Amos Oz

Le compromis de la vie

La vie, c’est le compromis. Et l’opposé du compromis, ce n’est pas l’idéalisme, mais le fanatisme et la mort.

L’œuvre d’Amos Oz est considérable, foisonnante et va de l’intime au public, de l’autobiographie à la fiction, de la prose romanesque au pamphlet politique. Toujours avec la même humanité, la même générosité et la même détestation des fanatismes. L’œuvre d’Amos Oz est une œuvre de vie qui rend le lecteur meilleur, plus ouvert aux autres. Il est célébré partout de par le monde et un tout récent prix des Asturies montre son audience lui qui est depuis tant d’années nobélisable. Pourtant alors même qu’il est traduit en plus de 20 langues et qu’il est passé tout près du Prix Nobel en 2007, il ne commence que récemment à être connu en France. La boîte Noire, roman épistolaire d’une tension déchirante, a obtenu le Prix Fémina étranger en 1988 et peu à peu il doit reconnu pour ce qu’il est : l’un des meilleurs écrivains vivants. Mais il est plus souvent parlé du fondateur du mouvement La Paix maintenant que du grand écrivain.Cela s’explique par le fait que le militant a parfois occulté l’écrivain. Il est plus souvent invité à donner son avis sur le problème israélo-palestinien, que pour parler de son œuvre. Cela est plus médiatique et brûlant, mais l’écrivain narrateur du poids de la vie est devant nous essentiel et limpide. Il représente un petit îlot de sagesse dans un monde déboussolé. Il tient le carnet du tragique et de l’humain.Aussi il sera surtout parlé de l’écrivain, sans oublier le citoyen. Les deux faces étant la même leçon d’humanisme. Le mal n’est pas à notre porte, il rôde en chacun de nous, parfois habilement déguisé par l’idéalisme et la piété religieuse (Les deux morts de ma grand-mère)

L’homme

Quand je serai grand, je voudrais être un livre. C’était moins dangereux que d’être un homme, et, avec de la chance, au moins un exemplaire de moi survivrait…

Pour comprendre son œuvre et son action, il faut lui laisser la parole, et il est bavard comme tout conteur : il a beaucoup parlé et beaucoup écrit. D’ailleurs, le meilleur raccourci pour suivre les chemins d’Amos Oz consiste à lire son livre, Les deux morts de ma grand-mère et autres essais, qui nous le livre à nu. D’ailleurs la plupart des citations des mots d’Amos Oz seront tirées de ce roman-essai.

Et il est impératif de suivre son conseil judicieux : Pour me savoir en un seul mot, c’est le mot « famille ». Pour mieux me savoir en deux mots ce sont les mots « famille malheureuse » Pour me savoir totalement en plus de trois mots, lisez mes livres. Et ce noyau fondamental de l’humanité, la famille, est à la fois au cœur de la lumière et des ténèbres. Sérénité et déchirement.

Soyez attentifs. Les voix familières de la famille pénètrent votre chair. Prenez des forces. Retenez votre souffle. Fermez les yeux. Peut-être. (Ailleurs peut-être).

Et les vastes fresques que dessine avec tendresse et ironie Amos Oz, refusant toute frontière étanche entre le tragique et la comédie sont l’histoire de cet amour jamais payé de retour des juifs européens pour cette Europe qui les a chassés, puis anéantis. Ces juifs qui étaient les seuls véritables européens alors que les autres n’étaient que des patriotes. Cet exil les taraude encore et se cogne contre l’exil des Palestiniens. Tous deux sont malades de l’Europe et se maudissent mutuellement alors que les bourreaux sont ailleurs. Querelle là encore de familles, donc les plus cruelles, les plus aveugles, les plus sanglantes.

Le substrat autobiographique irrigue sa fiction, aussi quelques éléments de sa vie ne sont pas superflus pour saisir tout le sel de récits, très souvent initiatiques.

Il est né en Jérusalem le 4 mai 1939. Ses parents Yehuda Arieh Klausner et Fania Musman étaient des immigrants sionistes d’Europe de l’Est venus très tôt en Palestine aux premiers signaux de sang des pogroms. Cette famille aux abois, est chassée de cette Europe tant adorée et qui pourtant les rejette dans le fouet d’un antisémitisme délirant.

Son père avait étudié l’histoire et la littérature à Vilnius, en Lituanie et était devenu bibliothécaire et écrivain à ses heures perdues à Jérusalem. Il vivait au milieu des livres et des langues dont il parlait plus d’une dizaine et en lisait plus d’une vingtaine. Véritable source mémorielle de cette Europe, paradis perdu, il la reconstruisait mythique et plus belle dans ce bout de territoire, si chaud et si loin de ses enfances.

Amos Klausner appartient donc à une famille d’origine lituanienne qui contrairement au courant dominant de gauche reste fidèle au sioniste révisionniste de Jabotinsky (1880-1940). Jabotinsky clamait que les Juifs polonais vivaient au-dessus d’un volcan et il fut un des fondateurs de la droite nationaliste. Par contre la famille d’Amos Oz, aussi marquée par les Lumières restera très opposée à la religion, trop obscurantiste pour elle. Ces juifs laïques étaient les seuls véritables Européens. Les autres étaient des patriotes. Son père parlait 11 langues et en lisait 17 et sa mère en parlait 7.

Ces amoureux passionnés de l’Europe vivront dans la littérature. Mais comme le dit Amos Oz : l’Europe ne les aimait pas. Les nazis et les communistes les appelaient « cosmopolites », « intellectuels sans racines », « parasites ». ils ont été jetés par-dessus bord hors de l’Europe des années 1930. Ils ont eu de la chance : sans cela, ils auraient été assassinés dans les années 1940. Comme d’autres, mes parents ont nagé jusqu’en Palestine. C’était leur seule option.

Amos Oz vivra dans le fleuve de la bibliothèque familiale et de la culture européenne, et russe en particulier. Il fera revivre aussi bien les personnages de son quartier que sa grand-mère maternelle qui possédait un moulin à Rivne, en Pologne de l’Est (actuelle Ukraine), mais était venue à Haïfa en 1934. Hantée par la chaleur et les microbes, elle mourra de propreté passant son temps à se purifier par les bains.

Dans son livre Une histoire d’amour et de ténèbres (Gallimard) l’écrivain évoque son enfance à Kerem Avraham, quartier pauvre de Jérusalem, et le traumatisme lié à la mort de sa mère qui se suicide alors qu’il est adolescent, douze ans. À l’âge de quatorze ans, il quitte son père à qui il ne pardonne pas de ne pas avoir su empêcher la mort de sa mère, et il se met en totale rupture. À 14 ans, je me suis révolté contre le monde de mon père, ses valeurs, ses traditions, et je suis parti vivre dans un kibboutz. Il était un intellectuel de droite, j’ai décidé de devenir un conducteur de tracteur de gauche. Il était petit, je voulais devenir très grand (ça n’a pas marché !). Je n’ai pu écrire sur tout cela que lorsque la colère a fait place à la compassion. Aujourd’hui, je me figure mes parents comme s’ils étaient mes enfants, parfois stupides, parfois cruels, des gens qui ne voyaient pas bien loin. Très humains. Très tristes.

Il va aller vivre dans un kibboutz de gauche, Houlda, près de la frontière jordanienne. Il vivra cette belle utopie de l’égalité absolue qui ne peut résoudre l’inégalité absolue des âmes. Membre de droit en 1957 il va y rester presque trente ans.

C’est à cette époque, en 1954, qu’il adopta le nom d’« Oz » qui signifie « force, courage » en hébreu. Comme la plupart des Israéliens, Amos Oz servit dans Tsahal. À la fin des années 1950 il servit dans l’unité Nahal et se trouva confronté aux escarmouches à la frontière syrienne ; pendant la Guerre des Six Jours en 1967 il se trouvait dans une unité de chars dans le Sinaï ; pendant la Guerre du Kippour de 1973 il servit sur le plateau du Golan.

Après Nahal, Oz étudia la philosophie et la littérature hébraïque à l’Université hébraïque. En dehors de courts articles dans les bulletins des kibboutzim et le journal Davar, il ne publia rien avant l’âge de 22 ans, en 1965. Son premier roman fut publié en 1966. Dès lors, il se mit à écrire sans discontinuer, publiant une moyenne d’un livre par an sur les presses du parti travailliste, Am Oved, qu’il quitta finalement, en dépit de ses affiliations politiques, pour Keter.

Il demeura au kibboutz jusqu’à ce que lui et sa femme Nily s’installent à Arad, au nord du désert du Néguev. En 1986 en raison de l’asthme de leur fils Daniel.

Plusieurs années plus tard, devenu romancier, il effectue un long voyage en Europe pour retrouver ses racines.

En 1977, il est membre fondateur du mouvement La Paix maintenant, Shalom Arschav, collectif international militant, qui prône le dialogue avec les Palestiniens, et la création d’un État palestinien, même au prix de douloureuses concessions.

Mais il avait commencé à répandre ses idées bien avant... Signataire des accords de Genève, il intervient régulièrement dans la presse internationale. La dernière guerre du Liban en 2006, les dernières évolutions à Gaza, ont mis à mal sa foi utopique en la paix, et désenchanté, il prône plus le divorce que la cohabitation. Il lutte encore avec fougue contre toutes les montées de haine.

En 2006, il revient dans le milieu du livre avec son roman Soudain dans la forêt profonde puis avec un livre caustique se moquant de sa propre stature de grand écrivain, Vie et mort en quatre rimes.

Il vit dans le calme de sa maison en plein désert et dans le tumulte de son appartement du nord de Tel-Aviv, mais sa demeure est dans les livres qui montent de plus en plus haut sur ses étagères.

Pour Amos Oz l’éternité ne peut se concevoir que par bribes, et les bribes d’éternité passent par les livres.

Et passe aussi la tendre nostalgie de son enfance avec les soldats de plomb, les collections de timbres, la petite épicerie, les livres et les livres, le père parlant toutes les langues du monde, la plage, la mélancolie de sa mère, les rues de Jérusalem, les secrets intimes,….

Il pose les écartèlements fondamentaux de l’homme :

Comment allier notre dangereuse nostalgie du feu et la terreur des cendres.

Tout est là entre le désir et la peur. Entre notre envie de dépassement et notre enracinement dans les certitudes. L’utopie permet cette transgression de la condition terrestre, même si elle sans espoir :

Même si nous contemplons, émerveillés, les étoiles du ciel, nous ne pourrons jamais les toucher. Cela ne m’interdit pas de les fixer.

Ce pessimisme actif fait sa force. L’illumination de son œuvre.

Le citoyen

On n’est pas obligé d’être d’accord sur le passé, il faut l’être sur le futur qui ne peut être que commun.

Amos Oz porte la voix du futur et de la paix.

Pour cela il proclame la notion de compromis, qui n’est aucunement reddition, ou humiliation, mais reconnaissance de l’autre et respect de son histoire.

Cette voix de prophète dérange, et souvent l’on préfère l’enfermer dans ses romans, mais on ne peut véritablement aimer ses romans que si on entend sa voix d’homme bon et sincère. Lui l’enfant de Jérusalem connaît le poids de l’espoir et la sculpture des mots. Alors, il parle et il écrit, ne mettant pas sa parole et son avis plus haut que celle de l’humble citoyen israélien, mais renvoyant l’Europe à ses responsabilités et à sa faillite morale qui lui interdise de donner des leçons et de juger. Comme une vieille institutrice victorienne elle ose montrer du doigt les bons ou les méchants.

Amos Oz est un écrivain debout qui ne supporte pas la distorsion du réel et des mots. Alors humblement il devient un peu la conscience du monde juif. Car il a choisi la paix et la vie, le témoignage et l’amour.

Il nous dit obstinément, durablement les mêmes mots : n’attrapons pas la haine !. Amos Oz est un rempart contre la déferlante des résurgences de l’archaïsme : fanatisme religieux et nationaliste.

L’écrivain Amos Oz, avec sa petite voix humaine fait barrage à tous les fondamentalismes.

Au lieu de tenter en vain de nous changer l’un l’autre, pourquoi ne pas nous souvenir quelquefois que personne ne devrait ajouter plus de souffrance à l’angoisse que nous réserve la vie, et la mort ? Que tout au fond, nos secrets sont les mêmes.

Dans cette affaire, il n’y a pas de bons et de méchants, comme les Européens aiment le croire. Ce n’est pas un western, pas un combat entre le bien et le mal. C’est une vraie tragédie, c’est-à-dire un conflit entre deux revendications puissantes, convaincantes et valables, entre le juste et le juste.

Il a longuement réfléchi à l’histoire et arrive à la conclusion de la partition, car : J’ai fait des articles et des essais dans lesquels j’ai appelé à un compromis qui ne soit fondé ni sur les principes ni même sur la justice entre Juifs israéliens et Arabes palestiniens, parce que j’ai vu que celui qui recherche l’absolu et la justice totale s’expose à la mort.

Il combat ces maladies ancestrales, cette animalité archaïque, que sont la haine et le fanatisme. Il a donc encore fort à faire.

Réduire les positions d’Amos Oz au tragique conflit israélo-palestinien c’est oublier son rapport douloureux avec l’Europe, paradis perdu de sa famille modelé d’idéalisme des lumières. Et ces lumières donneront la suie noire des massacres juifs. Cet amour fou et trahi pour l’Europe forme la trame de quelques-uns de ses livres (Toucher l’eau, toucher le vent) mais aussi de sa pensée :

Il y a soixante-dix ans, les murs d’Europe étaient couverts de graffitis : « Les Juifs en Palestine ! » Aujourd’hui, on lit : « Les Juifs hors de Palestine !

Cette atroce ironie de l’histoire est au cœur de ses livres. Il porte encore en lui sa colère contre l’Europe donneuse de leçon malgré son histoire sanglante :L’Europe a versé plus de sang innocent que tous les autres continents réunis. Il lui a fallu un millénaire pour faire la paix. Notre guerre sera moins longue. Si j’étais un Européen, je serais plus humble.

Depuis des années, il est la conscience, bien qu’il déteste ce mot, à la fois morale et politique, et la voix citoyenne du mouvement pour la paix. Engagé depuis trente ans dans le camp de la paix, partie prenante de l’initiative de Genève à laquelle il a apporté sa contribution, Amos Oz incarne les contradictions qui animent une part croissante de la société israélienne. Il est l’espoir de la fin du cycle tragique de l’histoire. On lui reproche de façon véhémente sa naïveté, certes, mais quel souffle de vie, quel amour de l’autre et des autres dans tout son œuvre ! Ouvert au monde par toutes les pores de sa conscience, juif laïque jusqu’à l’os, il est une leçon d’humanisme et de tolérance.

Son humour, sa générosité, la richesse de son imaginaire et sa foi inébranlable dans la toute puissance du livre et de la littérature pour sauver le monde, font de ses livres un réceptacle d’amour et de sagesse. Lucidité, clarté, colère souvent, rage parfois, tout cela donne des accents prophétiques à sa parole. Il pose l’ombre de son autorité morale sur tout son pays.

L’écrivain

Il a beau affirmer que : La seule manière de garder un rêve intact est de ne jamais essayer de le réaliser, il n’a pas suivi lui-même ce dicton pessimiste. Il a enluminé par les belles utopies du rêve la vie courante et refusé le tragique de la fin de l’histoire.

Il est un merveilleux conteur, parfois mélancolique, parfois ironique, mais toujours habité par la grâce des mots. Il sait profondément qu’il est l’héritier de cette civilisation anarchiste de la parole qu’est le judaïsme. Et par la beauté de ses livres il continue cette tradition : C’est cela, le judaïsme depuis des millénaires ; c’est cela, Israël : un interminable forum. Tout le monde argumente, chacun a une meilleure idée que son voisin, à commencer par moi. Pour moi, faire partie de cette civilisation, ce n’est pas avoir été poussé de force dans un bunker. C’est un choix. Un choix difficile, qui coûte cher. Mais c’est un beau choix, et j’en suis heureux.

Il est un enfant des mots et un porteur de paroles et de fraternité. Mais plus que l’homme admirable, il faut rendre hommage à ce créateur de rêves et d’amour par ses seuls livres. Merveilleux ouvrier de la langue, artisan de génie des sentiments, il a bâti un œuvre tendre et ironique, onirique et profonde.

Sa faculté à savoir se mettre dans la peau de l’autre, son empathie universelle, en font cet écrivain considérable, un grand témoin de notre monde.

La langue, c’est mon outil. Je suis un ouvrier, je travaille les mots, comme les menuisiers le bois. Tous les jours, je les renifle, je les essaie, les change, je joue avec eux. J’estime avoir une certaine responsabilité à l’égard des mots. Déshumaniser la langue, la corrompre, traiter quelqu’un de parasite ou d’insecte, c’est toujours la première étape avant la tuerie. Alors, dès que j’entends un langage déshumanisé, je crie. Je ne peux rien faire d’autre : crier. J’ai toujours aussi cherché à me mettre dans la peau des autres : « Comment cela fait-il d’être lui ? D’être elle ? » Que ce soit un Arabe palestinien ou un colon juif de Cisjordanie. Imaginer l’autre, cela ne veut pas dire l’aimer ni être d’accord avec lui.

Grand maître des formes, passant des romans épistolaires (La boîte noire, Seule la mer) aux grandes sagas familiales ou à l’intime, de l’épopée à la confidence, Amos Oz offre une chose rare : la fraternité par l‘écriture. Il sait faire du réel le plus humble un acte poétique. Il sait se faire homme-miroir pour retranscrire les vibrations et les fantasmes de son temps. Méticuleux, perfectionniste, il cisèle et recisèle chacun de ses mots.

Des milliers de fois il s’est posé lucidement la question de la création littéraire que reprend son héros de Vie et mort en quatre rimes : « Pour quelles raisons écrivez-vous ? Et pourquoi de cette manière ? Quel rôle vos récits jouent-ils ? […] Quel effet cela vous fait-il d’être célèbre ? ». Il passe sa vie à essayer d’y répondre honnêtement en racontant ses histoires qui deviennent l’intime de tous. Donc l’écrivain se sépare du politique pour dans une langue ciselée que la traduction rend vaille que vaille nous restituer une histoire personnelle et qui nous appartient.

Lorsque j’écris, j’ai deux stylos. Un bleu et un noir. L’un pour écrire des articles disant que le gouvernement doit aller en enfer, l’autre pour la littérature (je ne vous dirai pas lequel écrit quoi). Deux stylos pour, justement, me rappeler que politique et littérature sont deux choses différentes. Donc, deux musiques différentes.

Témoin et porteur de la tragédie humaine, de la stupidité humaine aussi avec ses fanatismes, il écrit maintenant depuis plus de cinquante ans, contemplant les hommes et les poissons de son aquarium, et toujours la voix de ses personnages lui parle et nous parvient. Son écriture est comme la mer, quelque chose de tendre, quelque chose de pénétrant et de lointain...

Une histoire d’amour et de ténèbres et Seule la mer sont deux très hauts chefs-d’œuvre qui font aimer la vie et qui redonnent autant de nouvelles chances d’éternité…

Bat Yam se peuplera de nouveaux venus qui à leur tour dans la solitude de la nuit se demanderont parfois ce que la lune fait à la mer et à quoi se résume le silence. Ils n’auront pas davantage de réponses. Tout ceci ne tient à peu ou prou qu’à un fil… le silence se résume au silence…(Seule la mer).

Amos Oz semble chercher dans ce tumulte du monde, dans ce silence, l’unisson, la réconciliation, une sorte de pardon par l’écriture.

Juste des mots pour cela, les voix dissociées, l’espoir, l’amour, la vie, le hasard, le désir, les secrets de l’intime, l’errance, les non-aveux, l’humilité, la mort la consolation, la solitude, l’attente, le pardon...

Seule la mer est encore là qui de bleue est devenue grise elle aussi. N’y crois pas petit. Ou plutôt si. Crois-le. Qu’importe...Tous les fleuves vont à la mer, et la mer est silence, silence, silence. Il est dix heures du soir. Des chiens aboient. Reprends ton stylo (…) » (Seule la mer).

Ainsi écrit Amos Oz, l’amoureux de Tchekhov, et sa musique ne nous quitte plus.

Avec l’expérience, je suis devenu un homme de compromis. Pour moi, le mot compromis signifie la vie. Son contraire n’est ni l’intégrité ni l’idéalisme. C’est le fanatisme et la mort.

Merci Amos Oz, merci pour tout !

Gil Pressnitzer

Bibliographie

Romans

Là où hurlent les chacals, 1965

Ailleurs peut-être, 1966

Mon Michaël, 1968

Jusqu’à la mort, 1971

Toucher l’eau, toucher le vent, 1973

La colline du mauvais conseil, 1976

Soumchi, livre pour enfant, 1977

Sous cette lumière flamboyante, 1978

Une paix parfaite, 1982

Dans la terre d’Israël, 1983

Les voix d’Israël, 1983

Mon vélo et autres aventures, jeunesse, Stock, 1986

La boîte noire, 1987

Connaître une femme, 1989

Fima, 1991

Ne dis pas la nuit, 1994

La troisième sphère

Ne dis pas la nuit, 1994

Les deux morts de ma grand-mère et autres essais, 1995

Une panthère dans la cave, 1995

Un juste repos, 1996

Seule la mer, 2002

Une histoire d’amour et de ténèbres, roman autobiographique, 2003

Soudain dans la forêt profonde, 2005

Vie et mort en quatre rimes, 2008

Essais

Aidez-nous à divorcer ! - Israël Palestine, deux États maintenan t, Gallimard, 2004

Comment guérir un fanatique, Gallimard, 2006

Le conjuré de la tribu, en polonais, 2004

Tous nos espoirs

Dans la terre d’Israë l, 1983

L’histoire commence, essai sur la littérature, 1996