André Frénaud

Entre extase et perdition

notes d’Alain Suied

Extase et perdition : André Frénaud. Ce poète veut rendre compte symboliquement de la réalité en acte. Humble tâche, pour un « lent courage naïf » ? Non, combat contre l’Impossible, contre un ennemi inconnu et fuyant, contre soi-même : la réalité, justement, c’est l’insaisissable ! Être et désir nous échappent sans fin. C’est en vain que le poème tente de reconstituer le miracle multiforme et informulable de l’existence.

« Si le sommeil est défaut de la réalité, il la manque à la façon d’un enfant que la vie contrarie… »

Défaut, manque : la réalité ne paraîtrait-elle dans le poème qu’à ce prix – l’absence même ?

Et si elle n’était pas « l’universelle, ô l’unique lumière » ?

Alchimiste du vivant, le poète voit « la mort…depuis l’origine », la fusion des contraires, le jeu de miroirs du réel et de l’imaginaire. Perpétuel devenir, la « réalité en acte » nous emporte dans son fleuve insituable ; nous ne sommes qu’un moment, qu’un courant, qu’une goutte d’eau dans « l’impatiente énergie que le dormeur capte sur son miroir ». La médiation du Symbolique nous rapproche de son reflet, nous interdit son accès ; l’extase est toujours « manquée ».

La poésie sait que l’objet est imaginaire, inaccessible ; mais elle ose se fonder sur cette illusion.

« Chacun sera lui-même quand il deviendra l’autre ».

De même la conscience du réel, de sa teneur, de son mystère, viendra de son jeu d’enfant, de son jeu de cache-cache avec la « totalité en marche ». Fusion, confusion des contraires, la poésie est perdition de notre « moi » (une « entrave ») pour retrouver « l’universelle dissonance instigatrice ».

Entre extase et perdition, André Frénaud recherche une « origine », la « première médiation », « origine de l’œuf » ou de l’être, la « mère ». Mais cette « Sorcière de Rome », cette trace du passé, nul n’y retourne, « nul ne s’égare ». Même si « adossé à sa mère/Jésus en croix. La Nuit/se retourne, ils se confondent. » Ce « seul Adam androgyne » est une exception mythique. Le feu de l’origine nous brûlerait, mi-Prométhée, mi-Empédocle. « Depuis toujours déjà » présente, l’origine nous précède et nous suivra. « L’alchimie du verbe » est hantée par ce terrible et quotidien secret :

« Par l’acte même où il opère

l’unité du tout, l’or

le feu culminant

s’évanouit…l’univers »

Hors du Symbolique, nous n’appréhendons rien.

Prisonniers du Symbolique, nous n’atteignons jamais ce « grand Esprit qui va s’ouvrir », l’Unique », la « réalité en acte ».

Alain SUIED
(Texte paru dans la Maison de Namur)

P.S: Alain Suied avait consacré un bref essai : André Frénaud, poète ontologique chez Dominique Bedou avec en couverture un "griffonnage" de Dylan Thomas et des textes inédits plus tard regroupés dans « Nul ne s’égare », avec un poème « Sans trouver personne » à lui dédié. Frénaud « lançait des signes » à Alain Suied sur la route de la poésie. Alain Suied l’avait rencontré dans son lycée à 15 ans où Frénaud était venu avec Guillevic et Follain. Frénaud plus tard lui envoya cette dédicace: « Au poète Alain Suied, pour saluer les premières déboulées ». Leur amitié résista à la diffamation et Frénaud eut cette parole envers le philosophe chrétien qui tentait de les séparer: « Alain est un poète, pas vous ! »

Frénaud, l’homme qui s’interroge jusqu’à l’indicible

Je dénonce ma vie et j’y reste

par désarroi ou par malice,

par vaillance et par sot plaisir. (Frénaud)

Pour vous parler de ce discret poète, une des grandes voix de notre temps, autant citer d’abord quelques hommages qui situent la parole de Frénaud à sa hauteur, celle de l’ardoise et du ciel:

L’ardoise noire de l’origine :

Adieu à André Frénaud par Alain Suied

À la fin, il faut laisser gagner l’ennemi

qui avait pris votre place, qui avait noyé

votre regard, qui semblait si familier.

Tous les chiffres ont fait un zéro pur.

À la fin, il faut laisser gagner la lumière :

le feu blanc du réel, la flamme atroce

de la destruction, le rouge brasier solaire.

Sur l’ardoise du néant, il y a un visage.

C’est le visage de tous nos rêves.

C’est l’héritage amer de l’absence.

C’est la souffrance sans voix de l’enfance.

Sur l’ardoise du néant, il y un visage.

Il a fini sa course, le chasseur - et quand il a visé

la proie, c’est son visage qui se lisait - comme un livre

son propre visage oublié dans les restes du dernier repas.

In La revue improbable N°27, juin-juillet 2003.

À celui qui était « La négation exigeante » (Marie-Claire Bancquart), qui se supportait si mal, il faut ouvrir une clairière dans nos mémoires. Il faut défricher pour lui un espace habitable à cet homme paradoxal, soutenu par aucune chapelle, ni école, ni légendes. Et pourtant ami des oiseaux et des saints, des peintres et des femmes.

Il était toujours sur la ligne d’horizon où tout bascule, écartelé entre ses adhésions et ses refus, ses ouvertures et ses retraits.

À celui qui a fait graver sur sa tombe la profession de foi, suivante :

Où est mon pays ? C’est dans le poème.

Il n’est pas d’autre lieu où je veux reposer. (Il n’y a pas de paradis), il faut tenir compagnie en lisant à voix haute ses mots comme vent qui passe.
La suite du poème dit :
« Tombeau vivifié par le flux des sèves, ma vie morte y chante à voix toujours fraîche. Prends-le dans ta voix tu entendras crier l’univers qui violemment y construisit un nid et s’enfuit le tumulte ».
En lisant Frénaud on entend crier l’univers, mais aussi le vent dans les voiles.

Lui l’homme de tant de foi et d’apostasie, il lui sera donné de mourir au cœur du temps des moissons, pendant l’été 1993, mais loin de sa chère Bourgogne, enclos dans son appartement parisien, mais où poussaient les blés dans sa tête.

Maintenant il demeure dans le petit cimetière de Bussy-le-Grand en Bourgogne, et coquelicots et bleuets poussent sur lui, aussi l’herbe folle de la poésie qu’il a planté en nous.

« Nous demandons peu... La rumeur dont nous cherchions l’origine depuis le départ, voici qu’il nous arrive d’en surprendre un écho qui nous comble... » André Frénaud.

Homme contradictoire, car poète il se sera mis en route : « Le poète est cet homme contradictoire, ce visiteur inacceptable et inaccepté, dont le sort consiste à appeler sans attendre de réponses, à marcher sans apercevoir de but. Il n’y a pas de paradis : le terme du chemin, c’est le chemin lui-même. »,(Bernard Pingaud préface à l’édition de Il n’y a pas de paradis, Poésie-Gallimard)

Il aura si peu demandé que face aux autres voix tonitruantes de ses contemporains poètes, il ne fait pas plus de bruit que le clair ruisseau. Mais lui coule encore, et toujours il aura cherché sa source. La lumière de ses poèmes venait du sol et de ses colères. Et par-dessus ses violents sarcasmes, sa profonde dérision, monte une lumière de bienveillance.

Marie-Claire Bancquart, qui a tant fait pour sa mémoire, explique ainsi l’oubli actuel de Frénaud :

« André Frénaud est un des plus grands poètes français de la seconde moitié du vingtième siècle…. Le paradoxe est qu’elle ne soit jusqu’à présent pas aussi répandue que celle d’un René Char ou d’un Henri Michaux, mais c’est à vrai dire un paradoxe apparent. D’abord, André Frénaud n’a fait partie d’aucune organisation confessionnelle ou politique. Il y fut réfractaire dans tous les sens du terme. Détaché du catholicisme de sa jeunesse, il fut aussi l’un des rares à s’aviser très tôt des dangers du communisme stalinien, au moment où tant d’intellectuels français avaient été tentés par lui. … Frénaud ne fit non plus partie d’aucune école constituée…. ; Il s’offre donc au lecteur dans une certaine solitude, et dans une tension personnelle qui contribue à le rendre singulier, d’un premier contact non dénué d’âpreté. » (Présentation des travaux du Colloque de Cerisy 15-21 août 2000).

Cet agnostique contemplait la Sainte Face de la métaphysique et ne cherchait aucunement le salut mais la quête, ce résistant refusait l’embrigadement. Il ne se supportait point (« Je me suis inacceptable »), mais respectait la grandeur de l’homme face au néant. Et il a su dire le Pays retrouvé en dépassant les doutes : « J’ai nourri le poème avec la vie qui s’écroulait dès l’origine ». Roi mage qui ne célébrait que le chemin lui-même.

Entre « extase et perdition », comme le dit si profondément Alain Suied dans l’essai cité, André Frénaud va osciller entre le charnel et le rien absolu. Entre la douceur dorée de La Bourgogne et ses haies qui retiennent le soleil couchant, et la rugosité de la lucidité de la vie.

« Ces mains blanches de la lumière » il veut s’y dissoudre, mais sans illusions. Son cri rageur et nihiliste « Il n’y a pas de paradis ! », était souffrance et non triomphe philosophique. André Frénaud est un homme qui s’interroge, jusqu’à l’indicible.

« Le poète est un homme qui s’interroge et qui interroge l’Homme à travers lui. Ce qu’il dit vaut pour lui, mais vaut pour l’Homme aussi... Pourquoi sommes-nous ici en tant qu’existants, dans ce plein de contradictions, en fin de compte malheureux et happés par la Mort ? Le poète articule des objets à travers lesquels il essaye de rendre compte de cette profonde douleur fondamentale et en même temps de l’appel vers un Illimité inconcevable. Cet Indicible, il en dit tout de même quelque chose, il en donne des équivalents à travers un mouvement d’images. C’est comme ça qu’il construit son objet ». (André Frénaud entretien avec Ratimir Pavlovic)

Traces d’André Frénaud

Sa biographie il la voulait comme lui impalpable, insaisissable, aussi seules ces quelques lignes :

André Frénaud est né le 26 juillet 1907 à Montceau-Les-Mines, "ville exécrée dès l’enfance". André Frénaud fait des études de philosophie et de droit à Paris. Lecteur de français, par volonté d’exil, à l’Université de Lwów, en Pologne, en 1930, fonctionnaire de l’administration au ministère des transports en 1937, (il le restera jusqu’en à 1967), il est mobilisé en 1939 et fait prisonnier. Il passe deux ans en captivité dans le Brandebourg et regagne la France grâce à de faux papiers. Il publie sous le nom de « Benjamin Phelisse", des poèmes aux éditions clandestines organisées par Paul Éluard, qui sera son ami. En 1971, il épouse Monique Mathieu qui exerce le métier de relieur. Tous deux s’installent à Bussy-le-Grand en Bourgogne. Là s’édifie « l’idéale maison ».

Il reçoit en 1985 le Grand Prix national de Poésie. En 1987 il est le poète invité au festival d’Avignon.

Il est mort le 21 juin 1993, rue de Bourgogne, à Paris, lui le bourguignon.

André Frénaud n’est pas que le tendre poète parfois cité comme pour l’apprivoiser, par des textes lumineux. Il fut un grand imprécateur, une voix de tonnerre et d’éclairs au milieu des bonnes convenances poétiques et humaines. Violent, avec l’horreur des tièdes, nous rappelant sans cesse que « la mort nous travaille, jusque dans nos sourires ».

Homme d’intégrité, chercheur de vérité, pour lui le poème était le scalpel vers la recherche de l’être, sans illusion aucune. Il avait les accents de la révolte et le courage de dénoncer les lâchetés et les trahisons : celle de Dieu par ses fidèles, celle des hommes dans les révolutions. Malgré « les difficultés de l’espérance » il croit en la force du poème même s’il connaît les limites de ce « murmure misérable », mais cela sera toujours un caillou dans la fronde contre les Goliath :

"La poésie c’est l’exigence de la liberté même et de la fierté alertée, lyrique, éveillée... Elle aide à vivre et elle s’adresse à ce qu’il y a de meilleur dans les hommes. C’est la raison pour laquelle je pense que le poète doit s’efforcer d’être digne de sa poésie, et dans sa vie même s’efforcer d’être conforme à une image de l’homme que sa poésie donne, image souvent supérieure à l’homme qu’il est". ( André Frénaud entretien avec Ratimir Pavlovic).

Mais il y a aussi la reconnaissance de son impuissance:

" Je m’acharne à parler au monde qui se renverse... Je passe et je repasse, assurant ma faction. Je balbutie – poète ».

En 1938 il sut dire ceci à l’Allemagne :

Es-tu ma mère encore lorsque tu fouailles

l’homme à la rouelle jaune ? Ô Allemagne,

tu t’es tournée contre toi lorsque tu l’imputais/ton ennemi (La sainte Face). Rare cri en son temps de solidarité envers les juifs et je ne peux oublier les quatre poèmes « La nourriture du bourreau », écrits en 1945 sous le choc de la révélation des camps nazis.

Un texte, cité par Jean-Luc Despax, est révélateur :

Je ne peux entendre la musique de l’être.

Je n’ai reçu le pouvoir de l’imaginer.

Mon amour s’alimente à un non-amour.

Je n’avance qu’attisé par son refus.

Il m’emporte dans ses grands bras de rien.

Son silence me sépare de ma vie.

Être sereinement brûlant que j’assiège.

Quand enfin je vais l’atteindre dans les yeux,

sa flamme a déjà creusé les miens, m’a fait cendres.

Qu’importe après, le murmure misérable du poème.

C’est néant cela, non le paradis.

André Frénaud a bâti « petits monuments verbaux ». Ils se dressent encore, fraternels adossés à l’indicible et à la fascination de la traversée du vivre.

Il aura « avancé aussi vite que l’étoile ». Et il continue sa longue marche et « nul ne s’égare ».

« Mais quel tremblement dans vos voix sera-t-il/demeuré de ma voix qui avait parlé pour vous ? » se demande André Frénaud. Beaucoup, oui beaucoup.

Et en conclusion cet hommage : « Pour André Frénaud » par Luan Starova :

« Pour toi tout visage était une étoile dans la galaxie de l’humain. Les lignes de chaque visage trahissaient l’écriture d’une langue inconnue qui ne s’apprend pas ni ne se transmet...

Chaque visage creusait un chemin vers les racines du destin. Ton regard infaillible nous montrait sur quel visage des peuples s’étaient affrontés, des injustices s’étaient gravées, sur quel autre des religions s’étaient croisées, des passions, surmontées, des proches s’étaient trahis... »

Struga, août, 1971

Se taire après cela et lire Frénaud.

«Comme si la mort savait conclure

Comme si la vie pouvait gagner. » (Il n’y a pas de paradis)

Gil Pressnitzer

Choix de textes

Extraits du recueil Il n’y a pas de paradis, Poésie/Gallimard 1967

Je dénonce ma vie et j’y reste

par désarroi ou par malice,

par vaillance et par sot plaisir.

Je me déjuge et me dénude.

Je me déborde, inachevé.

Je me dénombre, impossible.

Je ne sais plus ce que je cherche,

poursuivant sans avancer

une ascension parmi la terre

jusqu’à la source incertaine,

par le désert et les orages,

parmi les feux et les nuées,

sans renfort, sans reprendre haleine,

d’une dérive à l’autre dérive

et toujours dans l’angle inscrit.

Un jour peut-être, de l’autre côté,

je pourrais m’élever sans encombre

parmi les mains blanches de la lumière.

Épitaphe

(Premier poème, septembre 1938)

Quand je remettrai mon ardoise au néant

un de ces prochains jours

il ne me ricanera pas à la gueule

mes chiffres ne sont pas faux

ils font un zéro pur.

Viens mon fils dira-t-il de ses dents froides

dans le sein dont tu es digne.

Je m’étendrai dans sa douceur.

Épitaphe

Lorsque je serai mort, avec de la poussière

sur les buis - et les chiens joueront avec les enfants,

personne n’est en faute - le soleil

luira dans l’étang pour se délasser,

au matin sur les plates-bandes une buée perle ;

emmêlé avec les plantes je croîtrai parmi elles,

éparpillé avec les graines, délivré.

Tout sera en ordre, ni plus ni moins. La nature

brouille les pistes, poursuit ses jeux, elle rit.

Bienveillante avec d’autres, il le faut croire,

jusqu’à les lâcher quand il lui plaît.

Mais quel tremblement dans vos voix sera-t-il

demeuré,

de ma voix qui avait parlé pour vous ?

Comme si quoi

Comme si la mort savait conclure.

Comme si la vie pouvait gagner.

Comme si la fierté était la réplique.

Comme si l’amour était en renfort.

Comme si l’échec était une épreuve.

Comme si la chance était un aveu.

Comme si l’aubépine était un présage.

Comme si les dieux nous avaient aimés.

Il n’y a pas de paradis

à Dylan Thomas

Je ne peux entendre la musique de l’être.

Je n’ai reçu le pouvoir de l’imaginer.

Mon amour s’alimente à un non-amour.

Je n’avance qu’attisé par son refus.

II m’emporte dans ses grands bras de rien.

Son silence me sépare de ma vie.

Être sereinement brûlant que j’assiège.

Quand enfin je vais l’atteindre dans les yeux,

sa flamme a déjà creusé les miens, m’a fait cendres.

Qu’importe après, le murmure misérable du poème.

C’est néant cela, non le paradis.

Pauvres petits enfants

Pauvre petit enfant, le chien boitait... Qui l’avait

fait qui tremble, qui tremblait, la babine posée drôlement sur la terre mouillée, qui regardait...

Les enfants cruels l’ont tapé, le chien enfant ; l’ont fait

couchant, les yeux salis sur la terre blessée, il pleut...

N’osant pas oser plus qu’avoir peur et tressaillir, ne

sachant pas oser répondre à ma tendresse qui l’appelait

- qui avait besoin tellement d’un regard confiant

et ami, ô chien enfant ! O ne pouvant pas - jamais

savoir, au-delà de souffrir, aimer et jouer... O injuste

misère de l’enfant qui tremble et qui jamais ne pourra

savoir protester et vivre-rire.., et qui a peur et qui

poursuit, les yeux blessés, enfant ou chien et homme,

sans rémission, ô malheur et malheur et larmes sans

rémission de la souffrance éternellement innocente.

27 mai 1951

Une fumée

La vie se rassemble à chaque instant

comme une fumée sur le toit.

Comme le soleil s’en va des vallées

comme un cheval à larges pas,

la vie s’en va.

O mon désastre, mon beau désastre,

ma vie, tu m’as trop épargné.

Il fallait te défaire au matin

comme un peu d’eau ravie au ciel,

comme un souffle d’air est heureux

dans le vol bavard des hirondelles.

Rite de passage

Du ciel vient le son d’une rose qui s’entrouvre.

J’étouffe horriblement… Des vols d’ange.

En fermant les paupières, j’aperçois

plein de personnes dans la chambre,

qui marmottent qui marmottent

sans me perdre des yeux.

On aura prononcé les paroles qu’il faut,

les vieilles femmes et le prêtre. Des enfants chuchotent

parce qu’une hirondelle joue entre les piliers.

Tout le monde sera là, de la commune et ses écarts,

hormis le voisin, ce vieux chien qui sera damné,

mais je lui pardonne.

Bibliographie

• Les Rois-mages, Coll. Poésie/Gallimard, 1987.

• Il n’y a pas de paradis, Poésie/Gallimard, 1967.

• La Sainte Face, Poésie/Gallimard, 1985.

• Depuis toujours déjà, Gallimard, 1970.

• La Sorcière de Rome suivi de Depuis toujours déjà, Poésie/Gallimard, 1984.

• Haeres, Gallimard, 1982.

• Nul ne s’égare suivi de La vie comme elle tourne et par exemple et de Comme un serpent remonte les rivières, Gallimard, 1986.

• Gloses à la sorcière, Texte établi et présenté par Bernard Pingaud, Gallimard, 1995.

Texte sur l’expérience poétique :

• Notre inhabileté fatale, Entretiens avec Bernard Pingaud, Paris, Gallimard, 1979.