Edith Södergran

La voix étrange du pays qui n’est pas

Ma vie, ma mort et mon destin, je vous salue. (Edith Södergran)
… Buvez la chaleur de ma main, ma main a le même sang que le printemps.(le jour s’estompe)
Il est temps, il est plus que temps, de vous parler d’Édith Södergran, voix d’ailleurs des forêts de la Finlande, voix de la neige même. Elle aura vécu dans un poème, comme une bougie vacillante, comme une fenêtre ouverte vers l’ailleurs. Régis Boyer, le grand passeur des mondes scandinaves, l’avait traduite et révélée au public francophone. Puis une belle traduction du Pays qui n’est pas aux éditions de La Différence. Et depuis plus rien du tout.
Quand on lit ses quelques poèmes encore traduits en français, on se demande : qui est là ?Une dame blanche, une apparition, un oiseau qui pépie ?Elle est morte à 31 ans, le soir même de la Saint-Jean, la journée la plus hallucinée, la plus longue nuit blanche du Nord, le 24 juin 1923 dans sa bourgade, Raivola, dans la Carélie sauvage et perdue.
Finlandaise donc, de langue suédoise, elle n’était pas connue de son vivant. Elle n’aura vraiment écrit que moins de sept ans, une courte éternité, et publié que cinq petits livres à compte d’auteur. Maintenant elle est au cœur de toute la Scandinavie. On retient d’elle cette image de fille allongée sur son lit de douleur, pendant les dernières années de sa vie.Malade, elle n’était pas abattue, ni faible. « Moi-même je suis le feu » proclamait-elle. Et elle tutoyait la mort en face.
Celui qui de ses ongles sanglants ne grave passa marque dans le mur du quotidien- en dehors de ça, tout peut périr -n’est pas digne de regarder le soleilÉdith Södergran a marqué les murs des quotidiens et des inattendus. « Je ne suis qu’une immense volonté ». Elle est surtout une lumière venue par-dessus le temps, une voix mystique de la nature et des mystères. Une étrangère à nos pesanteurs terrestres. Elle est une voix du fond des matins de novembre, des éclats de lune sur la mort. Fille de la Carélie et de sa mer qui l’emprisonne, de la lune blanche et de ses secrets, loin des villes, Édith Södergran par-delà sa maladie, sa pauvreté, sa déréliction était un être en quête, en partance. Ses poèmes sont les jalons qui nous restent. Ses poèmes du Pays qui n’est pas trouvent en nous leur territoire.Édith Södergran est bien la dernière fleur de l’automne, celle qui n’a pas peur de l’hiver car l’hiver est déjà en elle.
…Mais moi je fermerai les portes de la mort
Je suis la dernière fleur de l’automne (La dernière fleur de l’automne)

Ma vie, ma mort et mon destin

Ma vie, ma mort et mon destin
Je ne suis rien qu’une immense volonté,une immense volonté
- de quoi, de quoi ?
Autour de moi tout est ténèbres,je ne peux soulever un fétu de paille.Ma volonté ne veut qu’une chose,mais cette chose je ne la connais pas.
Quand éclatera ma volonté, je mourrai :
MA vie, ma mort et mon destin, je vous salue.
(Traduction Carl Gustav Bjurström et Lucie Albertini, éditions Orphée La différence)
Ce poème d’Édith Södergran nous apprend beaucoup sur elle.« Ma vie ne fut qu’une brûlante illusion » dira-t-elle à la fin de sa vie.
Mais cette illusion lui permit de traverser son isolement absolu, sa solitude dense, la guerre tout autour d’elle. Exaltée, mystique sans doute, elle se projetait dans un monde d’harmonie, de ferveur sauvage où bouleaux et sapins, lune et amant imaginé s’entrecroisaient.
Régis Boyer, son traducteur éminent, écrira : « …Qu’est-ce que la vie a apporté à cette mal-aimée trop aimante, hormis le désaccord, la dépossession de soi, le déshéritement ? Édith Södergran, la dépourvue… »
Oiseau sans lumière, toujours dans le retour vers l’enfance, elle a toujours refusé à sa maladie enclose en elle, de la dominer, de l’enchaîner. Jamais elle ne voudra être prisonnière, de la vie, de l’homme, de la mort qui gagnait en elle. « Avec son avenir dans la poitrine », la tuberculose, elle traverse ardente la tristesse, la nostalgie, brave petite combattante, pleine d’espérance. Sa témérité rouge et fière la maintiendra jusqu’à la fin.
Elle, qui aura vécu couchée la fin de sa vie, envoyait ses mots comme mouettes messagères de la vie. Elle en aura connu des « jours malades » dans sa très courte vie, mais elle est restée debout en elle, énergique et combattante. Elle s’était érigé une haute tour de volonté et de solitude. Elle aura connu très tôt l’automne de sa vie.
« La mort fut très vite sa « sœur » siamoise » (Lucie Albertinie).

Elle est née le 4 avril 1892 à Saint-Pétersbourg, capitale à cette époque de l’immense empire russe. Sa famille s’installe en Carélie, maintenant russe. Son horizon sera la bourgade de Raivola, proche de Saint-Pétersbourg. Elle y reviendra en 1914 jusqu’à sa fin.
Son père, Matts, suédois, est ingénieur dans une scierie, et sa mère, Helena, finlandaise, est issue d’une grande famille. Le lien avec sa mère fut très fort, celui avec son père engendra sa méfiance envers les hommes et sa lutte pour le féminisme.
Elle reste dix ans dans son village, près de sa mère, son père étant souvent absent car il parcourt toute l’Europe pour son travail. De langue suédoise sur le tard, elle est scolarisée de 1902 à 1909 à l’école Deutsche Hauptschule, pour filles dans la langue allemande qu’elle fera sienne, écrivant aussi en cette langue. Elle connaissait également le russe, l’anglais, le français et dévorait les poèmes dans toutes les langues. Elle vivra dans la pauvreté et le tragique : deuils personnels, première guerre mondiale, événements de 1905 à Saint-Pétersbourg, guerre civile de 1917-1918, bombardements. Loin des villes, des autres, elle sera enclose, solitaire.
Son existence, dès 16 ans, se passera sous la menace mortelle de la tuberculose qui se déclare en novembre 1908, après un dépistage pulmonaire. Son père était mort en 1907 de la même maladie. Sa vie ne sera plus que séjours au sanatorium (Nummela, Davos…), et éclaircies de quelques rémissions. Sa montagne magique à elle, (Sanatorium de Davos) ne sera pas miraculeuse. Dépouillées de leurs biens par la révolution de 1917, sa mère et elle vivront dans la nécessité. Pauvre, très pauvre, elle pouvait à peine se nourrir. Entre la mort rampante et la misère, elle s’éteint peu à peu. Ses seules joies furent l’amitié de l’écrivain Hagar Olsson (1893-1978), qui plus tard la fera connaître et reconnaître, et son chat qu’elle aimait tant.
Elle meurt épuisée à trente et un ans, le 24 juin 1923. Elle avait cessé d’écrire en 1920, oscillant entre le catholicisme nouvellement découvert et les idées de Nietzsche. Quelques rares poèmes en 1922, puis plus rien. Auparavant ses rares recueils publiés seront très mal reçus. Maintenant sa renommée est essentielle pour la Finlande. Son image de combattante acharnée contre la mort et sa vie dans une extrême pauvreté, en ont fait une légende en Finlande.
De ma vie, je fais un poème, du poème une vie le poème est la manière de vivre, et l’unique manière de mourir. (Eeva-Lisa Manner)
Cette citation d’une autre poétesse finlandaise pourrait être une merveilleuse épitaphe pour Edith Södergran

Les mots d’Edith Södergran

La poésie d’Édith Södergran est surprenante pour son époque. Elle a la force panthéiste de la musique de son contemporain Jean Sibelius ; mais elle, ce ne sont pas les mythes retrouvés du Kalevala qui l’intéressent, ni la refondation d’une patrie, mais les chants de sa solitude.Certains mots résonneront et rimeront toujours dans sa conscience : lune, lac, mort, île, le rouge couleur qui la hante.Sa poésie est comme un lac au fond de la forêt, un lac sombre parfois, étrange toujours.
Il montait d’elle une exaltation, une fièvre, une tension immense vers un monde de beauté, de fusion avec la nature. La réalité autre donnera le tragique de ses poèmes. Pourtant nulle amertume, elle disait qu’elle « avait le même sang que le printemps ». Le désir parcourt aussi ses mots, bien qu’une méfiance certaine envers les hommes soit présente :
Je ne suis pas une femme. Je suis neutre.Je suis un enfant, un page, une résolution hardie,je suis un rai de soleil écarlate qui ritÀ l’exhortation de John Keats : Une chose de beauté est une joie éternelle. (Endymion) elle écrit aussi Sans beauté, l’homme ne vit pas une seconde. et Elle aussi aura senti les fleurs pousser sur elle. Loin de ses contemporains, exilée dans sa maladie et dans son espace, elle dégage un son cristallin, comme des gouttes de pureté, de petites gouttes qui glissent. Sa quête d’amour, Je n’ai qu’un nom pour tout et c’est amour. Attente de l’âme, sa douce et tendre familiarité avec la nature, elle la petite fiancée des sapins et des sorbiers, en fait une personne étrange et attachante. L’amour qu’elle exalte, elle s’en méfiera toujours, affirmant que « ses seuls compagnons furent la forêt, le rivage et le lac ». Elle est proche de l’herbe, à hauteur d’herbe et de rosée. La nappe rouge de son incandescence fait reculer les nuits lugubres.
Marquée par Nietzsche, et la théosophie de Rudolf Steiner, un certain nihilisme affleure en même temps qu’un panthéisme dionysiaque et un sentiment tragique de l’existence :
Ne t’inquiète pas mon enfant, il n’y a rien
tout est comme tu vois : la forêt, la fumée, la fuite des rails…
Sur le tard cet étrange syncrétisme se transforme en catholicisme.
Sa poésie pourrait être à la confluence de bien des courants mais c’est des poètes allemands comme Lou Andreas Salomé, Rilke, Else Lasker-Schüler, qu’elle se rapproche. Les influences de Rimbaud pour la force poétique, de Walt Whitman pour l’exaltation des forces primitives et du moi, du grand Alexandre Blok peut-être, apparaissent également. Mais sa maladie la replonge dans ses origines et elle revient au suédois, dévorant quantité de poèmes et écrivant désormais dans « sa langue natale ».
D’abord élégiaque, sa poésie devient une préparation à la mort, qui s’annonce par la tuberculose qui commence à creuser en elle. Elle luttera 14 ans, partagée entre espoir de guérison et abandon à la mort. Elle sera comme une bougie, consciente, qui s’éteint. Elle incarne la fragilité et aussi une force d’âme incroyable. Elle aura en fait découvert seule, par illumination et fraîche naïveté, la poésie. Fruit de toutes ses lectures en vrac, en toutes les langues, hors de toute véritable influence ou école, elle a dans un geste rimbaldien retrouvé l’aube de la poésie. Étoile filante, touchée par une certaine grâce, elle était habitée « d’une rage d’absolu ». Son innocence, ses absences de boursouflures, ses mots réalistes et directs, rendent sa poésie immédiate.
Certes son monde poétique est délimité, parfois étroit, souvent mystique et exalté, mais sa voix est unique, convulsive, claire et émouvante. Entre espoir et abattement, une voix s’élève, entre la fusion avec la nature et le besoin d’amour. Elle transmue la violence en beauté. Ses mots furent étonnamment modernes pour leur temps. Elle a un souffle visionnaire, messianique.

L’anthologie de la poésie islandaise de Régis Boyer s’appelle « Le temps et l’eau ». Edith Södergran n’aura pas eu le temps, il lui sera resté l’eau et les souffles de l’adieu.
Quelque part loin d’ici en terre lointaine
se trouve un ciel plus bleu et un mur avec des roses
ou un palmier et un vent plus doux et c’est tout.
Tout au fond de mon jardin se trouve un lac somnolent.
Moi qui aime la terre ne connaît rien de mieux que l’eau
.Avec ses grands yeux de malade elle voyait les branches de la vie bouger loin d’elle. Avec des mots simples mais puisés à la profondeur de son être, elle édifie une œuvre translucide, désirante. Un cheminement de pureté, aux crêtes des mystères.
Ne t’approche pas trop de tes rêves :Ce sont fumée qui peut se disperser -Ils sont dangereux et peuvent demeurer.
As-tu regardé tes rêves dans les yeux :ils sont malades et ne comprennent rien -Ils n’ont que leurs propres pensées.
Ne t’approche pas trop de tes rêves :Ce sont mensonges, ils devraient s’en aller -Ce sont folie pour qui veut rester. (Edith Södergran)

Sources
Essais, Le pays qui n’est pas, Carl-Gustaf Bjurström et Lucie AlbertiniLe Pays qui n’existe pas, La Différence, 1992

Gil Pressnitzer

Choix de textes

Le pays qui n’existe pas

Vers ce pays qui n’existe pas je me consume
car de tout ce qui existe je suis lasse
la lune m’a conté en runes argentées le pays qui n’existe pas
Pays, où tous nos souhaits
seront merveilleusement exaucés,
pays où nos chaînes tomberont
pays où nous trempons nos fronts blessés
dans la fraîche rosée de la lune.
Ma vie ne fut que brûlante illusion.
mais j’ai trouvé et vraiment il fait parti de moi
le chemin du pays qui n’existe pas
le pays qui n’existe pas
Là va celui que j’aime ceint d’une couronne étincelante.
Qui est mon amour ? La nuit est noire
et les étoiles tremblent de répondre.
Qui est mon amour? Quel est son nom ?
la voûte du ciel monte de plus en plus haut
et un enfant s’est noyé dans les brumes infinies
et il ne connaît pas la réponse.
Mais l’enfant n’est rien autre que confiance,
et il étend ses bras plus haut que tous les cieux.
Vient alors une réponse : Je suis celui
qui vous aime et sera toujours l’amour.

(Adaptation personnelle)

Jours malades

Mon cœur est gardé à l’étroit dans une mince crevasse,
mon cœur est au loin
dans une île perdue.
Des oiseaux blancs font la navette,
ils m’apportent le message que mon cœur est en vie.
Je sais - comme il vit de charbon et de sable
sur des pierres tranchantes.

Je reste couchée tout le jour et j’attends la nuit,
je reste couchée toute la nuit et j’attends le jour,
je reste couchée, malade, au jardin du paradis.
Je sais que je ne guérirai pas,
désir et langueur n’en finissent jamais.
J’ai la fièvre comme une fleur des marais,
ma sueur est sucrée comme une plante poisseuse.

En bas, tout au fond de mon jardin, un lac somnole.
Moi, qui aime la terre,
je ne connais rien de mieux que l’eau.
Dans l’eau s’échouent toutes mes pensées
que personne n’a vues, mes pensées que je n’ose montrer à personne.
L’eau grouille de secrets !
(Traduction Carl Gustav Bjurström et Lucie Albertini, éditions Orphée La Différence)

J’ai vu un arbre

J’ai vu un arbre
Plus grand que tous les autres,
Plein de pommes de pin inaccessibles ;
J’ai vu une grande église
Aux portes ouvertes
Tous ceux qui en sortaient étaient pâles, forts et prêts pour mourir.
J’ai vu une femme maquillée, souriante
Elle jouait son bonheur au sort
j’ai vu qu’elle avait perdu.

Il y avait un cercle
que personne ne dépassait.
(traduction inconnue)

Les arbres de mon enfance

Les arbres de mon enfance se dressent haut dans l’herbe,
Ils hochent la tête qu’es-tu devenue ?
Leurs colonnades se dressent comme des reproches
tu n’es pas digne de passer à nos pieds
Tu es une enfant, tu dois tout pouvoir,
pourquoi laisses-tu la maladie t’enchaîner ?
Tu es devenue femme, haïssable étrangère.
Enfant, tu tenais avec nous de longues conversations,
ton regard était sage.
Nous voudrions maintenant te dire le secret de ta vie
la clef de tous les secrets se trouve
dans l’herbe de la butte sous les framboisiers.
Endormie, nous voudrions te cogner au front,
morte, nous voudrions te réveiller de ton sommeil.
(Traduction Carl Gustav Bjurström et Lucie Albertini, éditions Orphée La différence)

Une vie

Impitoyables sont les étoiles
nous avons beau le savoir, qu’importe !
je continue à chercher le bonheur au milieu des flots bleus
et sous chaque pierre grise.
Et si le bonheur n’existait pas ? Une vie c’est quoi ?
un minuscule nénuphar qui se flétrit dans le sable.
Et si le bonheur était une fausse prédiction ?
Quand plonge le soleil une houle vient mourir sur le rivage.
Et la mouche qu’est-ce donc qu’elle cherche
prise dans la toile d’araignée et l’éphémère
qu’a-t-il fait de son dernier jour ?
Pour seule réponse deux ailes mortes
sur un thorax affaissé.
Jamais noir ne deviendra blanc -
et pourtant tous veulent encore se battre joyeusement
de l’enfer arrive tous les jours
des brassées de fleurs fraîches.
Pourtant, un jour, même l’enfer est vide, alors on referme le ciel
et alors plus rien ne bouge -
Il ne reste plus que le cadavre de l’éphémère
dans les replis des feuilles
Mais personne ne le sait.
(Adaptation personnelle)

Moi

Je suis une étrangère en ce pays,

s’étendant profondément sous le poids de la mer,

les regards du soleil sont rayons qui se faufilent

et l’air s’écoule entre mes mains.

On dit que je suis née en captivité -

ici pas un visage qui me soit connu.

Étais-je une pierre, qu’on jeta au fond ?

Étais-je un fruit, trop lourd pour la branche ?

Ici je m’étends, à l’affût, au pied de l’arbre qui murmure,

comment puis-je me mettre debout sur les racines glissantes ?

Là-haut les cimes oscillent et se rencontrent,

ici je veux rester, et guetter

la fumée des cheminées de mon pays natal…
(traduction inconnue)

Rien

Te t’inquiète pas, mon enfant, il n’y a rien,
tout est comme tu vois : la forêt, la fumée, la fuite des rails.
Quelque part, là-bas, dans un pays lointain,
il y a un ciel plus bleu et un mur couronné de roses
ou un palmier et un vent plus doux -
et c’est tout.
Il n’y a rien que la neige sur la branche du sapin,
il n’y a rien à baiser de ses lèvres chaudes,
toutes les lèvres deviennent froides, avec le temps.
Mais tu dis, mon enfant, que ton cœur est fort
et que vivre pour rien, c’est pire que mourir.
Que lui voulais-tu à la mort ?
Ne sens-tu pas le dégoût que dégagent ses frusques ?
Rien n’est plus écœurant que de mourir de sa propre main.
Comme ces courts instants où fleurit le désert,
nous devons aimer les longues heures de maladie de la vie
et les années contraintes où se concentre le désir.

(Traduction Carl Gustav Bjurström et Lucie Albertini, éditions Orphée La différence )

La nuit étoilée

Inutile souffrance,
inutile attente,
le monde est vide comme ton rire.
Les étoiles tombent -
nuit magnifique et froide.
L’amour sourit dans ton sommeil,
l’amour rêve d’éternité…
Inutile peur, inutile douleur,
le monde est moins que rien
et de son doigt s’échappe
la bague de l’éternité.
(Traduction Carl Gustav Bjurström et Lucie Albertini, éditions Orphée La différence)

La dernière fleur de l’automne

Je suis la dernière fleur de l’automne
dans le sein de l’été je fus bercée
Face au vent du Nord je fus postée.
Sur mes joues blanches
des flammes rouges sont nées.
Je suis la dernière fleur de l’automne.
Du printemps mort je suis la plus jeune graine,
car mourir la dernière est bien plus facile :
j’ai vu la légende du lac bleu,
de l’été déjà mort j’ai entendu le cœur,
et mon calice n’a d’autre graine que la mort.
Je suis la dernière fleur de l’automne.
Des mondes pleins d’étoiles de l’automne j’ai vu l’immensité,
Des foyers brûlants et si lointains j’ai vu les feux,

Ah suivre toujours le même chemin cela est si facile !
mais moi je fermerai les portes de la mort.

Je suis la dernière fleur de l’automne.
(Adaptation personnelle)

Bibliographie

Poèmes (1916) La Lyre de Septembre (1918) L’Autel de Roses (1919) L’Ombre de l’Avenir (1920 ) Réflexions sur la nature 1920 (aphorismes, publiés dans la revue Ultra en 1922)
L e Pays qui n’existe pas (1925 édité par Hagar Olsson)

Bibliographie en français:

Édith Södergran, Poèmes complets, P. J. Oswald, 1973, traduction Régis Boyer
Poésies de Finlande, Runoja / Finsk Lyrics, présentation de Lucie Albertini, Le temps parallèle, 1989, traduit du suédois par Carl-Gustaf Bjurström et Lucie Albertini Le Pays qui n’est pas, et poèmes La Différence, 1992, traduit du suédois par Carl-Gustaf Bjurström et Lucie Albertini