terre.

Oh, l’Europe gelée dans son cœur
Jamais plus ne se réchauffera : seule, avec les morts
Qui l’aiment à jamais, elle sera blanche
Sans frontières, unie par la neige.

Le chantdes hirondellesÀ nouveau ce même soir vert
et la lune qui effleure le calme du jour,
au-delà de la lumière ouverte aux hirondelles,
donne la paix au fleuve et à la campagne
et un autre amour à tous les exilés morts;
et nous monotones regrettons ce cri dépouillé
que pousse déjà l’hiver, il est seul
l’homme qui porte la ville lointaine.
et les trains qui surgissent, et à cet instant
d’après la certitude de mes notes, je sais qu’ils espèrent les femmes
des froides affiches d’un théâtre, cœur
nom usé que nous endurons un jour.

Bibliographie

En français

Pauvreté comme le soir, traductions Bernard Simeone, Orphée La différence- 1989- épuisé

En Italien

Morto ai paesi, Modena 1937
Poesie, Milano 1939 8nuova edizione, Firenze 1943
L’allodola, Milano 1943
La spiaggia dei poveri, Milano 1944
Amore della vita, Milano 1944
Il sigaro di fuoco, Milano 1945
Il capo sulla neve, Milano 1947
Nuove poesie, Milano 1949
La forza degli occhi, Milano 1945
La madre e la morte, Galatina 1959
Poesie, Milano 1961
Osteria flegrea, Milano 1962
La storia delle vittime, Milano 1966
Rime di viaggio per la terra dipinta, Milano 1969
Poesie d’amore, Milano 1963
Desinenze, Milan, 1977