Colette Gibelin
Un chant de volupté dans le ruissellement du rien
Présentation par Henri denis
Paroles de Colette Gibelin :
Le jour viendra la nuit aussi J’ai peur, tout à coup, de ce qui gronde en moi comme un chacal en proie au mal de faim. j’ai peur de toutes mes faims de vivre, inassouvies et prêtes à me dévorer. Je suis la proie de ma propre faim. Je meurs de ce manque immense de l’univers: non désir, non échange, non transparence. Je meurs de froid dans le négatif du soleil.
Il y a pourtant, quelque part, des embrasements, des mots vibrants comme des violons, et des sources où boire à longs traits la lumière.
La pierre, comme nous, résiste, s’use, s’effrite et meurt. Elle est notre miroir. Elle porte nos désirs, et nos peurs aussi, d’immobilité, de densité, de pureté. Elle nous interroge sur des valeurs fondamentales, le lourd et le léger, le dur et le liquide, l’indifférence et le frémissement, la vie est la mort. Ces textes tentent d’explorer quelques-unes des correspondances entre le monde minéral et le monde humain, entre le rocher souffrant et l’homme qui cherche vainement à bâtir des murailles contre la douleur et l’Émotion, et qui les revendique pourtant.
Colette Gibelin par Henri Denis
Les poèmes du dernier recueil de Colette Gibelin, « Un si Long Parcours », paru en 2007 aux éditions de l’Harmattan, semblent donner la parole à chacune des personnes de notre manière d’être : et l’on passe ainsi du Je au Il ou à Elle et au Tu, du singulier au pluriel, sans qu’on sache jamais (ni qu’on ait envie de savoir) où l’on en est. Car on pressent, surtout dans la mi-voix de la lecture, que le recueil tout entier (dont le titre évoque l’impossible retour sur soi) est ce glissement immobile qui, de condensations en déplacements, efface le temps et l’espace, nos repères, pour se situer dans l’intense.
Tous les recueils qui ont précédé « Un si Long Parcours » - et, ce depuis un demi siècle, même si celui-ci est coupé par deux longues pauses) – chantent l’exultation/exaltation de l’intense. « Éblouissement d’exister » « au cœur brûlant du monde » « J’avais le regard des jours/où les larmes remontent vers leur source/pour mieux capter/la lumière du monde » « Grise/l’inquiétude des tourterelles/éveille/le tremblement argenté de la mer » » Qu’y a-t-il au-delà du réel/sinon l’aurore/aux doigts de tulipe ? » « Brûlée comme un iris sauvage/qui se balance dans le vent/Je veux vivre et souffrir/au souffle du vertige » « Oh atteindre la pulpe/et déchiffrer le souffle ! » « Mon chant est volupté pure/ruissellement du rien ».
Comme au hasard des livres, les citations se présentent et suggèrent un poème que Colette Gibelin n’a jamais écrit. Elle ne l’a jamais écrit car il demeure sur ce qu’ Yves Bonnefoy a appelé « l’envers disloqué des mots » et tout poème écrit bascule irrémédiablement sur l’endroit loquace de la parole. Le drame de l’écriture poétique c’est justement d’essayer de changer de versant sans perdre le sens naissant. Et c’est une empoignade permanente qui est au cœur même de la véhémence du poète. Et quand elle n’y parvient pas (et elle n’y parvient jamais puisqu’il est de notre mode d’être de n’y parvenir jamais), elle enrage : « Énergie noire/Une lumière insurgée ravive la conscience ». Elle s’encolère. Ses mots frémissent et pas seulement dans leurs significations (qui permettent au commentateur de les citer par bribes) mais aussi et surtout dans leur matérialité même, dans l’intensité avec laquelle le signifié est disloqué par le signifiant, l’alexandrin classique (inné en Colette Gibelin) par les « e » muets, les diphtongues et la hache des consonnes, l’envol par la chute, l’alouette par le chacal.
Quand je lis un poème de Colette Gibelin, je ne sais jamais si je dois rester à l’écoute de sa musique (qui fait alterner la maîtrise de la phrase longue à l’ample respiration et les éclats et les brèches de cellules courtes, prises « dans le vif du feu ») ou attacher l’attention sur la matière phonique des mots. Mais, ne pas le savoir fait partie de la lecture et prépare l’empathie grâce à laquelle le lecteur est atteint par la véhémence du poète. Lui aussi comme elle, soumis aux « lances d’acier de l’instant », s’extasie et s’insurge : ayant entrevu une fulgurance il en est ébloui, mais sachant qu’elle n’est que fulgurance, il s’insurge contre la malédiction qui la lui fait perdre.
Et reviennent alors, dans un lyrisme revendiqué, ces « fluctuations » qui donne son titre au recueil que Colette Gibelin vient de publier (cette fois dans « Le Poémier de Plein Vent » par les Amis de la Poésie, à Bergerac) en même temps que « Un si Long Parcours ». Ouvrant et fermant les yeux, les poings, les portes, les fenêtres, le cœur, les livres, l’esprit, à la fois Icare et Sisyphe, ce long poème alterne des contradictoires qui semblent alors – et c’est relativement nouveau chez elle – enfin acceptés comme tels, ayant enfin perdu leurs déchirures et laissant enfin le poète accepter l’ouverture de la parole : « Ouvre la vie/un grand vide à remplir/qu’on ne remplira pas/mais qui sera, quoi qu’il arrive/remuante splendeur »
Peut-être s’agit-il là plutôt d’une espérance, mais elle accompagne depuis toujours l’œuvre de Colette Gibelin, même si ce fut souvent sur le mode du refus par crainte et suspicion contre la fausse semblance. « Envole-toi Sisyphe ! » Quelle bouffée d’orgueil et de colère, sans lesquels, soumis aux diktats besogneux des dieux et menacés par la masse rocheuse halée contre l’abrupt, nous pataugerions dans la cendre et l’amertume ! Il me semble que cette exhortation au héros grec contient la présence poétique de Colette Gibelin aussi bien dans sa signification (disons conceptuelle) que dans le matériau par lequel elle s’exprime.
Saxifrages
Une fleur pousse sur la pierre
explose en couleurs triomphantes,
en vibrations de sources.
Faut-il cette fracture pour aviver l’esprit ?
Naître est blessure
et promesse de lumière
Chaque ravine nous ramène à l’eau des origines
Les racines creusent la terre,
franchissent les crevasses
Ce monde fissuré nous offre d’exister.
Henri Denis
Lecture de Souffles et songes
« Vénéneuse beauté du monde » Ainsi se termine le premier poème de « Souffles et Songes ».
Entrons donc par ce biais dans l’univers de Colette Gibelin. Dans cette œuvre déjà importante – et pas seulement parce qu’elle est déjà faite d’une quinzaine d’ouvrages – le monde effectivement est toujours regardé avec éblouissement. Avec éblouissement et angoisse. C’est une constante. Une des nombreuses constantes de ce travail où le changement que l’on perçoit souvent d’une publication à l’autre est toujours le réajustement mineur d’une permanence majeure. Éblouissement et angoisse devant le monde.
Mais déjà on hésite: devant le monde ? ou dans le monde ? et d’hésiter conduit à s’interroger sur ce qu’est le monde dans la poésie (ou avec la poésie ?) de Colette Gibelin...
Dans « Souffles et Songes », la percée de ce que Colette Gibelin nomme « la vie », c’est la flèche portée par le vent, portée et créée par le vent. Avec la terre, avec le feu et l’eau, l’air est ici la forme par le biais de laquelle un monde, ce monde-là, est aperçu par les travers de ce monde-ci qu’il transperce.
Comme la terre, l’eau ou le feu (puisqu’il s’agit d’une seule et même intensité), l’air (le vent, le souffle, la respiration, l’élan, les voiles, les tournesols, un éventail ouvert, fulgurance, battement de cils, cerf-volant…) l’air traverse le quotidien et le dévaste y ouvrant à la fois le trou noir de l’angoisse et l’éblouissement de l’inattendu. Car, finalement (et encore une fois, finalement ne renvoie pas au terme d’un processus mais à l’irruption de l’être dans les leurres) le caractère principal de cette œuvre c’est qu’elle ouvre irrésistiblement au surgissement de la lumière.
L’air lumière libère toutes les musiques
allège les corps
Les douleurs s’évaporent
S’installe une ébriété neuve,
un goût de dissidence
Les gorgées de lumière jaillissent avec le vent et avec elles jaillissent les couleurs
Éclatement des repères/où donc est l’horizon ? le vertige, les fièvres, les effluves et leur ivresse, la clarté.
Cette frénésie bouscule, mais la lumière apaise même si elle nous arrache au calme. Nos songes (très peu nommés dans le recueil, mais toujours présents, y compris par la menace qui les accompagne que tout ceci ne soit que rêve) sont les écoutes qui nous ouvrent à cette lumière. Ils sont aussi la tentation désespérée de relier par des mots les instants de lumière, mais peut-il y avoir poésie si les mots ne perdent pas leur capacité de liant, s’ils ne sont pas contraints de rester ce qu’ils sont initialement, pierres, flammes, eaux perdues et surtout, ici, souffles ?
Porté par d’invisibles souffles,
un poème appelle
un poème crie sa rage d’exister
Il respire et résiste
Dans les épis de blé
les vents de la moisson
murmurent le chant lourd de la maturité
Et c’est rupture, et c’est achèvement
Et c’est rupture et c’est achèvement : le grand écart ! L’âpreté de cette poésie vient aussi de là : qu’il serait bon de pouvoir sans pensées à l’arrière s’abandonner à l’alexandrin des songes et brasser dans un geste vaste ces images de lumière ! mais ce serait perdre et trahir leur origine… Il n’y a que ruptures. Tout se perd.
Tout se crée. Rien ne se transforme, sauf sous faux-semblant. La force de Colette Gibelin c’est parfois d’être si consciente de la fragilité des mots parmi leur inépuisable énergie qu’elle angoisse à passer par eux pour inscrire ses éblouissements. Mais cette frénésie contenue, quelle allégresse souvent elle donne !
Vol plané
Les taureaux blancs de la pleine lune
rêvent sur la campagne
Immersion dans la lumière blanche
L’air est immobile
Suspendus les doutes et les craintes,
les rumeurs de la vie
Le silence seul brame dans la nuit
Instant d’éternité avant le tremblement du jour
Henri Denis
Choix de textes
Choix de poèmes (la plupart parus dans la revue "Multiples" numéro 70 de l’ami Henri Heurtebise)
Et nous voici
encore une fois,
jetés dans les vendanges et bousculés d’azur,
célébrant la beauté du monde
Nous voici menacés
dissous, désarmés,
ivres de soleils imparfaits
Îles folles de la nuit,
Îles éclatées
Nous scintillons dans nos défaites
de toute l’insolence de vivre
Quelles sources en marche
Quel acharnement ?
Mains nues,
abandonnées aux drames, aux blessures,
aux caresses,
j’aime la vie jusqu’au désespoir
Terre insensée,
nous t’invoquons, royale
Et nous voici dans ta poussière,
investis, effrités,
clamant encore la joie d’être mortels.
*******
Si pure
la lumière
éclabousse le monde
M’y fondre
serait vivre
enfin
dans la beauté du rien.
********
Dans le tumulte
de l’incendie
j’écoute le vent fou
qui me parle de mourir
comme s’il s’agissait d’aimer
et de vivre au cœur de l’éclair
dérisoire et triomphant.
********
Est-ce bien nous
ce tremblement fragile du ciel
ce rire évanoui ?
Nous sommes brèches, éclats,
explosions éphémères
Les creux laissés par nos corps
sur la plage
se sont remplis de sable
plus d’une fois
Nos cris ont la fragilité de la craie,
la vitesse du goéland
Nos tendresses sont torturées
Nos mots s’écaillent
Nos rêves n’ont pas toujours le temps
de nous parvenir
Et c’est dans cette incertitude
que nous nous plaisons à vivre.
******
La nuit
Tous ses cyprès tendus
Ses désirs lancinants d’une autre intensité
La nuit qui s’avance à pas de pénombre
ainsi qu’une jument fragile,
transparente
Toute matière transmuée en un souffle de pierre
Sur le sable humide,
la mer est plus défaite encore
que le souvenir
Nul n’y peut rien
Le vent trace dans l’air le geste terrible
du refus
Et soudain,
l’avenir obscur s’ouvre comme une anémone
Nous le devinons difficile
et lumineux.
*******
Désormais je consens que la lumière
soit le souffle pur
qui transfigure toute ruine
et rédime le monde
et que la nuit revienne pourtant
D’un dernier mouvement
j’apaise ma révolte
J’accepte l’instant nu
Geste essentiel,
éclatement solaire
et que mes mots soient des fissures
où la vie se fragmente
Ombres et lumières
Un visage soudain traversé d’émotion
une envolée peut-être
puis la chute
brutale
dans le vide obscur
et nos regards dépossédés que le réel submerge
J’accepte la fracture
puisqu’il le faut
l’effritement,
et la beauté criblée du monde
En un long chant du cygne
je berce mes refus
prunes sauvages
soubresauts renoncés
de la trompeuse éternité
Je consens le partage
et l’équivoque
et les parfums qui s’éparpillent
Je tairai désormais
la fureur
et la soif jamais étanchée
de l’absolu
J’accepte enfin de vivre
mais c’est vieillir,
je sais.
*****
Automne admirable et trompeur
Fête folle des couleurs
Comme si la terre était pétrie de joie et d’or
Les oiseaux s’en vont vers ailleurs
Ils ont bien tort
Le monde est superbe et fragile
Cette beauté qui s’éparpille
me fait un peu peur
Le ciel est un palais de mille fleurs
Il faut aimer chaque seconde
Vivre est miracle provisoire
emporté par le vent
« Envolés, les oiseaux,
portés par la respiration du monde
dans l’étonnement de l’azur
Un grand déferlement de voix pures, là-haut,
Là-haut
Éclats du temps,
rêve mystique
La délivrance est musique et splendeur
On dépasse le chaos
On s’ouvre à d’autres innocences
et nos élans intérieurs
enfin déploient leurs ailes
Envolés, nos désirs,
vers quel inaccessible jardin
où les arbres n’ont pas d’attache
où les plantes chantent la liberté
Jardin aux franges d’infini
ouvert à tous les pollens,
aux saveurs douces-amères des fruits lointains
Dure sera la chute,
si violente que les larmes se tarissent
Les mots sont comme des pierres
blessantes et meurtries
On essaie de franchir la frontière
Mais les barbelés sont en nous
Rivés, figés,
nous ne parvenons plus à prendre notre envol
Et voici qu’à nouveau on s’élève, on renaît
On peut dire le vent
qui nous entraîne au-delà des marais
vers le miracle du soleil
On peut dire la nuit féroce
pour ne pas oublier
le souffle de la bête
la dure loi du monde
Dire l’herbe
pour vivre encore un peu
dans l’éblouissement végétal
Aucune chute, jamais,
n’arrêtera le cycle de l’envol »
***
Le monde.
Comme une brèche ouverte,
Cette respiration
L’air me pénètre,
gonfle les voiles,
m’entraîne vers des horizons fugaces,
et vulnérables
J’ouvre toutes les portes de la chaleur
ou de la nuit
je crisse de sel et de sable.
(Éclats et Brèches.)
***
Quel songe minéral nous habite
et nous ronge
Roches déchirées
évidées
lambeaux déchiquetés du temps
Visage de granit
qui se voudrait cristal
En nous,
cette immobilité
haïe et recherchée…
***
Nuit de Sisyphe,
sans halte, sans recours
Il n’y a pas d’aurore éclatante et fragile
Juste cette fatigue
et l’habitude du naufrage
Mais l’étincelle, la sauvage, la brusque,
nous la portons en nous,
malgré nous,
plus tenace que les désastres
Envole-toi, Sisyphe,
Un feu déjà se prépare
La nuit, la nuit éclatera
comme une graine prête à de nouveaux départs
« Vivante Pierre »
***
L’air m’enveloppe,
me berce
comme l’eau maternelle
douce et sauvage au fond du rêve
Je suis sans nom
Aigle et poisson
dans la tentation du vide et le bouillonnement des choses…
Pierre dissoute
Liquéfiée dans le vent
Le solide n’a plus de base
Plus de mémoire
Éclatement
Pierre torche dans le bouillonnement du monde…
Le poème est un court-circuit
qui porte l’incendie
jusqu’au cœur de nos plus lourds sommeils
Rapt et ravissement
Il fonce, rapace au bec de braise,
sur la vie léthargique…
Colette Gibelin, Souffles et songes, Sac à mots, 2005, in L’Année Poétique 2005, Seghers, 2006, pp. 85-86. Anthologie présentée par Patrice Delbourg et Jean-Luc Maxence.
Inédits
Ce leurre du labyrinthe
Ce goût d’amande amère
Ce rêve de vaisseaux,
désemparés
Ne pleure pas,
ce n’est que vivre
Tant d’énergie,
de songes bleus bâtis en cathédrales
Tant d’envolées,
(que l’espoir est tenace !)
de ferveur et d’insoumission,
pour simplement se maintenir,
extrême,
dans la fragilité de vivre
Bibliographie
Biographie et bibliographie publiées dans la Revue Temporel en septembre 2007
Colette Gibelin, née en 1936, à Casablanca, Maroc
Enfance et adolescence au Maroc
Études supérieures à Paris. École Normale Supérieure
Nommée professeur de Lettres à Fèz en 1961, puis en 1967 à Brignoles,
dans le Var, où elle a pris racines et vit une retraite active.
Recueils de poèmes publiés :
Appel, Debresse
Mémoires sans visages, Chambelland (1967)
De quel cri traversée, Chambelland (1968)
Le paroxysme seul, Chambelland (1972)
Lumières, Telo Martius (1998)
Dure mémoire, Clapàs (1998)
Errants Eldorados, Encres Vives (1998)
Mirages, Clapàs (1999)
Eclats et Brèches, Clapàs (2000)
Vivante Pierre, Cahiers de Poésie Verte (prix Troubadours 2000)
Sinon chanter, Les amis de la poésie (Bergerac 2002)
Comme un chant de fontaine, éd Alain Benoit (2002)
Ce n’est que vivre, éd La Bartavelle (2002)
Bleus et ors, éd Télo Martius (2003)
Le jour viendra, la nuit aussi, Encres Vives (2005)
Souffles et Songes, Sac à mots éditions (2005)
Spécial Colette Gibelin, Encres vives (2006)
Fluctuations, Les amis de la poésie (Bergerac 2007)
Un si long parcours, l’Harmattan (à paraître)
Poèmes publiés dans diverses revues :
Le Pont de l’Épée – Traces – Encres Vives – Poémonde
Poésie 1 – Lieux d’être – Souffles – Poésie première
Vivre en Poésie – Filigranes – Friches – Lou Andreas
Les Hommes sans épaules – 7 à dire - Multiples