Gertrud Kolmar

La traversée du mal

Regarde ta mère pleurer.../ Toi aussi tu mourras / Demain je prendrai une bêche, j’irai sous/les symphorines et je t’enterrerai...

Le siècle dernier, le siècle de tant de douleurs a aussi engendré une étrange floraison de poétesses juives de langue allemande : Nelly Sachs, Rose Ausländer, Elsa Lasker-Schüler ; Ingeborg Bachmann, et la plus secrète, la plus méconnue : Gertrud Kolmar.

Si peu à peu reémergent les œuvres de ses consœurs, la sienne reste totalement inconnue hors d’Allemagne. Pourtant 450 poèmes, miraculeusement sauvés par sa sœur Hilde, témoignent que quelqu’un d’intense et profond fut parmi nous.

Mais à la différence des autres poètes « du désastre » qui ont pu témoigner après l’holocauste, elle a disparu dans une chambre à gaz à Auschwitz le 2 mars 1943, où bien dans un convoi de la mort qui y menait. On ne le sait pas. Cette fille renfermée, si peu bavarde nous laisse juste une empreinte. Presque pas de photos d’elle, pas de vie remarquable, pas d’amitiés littéraires, des peines enfouies, la douleur jamais refermée d’avoir dû avorter sous la pression familiale, et ce choc de découvrir chez un autre être aimé toute la littérature de mort et d’antisémitisme nazi.

Gertrud Kolmar glisse entre les doigts comme le sable du malheur. Souvent on se demande, mais qui était donc Gertrud Kolmar ? En effet si peu de traces sont parvenues jusqu’à nous. Tant de violence cachée, d’images mélangeant la naïveté de la jeune fille enclose et la noirceur de la femme délaissée dans ses textes sinueux et complexes qui sont autant de journaux intimes. Gertrud est en fait un écrivain totalement posthume.

Elle est exemplaire pourtant de ces juifs allemands qui n se refusaient à croire à l’horreur jusqu’à la nuit de Cristal. Ces bourgeois parfaitement intégrés rêvant d’ordre et de stabilité ne comprenaient pas les « discours exaltés » de Monsieur Hitler, et puis les juifs dont il parlait devaient être ces juifs polonais incultes. Ces juifs, dont ma mère née à Hambourg était l’archétype, ne doivent pas être condamnés sur l’autel de l’histoire. Rares furent ceux qui virent l’immonde s’avançait.

Dans la diversité tragique des juifs qui finira toute par converger dans les fours crématoires et les chambres à gaz, celle des juifs allemands est particulière. Depuis Moïse Mendelssohn un fort courant assimilateur les avait, du moins le croyaient-ils parfaitement intégrés à la nation allemande. Plus nationalistes que les Allemands, ils vibraient pour l’Allemagne pour mieux se fondre.

Ainsi il l fut aussi une destinée particulière des écrivains juifs nés à Berlin comme Nelly Sachs, Walter Benjamin et Gertrud Kolmar. Cette vie juive dans le Berlin des années 20 et 30, fut une vie violente et novatrice. Expressionnisme, nouvelle simplicité, tant de courants en vogue à Berlin, et Gertrud toujours en retrait haïssant les modes et les cercles littéraires ne les suivait pas.

Il y a depuis peu, le 24 février 1993, une plaque à Charlottenburg à Berlin am Haus Ahornallee 37.

Elle dit « dans les alentours de cette maison Gertrud Kolmar passa son enfance et sa jeunesse. Comme juive elle fut contrainte au travail forcé en 1933, et fut déportée à Auschwitz le 2 mars 1943, et assassinée là-bas ».

Une destinée sur une plaque tombale, une destinée discrète, secrète. Une rue à Berlin porte aussi son nom. Et ses cendres sont toujours dans chaque nuage qui passe. Pas tout à fait oubliée, mais déjà si loin, comme le Berlin gris des années 20. La poésie de Gertrud Kolmar est tissée de symbolisme et de naturalisme, d’images expressionnistes. Avec souvent des échappées vers les contes d’orient où des îles mythiques.

Mais qui était donc Gertrud Kolmar ? Qui connaît ses poèmes, ses deux romans « Susanna » et surtout « une mère juive ».

Personnalité de Gertrud Kolmar

Certains de ses contemporains avaient reconnu sa personnalité unique. Walter Benjamin son cousin germain aimait ses textes à l’égal de ceux de Baudelaire. Nelly Sachs l’a considéré comme une des plus grands poètes lyriques de son temps, elle était « la petite sœur en esprit de Franz Kafka ». Et cette voix majeure de la poésie allemande de ce siècle reste inconnue, même dans la communauté juive ou israélienne. Solitaire, elle fut du temps de sa vie, solitaire elle reste encore. Elle qui fuyait le monde littéraire, les débats esthétiques de son temps, sera restée la « taiseuse », la peu bavarde.

« Je suis une femme de longtemps assombrie » écrivit-elle. Elle se nommait « l’autre », « l’étrangère », « la solitaire ».

Tout entière vouée à accomplir sa vie dans la poésie, elle se donnait à la vie à la mort à l’écriture. À l’écart du monde elle refaisait son monde.

« L’exploit unique, presque surhumain, de Gertrud Kolmar, c’est, à l’heure même des dangers mortels, de la situation sans issue, d’oser l’éclat, les sursauts, d’attirer une fièvre de liberté qui peut encore – pour notre bonheur – nous contaminer aujourd’hui ». Gerlind Reinshagen -

Sa poésie étrange avec ce mélange du passé élégiaque de la poésie romantique allemande, et ses violences expressionnistes n’est pas facile à pénétrer avec sa forêt de symboles, ses irruptions d’un réel agressif. Bien que souvent rimée sa poésie ne chante pas avec évidence, la part de l’obscur est forte. Gertrud Kolmar vit dans un univers de métaphores d’où surgissent des mendiants, des serpents, des forêts, des amants oublieux, des roches, des liqueurs orientales( basalm).

De nombreux mythes traversent sa poésie, mythologie grecque, biblique, orientale.

Une seule photo d’elle circule. On y voit un visage jeune, fermée, obscur et profond. Regard qui vous fouille, regard qui dit tant sur les révoltes contenues. Regard pressant et oppressant. Tous les vertiges intimes se lisent dans ses yeux. Toute la passion et la violence des désespérés pour une fois semblent affleurer. Ce regard cloué des vivants voyant déjà la mort. Elle sera toujours cet enfant perdu, sans sourire.

L’écriture de Gertrud Kolmar est lourde de sève contenue, torturée de visions enfouies, labyrinthique avec ses cheminements emboîtés, ses images enroulées sur d’autres images. Sa compréhension n’est pas aisée, sorte de forêt tropicale de mots ses poèmes requièrent le souffle et l’attention du lecteur.

« La discrète et mélancolique cousine de Benjamin aura écrit sa mort avant de l’avoir subie ; l’aura écrite dans des mots de cendres et de vent. Auschwitz l’a brûlée avant même qu’elle n’ait connu cet anus mundi ». Sylvie Germain.

Parfois il nous semble nous promener dans un film de Fritz Lang des années allemandes, avec ses rues inquiétantes et ces montées des périls. Et plus encore des films de Murnau, surtout « L’Aurore ». Les bourreaux doivent commençaient à errer dans le brouillard. L’amour fou aussi.

Son roman « La mère juive » donne quelques clefs, en se situant dans le gris Berlin des années 1920 et en parlant de la tragédie d’une jeune veuve juive, Martha Wolg dont l’enfant de cinq ans, Ursa sera violentée et tuée. Dans ce climat obscur, où la vengeance seule permet de survivre on peut déceler la blessure irrémédiable de l’enfant perdu de Gertrud, de ses désespoirs et de ses vengeances intérieures. On peut entendre déjà le bruit des bottes qu’entendra Gertrud dès 1933, trois ans après ce roman.

Traces de Gertrud Kolmar

Gertrud Kolmar est née le 10 décembre 1894 à Berlin dans une famille juive assimilée. Elle s’appelait Gertrud Käthe Chodziesner et prit pour nom de plume le pseudonyme de Gertrud Kolmar, en référence au nom de la ville natale de son père en Poméranie, Chodziez, Kolmar en allemand. Souvent les juifs étaient affublés du nom d’un lieu, d’une ville, d’un fleuve, d’un métier. Ainsi mon propre nom. Son père était juriste et elle était la cousine germaine de Walter Benjamin qui l’admira passionnément. Son enfance se passera au cœur de Berlin, dans ces maisons qui deviendront « son paradis perdu ».

Sa sœur Hilde grâce à qui nous nous souvenons de Gertrud, née en 1905 et leur correspondance sera publiée en 1970. Par elle et quelques amis on découvre cette jeune fille taciturne nommée Gertrud qui très tôt aura dédié sa vie au dévouement et au sacrifice. Par le renoncement aussi, comme elle renoncera à s’enfuir en Suisse pour garder son père sans doute, amis aussi inconsciemment pour voir arriver l’immonde qu’elle avait tant pressenti dans ses visions poétiques.

Les études de Gertrud seront « utiles ». Étonnamment douée pour les langues, elle étudiera aussi les arts ménagers, l’éducation des enfants. Passionnément attirée par la révolution française, Napoléon et Robespierre la fascineront profondément, elle parlera et enseignera le français et l’anglais. Elle publie en 1917 un recueil de poèmes « Napoléon und Marie ». C’est fin 1916 qu’une tragédie la frappe. Amante en secret d’un officier, Karl Jodel, il lui faudra avorter sur l’injonction de la famille. Elle se repliera encore plus sur elle-même, laissant son imagination voler pour elle, prisonnière du conformisme bourgeois. En 1917 paraît son recueil « Gedichte », poésies. En 1918 elle « surveille » le courrier des prisonniers de guerre.

En 1923 la famille emménage dans la maison de Finkenkrug, près de Spandau. Cette maison avec son jardin sera le repaire de Gertrud de 1928 à 1938 quand celle-ci sera réquisitionnée par les nazis. Son univers s’est réalisé là au milieu des arbres et des animaux. Là seule avec son vieux père elle tisse le temps, enfermée, cloîtrée.

Elle exerce le métier de préceptrice auprès d’enfants handicapés. Elle vit à Hambourg comme enseignante de langue, et son attraction pour la France l’amène à Dijon pour suivre des études d’interprète. Douée pour les langues, elle fut chargée de « surveiller » le courrier des prisonniers russes à la fin de la Première Guerre, elle enseigna quelque temps le français et l’anglais, fut préceptrice à Dijon d’enfants sourds-muets à Dijon. Admiratrice de Romain Rolland, passionnée par la Révolution française, elle rédigea un Portrait de Robespierre (1933). Revenue à Berlin, elle se tint à l’écart de tous les cercles littéraires, s’occupant de ses parents et écrivant des textes qu’elle cache. Le 25 mars 1930 la mort de sa mère la touche profondément, elle écrit son premier roman « La mère Juive ».

En 1933, les nazis arrivent au pouvoir et les persécutions commencent. À cette époque par réaction elle se met passionnément à l’étude du judaïsme et de la langue sacrée, l’hébreu. Les jours deviennent de plus en plus sombres, et sa famille, frère et sœurs émigrent vers la Suisse en la suppliant de les rejoindre. Gertrud voyait bien la griffe fatale des nazis sur elle, mais Gertrud refusa d’émigrer pour rester auprès de son vieux père. Dévouement, sacrifice. De sa vie, de son amour. Elle la soumise à la vie, elle l’insoumise au monde. Elle se sera finalement acceptée comme femme, comme juive, comme poétesse. Immergée dans le servir et dans le quotidien elle sait que: « Ce qui a été était beau, et ne pourra plus jamais perdre son éclat ni sa force dans le quotidien de la vie. » Elle se plonge pendant cette période à la liberté proclamée de la révolution française: une pièce de théâtre intitulée Cécile Renault et 45 ballades sur Robespierre.

La nuit de cristal du 9 au 10 novembre 1938, la troisième Nuit de Walpurgis selon Karl Kraus, marque le basculement vers l’anéantissement. On sait que pendant les nuits, elle aura écrit en cachette son roman « Susanna » vers février 1940.

Le père fut arrêté en septembre 1942, à 80 ans et déporté à Theresienstadt, où il mourut le 27 février 1943. Elle-même, contrainte dès 1941 au travail forcé dans une usine de cartonnage, fut arrêtée sur son lieu de travail le 27 février 1943 et déportée en mars 1943 à Auschwitz par le convoi numéro 32 dit « Osttransport », transport vers l’Est. C’était dans le cadre de l’action « Fabrikaktion ». Une grande priorité avait été donné pour se rendre au plus vite dans les chambres à gaz dans des wagons à bestiaux, même au détriment de la guerre en cours.

On ignore le jour de sa mort. Là encore nulle trace, pas même de la cendre. Personne n’avait entendu parler d’elle. Si pourtant une lettre de janvier 1943 et un signe de vie le 21 février 1943, derniers témoignages d’une grande âme. L’état Allemand la proclama officiellement morte le 2 mai 1951.

Les mots de Gertrud Kolmar

Gertrud Kolmar toute sa vie aura été une émigrée intérieure. Elle s’est dissipée hors du monde, elle la farouche, n’existe que par ses poèmes compulsivement envoyés en Suisse à sa sœur. Elle ne sera jamais plainte, elle aura vu venir les monstres que ses visions lui montraient. Elle les attendait depuis si longtemps. Son kaddish était déjà prêt.

L’écriture de Gertrud Kolmar porte les traces du début du vingtième siècle avec ses images abondantes, son lyrisme élégiaque, Mais ses influences sont plus sûrement Rilke et Franz Werfel, Valéry et Milton, le symbolisme français. Mélancolique, parfois désespérée sa poésie détonne dans ce siècle. Car nous jugeons la poésie allemande d’après Paul Celan. Gertrud Kolmar est d’avant, elle est profondément dans un monde de métaphores et de symboles.

Elle est aux frontières du langage aussi. Entre ses premiers poèmes romantiques et les effrayantes images du recueil « Mondes » toute une biographie peut se lire. Sa syntaxe est très particulière avec des phrases qui marchent par arborescence, où une image est repliée dans une autre. Elle semble cachée le sens de ses mots sous une végétation d’images. Inextricable est sa poésie, presque impossible à traduire aussi en français. Et pourtant ses mots vous entourent, vous habitent.

Elle voulait écrire pourtant « des mots si simples comme un rayon de soleil, comme la forêt, comme le vent ». Ses mots seront lourds et complexes, sa poésie mélange imbriqué entre symbolisme et expressionnisme. Tapisserie de l’imaginaire, chapelet de mots étranges, d’images surréelles, le monde poétique de Gertrud Kolmar est unique. Il ne faut pas espérer y trouver l’écho de l’horreur nazie, mais celle plus universelle de l’horreur du monde. Sa poésie est un flux et les images embarquées sur ce fleuve ne sont pas là comme passagers décoratifs, mais comme témoins de la course de la vie.

Elsa Lasker-Schüler disait :

"Trois poèmes au moins de Gertrud ont éclairé ma vie : La ville, Nostalgie ardente, les jardins de l’été. Je les connais mot à mot et je me blottis dans eux. »

Nelly Sachs lui dédia un poème :

« Gertrud Kolmar tu voyais les pensées partir en cercles/comme des images sur une tête/là où se lèvent les étoiles/et tu n’as pas eu l’étoile aveugle du temps devenu vieux/Là où pour nous c’était encore le soir/toi tu voyais déjà l’éternité ».

Gertrud Kolmar reste une solitaire, sa poésie est en marge de son époque, elle n’est d’aucun courant, elle est hors temps, elle est une mémoire irrémédiable.

Kolmar disait cela : « ich habe bloß immer darum gekämpft, eine starke und gütige Frau zu werden ». « J’ai toujours justement combattu pour cela, devenir une femme forte et bonne ».

Elle le fut.

En 1917 elle écrivait:

je le sais

des tourments se dressent sur mon chemin que je dois prendre

la détresse se dresse sur le chemin que je dois prendre

la mort se dresse sur le chemin que je dois prendre

des plaintes se dressent sur le chemin que je dois prendre

et chaque borne kilométrique a des langues

et tous les petits cailloux crient

crient la douleur - là où une jeune fille sombre en râles,

en fuite, abandonnée, fatiguée et malade,

la détresse se dresse sur le chemin que je dois prendre

la mort se dresse sur le chemin que je dois prendre

et je leur crie dessus !

fille folle dans la honte et la douleur :

des milliers passent devant moi

des milliers viennent vers moi.

Je serai la cent millième

mes lèvres sur une bouche étrangère ;

et meurt une femme comme un chien galeux -

cela te fait-il peur ? non.

mon cœur bat dans une poitrine étrangère

rie mon œil, car tu devras pleurer

et tu ne pleures pas tout seul

la détresse se dresse sur le chemin que je dois prendre

la mort se dresse sur le chemin que je dois prendre

chagrin et plainte, gris tourment ;

tout cela je le sais

et pourtant j’avance sur le chemin.

("Gedichte 1917" enthalten in "Frühe Gedichte" 1917-22) traduction personnelle

Gertrud Kolmar était cette jeune fille sombre sur le chemin.

sources: Wer war... Gertrud Kolmar ? par Ursula Homann ursula@UrsulaHomann.de

Gil Pressnitzer

Choix de textes

Dans ces traductions personnelles il n’a été retenu que très peu des poèmes de « Mondes » qui ont fait l’objet d’une traduction courageuse et éclairante de Jacques Lajarrige aux éditions Seghers. Souvent Gertrud Kolmar écrit en rimes et utilise des images complexes, des visions expressionnistes. Seule la force de ses images, de ses métaphores a été ici retenue et j’espère rendue :

Adieu

Vers l’Orient j’envoie mon visage

je veux le faire venant de moi.

Là-bas il sera dans la lumière,

se reposant un peu

de mon regard sur ce monde,

de mon regard sur moi,

du grossier mur d’argent du quotidien

de la roue de l’agitation qui te presse.

Elle porte, le monde en rouge et gris

à travers les débris des lamentations et fumée épaisse

des élus, gouttes de rosée

sur une tige de blé.

Un cours de la vie plus rapide et scintillant,

une secousse d’une grande main :

l’une a bouffé le midi,

l’autre avale le sable.

Pour cela je serai heureuse et calme,

quand j’aurai fait ma dette ;

je veux m’écouler avec le cygne

dans des milliers de petites eaux,

celui sans parole et sans résonance

et sans pensée sans doute

une bête, qui se tait, une bête, qui est beauté,

pas d’esprit pas de symbole.

et quand j’arrive par battements très doux

sur les côtes blêmes,

alors je roule les anciens jours d’hiver,

le sarcophage argenté et frais

cette mort éternelle à l’intérieur,

là-dedans mon visage mince et léger

se tient comme toile d’araignée,

un peu se déploie autour de l’angle

un peu flotte, sourire qui blanchit

et s’efface sans tourment

avis de décès

je vais mourir, comme meurent la plupart ;

le râteau passera au travers de cette vie

et mettra en copeaux mon nom dans la glèbe.

je deviendrai légère et calme et sans héritage

et avec des yeux fatigués je verrai des nuages dénudés,

la tête ainsi se penche, ainsi les bras s’étirent

et être mort, tout à fait trépassé, un rien.

et les mendiants s’accrochent encore au bâton de marche

comme à une baguette magique, se tiennent aux coins des rues,

dans le chapeau vide l’or du couchant,

que leurs maigres doigts ne peuvent retenir,

que le marchand ne veut point échanger contre des pommes de terre.

Mais moi je gis repue et au chaud dans le froid,

et colère et rancune et joie dans les replis des mains

deviennent mer, d’où murmure le grand coquillage...

Je fus. Et poussière je serai, les pieds qui trépignent.

Je le sais. Vous. Vous mourrez longuement et soyeusement.

les épiciers comptent et les fous gigotent ;

vous attendez en vous taisant sous la lampe rouge

si doux et impitoyable comme la douleur,

Le bras fermement replié sur la charrette du bourreau,

et l’un fait rayonner le couteau dans la poitrine.

alors les voleurs raflent, alors les fous fouettent,

et je suis poussière, dont les milliers de pieds tapent,

je suis - et pourtant j’ai tout su de vous.

Et j’ai porté vers vous ce visage ;

c’était le faible miroir, celui qui vous a capturé,

celui qui fait irruption, qui aveugle et qui brise.

Hélas moi. que suis-je dans vos jours éternels

d’autre qu’un regard, qu’un grain de sable, coulant et insignifiant ?

la molle terre arable, que vous pétrissez

et que vous obligez avec des mains dures à prendre forme.

Vous. Celle que vous sortez gravement de vos niches,

que savez-vous des cœurs, qui vous supplient,

quoi des bouches, qui chantent votre gloire ?

issue de l’obscur

je viens de l’obscur, une femme.

je porte un enfant et je ne sais plus de qui ;

j’ai dû le savoir jadis.

Mais maintenant il n’est plus aucun homme pour moi...

Tous derrière moi ils se sont enfouis comme salle où tout s’écoule

et que boit la terre.

encore et encore je vais.

Car je veux avant le jour rejoindre la montagne, et les astres

déjà disparaissent.

Je viens de l’obscur.

seule j’ai marché dans les rues obscures,

là où soudain la lumière bondissante avec ses griffes

déchirent la tendre noirceur,

le léopard la biche,

et porte largement ouverte des braillements hideux, des hurlements désolés,

des beuglements crachés de bête.

des ivrognes se vautraient...

sur le chemin tout cela je le fis tomber du bord de ma robe.

Puis j’ai erré au travers du marché dépeuplé.

Feuilles flottaient dans des flaques, qui reflétaient la lune

des chiens efflanqués, avides flairaient les ordures sur les pierres.

Des fruits piétinés pourrissaient,

et un vieillard en haillons torturait encore sa pauvre guitare

et chantait d’une mince voix plaintive et désaccordée

que personne n’écoutait.

Et ces fruits autrefois avaient mûri au soleil et la rosée,

encore rêvant du parfum et du bonheur de la fleur aimante,

Pourtant le mendiant geignant

avait oublié cela depuis si longtemps et ne connaissait

rien d’autre

que faim et soif.

devant le château du puissant je me suis arrêtée en silence

et quand je franchissais la marche la plus basse,

le porphyre rouge chair éclata en craquant sous ma semelle,-

et je levais les yeux vers la fenêtre nue, la bougie tardive du penseur

qui méditait et méditait sans jamais trouver réponse à ses questions,

et sur la petite lampe voilée du malade, qui lui pourtant n’avait pas étudié

comment il devait mourir,

sous les arceaux du pont

se disputaient deux hideux squelettes pour de l’or.

Je levais ma pauvreté comme un gris bouclier devant mon visage

et je passais sans danger mon chemin.

Au loin le fleuve parle avec ses rives.

Maintenant je remonte en trébuchant le sentier pierreux, rétif.

Éboulis, buissons d’épines blessent les mains aveugles et tâtonnantes,

une grotte attend,

qui en son tréfonds des failles abrite le corbeau vert d’airain,

celui qui n’a pas de nom.

C’est là que j’entrerai,

sous la protection de l’aile à l’ombre immense

je m’accroupirai et me reposerai.

à l’écoute de la voix muette et grandissante de mon fils, ensommeillée

et m’endormirai, le front incliné vers l’Orient

jusqu’au lever de soleil.

La méditante

Quand je serai morte, mon nom planera-t-il

un court instant au-dessus du monde.

quand je serai morte, me sera-t-il encore donné

n’importe où des clôtures derrière les champs.

Pourtant je vais bientôt me perdre en marchant,

comme l’eau coule d’une cruche ébréchée,

comme le don secret perdu des fées

et un petit nuage de fumée d’un train fou,

quandje serai morte, sombreront cœur et rein,

s’en ira, ce qui m’a portée et remuée,

et seules seront les mains ouvertes, apaisées,

comme étrangères, couchées auprès de moi.

et tout autour de mon frontce sera,

comme un jour, quand la bouche caverneuse d’une étoile vous attrape

et que de la voûte de la pierre d’ombre pend

un drap gris aux immenses plis.

quand je mourrai, pourrais-je enfin me reposer,

tourner mon visage vers l’intérieur

et tout refermer comme une boîte à images,

quand l’enfant en a trop vu

et puis dormir bien et profond,

tandis qu’encore tremblante j’aurai enfin déposé,

ce que je fus: une lumière de cire

pour monter la garde du deuxième monde.

la délaissée

Tu te trompes. Crois-tu que parce que tu es loin

et que je meurs de soif et ne pourrais te retrouver ?

je te saisis avec mes yeux,

avec ces yeux, qui chacun abrite ténèbres et étoile.

je t’attire sous ma paupière,

je la ferme et tu es dedans.

Comment veux-tu t’en aller de mes sens, filet de chasseur

dont jamais une bête n’a pas s’échapper ?

Tu ne me laisses plus tomber de ta main

comme un bouquet fané,

qui flotte au bas de la rue, piétiné

devant la porte, éparpillé par tous.

Je t’ai aimé. Tant aimé
J’ai tant pleuré... des larmes amères

et je t’aime encore plus car je suis liée à toi par la souffrance,

de ta plume aucune lettre, tu ne m’écris plus jamais.

J’ai appelé les amis, les monsieurs et le gardien de phare

de la si petite île comme un trait,

ton jardinier de mon verger,

et des milliers furent sages aucun ne fut équitable.

Je n’avais presque pas senti, que mon havre était brisé,

celui qui retenait ma jeunesse - et de petits soleils,

qui s’étaient égoutté dans le sable qui les a fait fondre.

Je me suis levée et je t’ai regardé.

Ton passage reste dans mes jours

comme une flagrance reste suspendue à un habit,

car il ne le connaît plus, ne compte plus sur lui, il l’accueille seulement

pour toujours continuer à le porter

Métamorphoses

la nuit je veux l’enrouler autour de moi comme un drap chaud

elle avec ses étoiles blanches, avec sa malédiction grise

avec ses bouts ondoyants, qui traquent les coqs des jours,

je pends dans les charpentes aussi raide qu’une chauve-souris,

je me laisse tomber dans l’air et je pars en chasse.

Homme, j’ai rêvé de ton sang, je te mords jusqu’à la blessure,

je me love dans tes cheveux et j’aspire ta bouche.

Au-dessus des tours émondées les cimes du ciel sont noires.

De leurs troncs dénudés suinte de la résine vitreuse

vers des coupes invisibles de porto.

Dans mes yeux marron demeure le reflet,

Avec mes yeux marron doré je pars chercher ma proie,

je capture poisson dans les tombes, celles qui se tiennent entre les maisons

je capture poisson dans la mer : et la mer est une place plus loin

avec des mats brisés, des amours noyés.

Les lourdes cloches du navire sonnent venant de la forêt des algues.

Sous la forme du navire se fige une forme d’enfant,

dans ses mains du limon, au front une lumière.

Entre nous les eaux voyagent, je ne te garde pas.

Derrière des vitres gelées luisent des lampes bariolées et blanches,

des cuillères livides coulent dans le bol, glace multicolore ;

je vous appâte avec des fruits rouges, faits avec mes lèvres

je suis un petit en-cas dans le gobelet de la nuit

La solitaire

je m’entoure de ma solitude

elle est comme une robe chaude

sur moi venue sans pincement ni piqûre

même si les manches tombent profondément sur ma main

un inconnu en a pris les mesures,

le visage étranger se ressent comme souffle trouble ;

Les longs cous noirs des cygnes sont courbés

sur leurs plis : mais seule moi je peux les voir.

Mes regards intérieurs se font ouverts

- un regard de paon qui déploie ses ailes -

et montre l’onde du courant couleur jade,

les bordures débordent lumière et affluent.

Comme un cheveu de l’Elbe elles mouillent.

Elles portent encore le fleuve. Elles halent le profond.

Et l’année est prise dans une ville abrupte,

c’est ainsi qu’un oiseau affolé appelle le jour.

Et tout est maintenant silence. Et l’habit se gonfle.

Je dois grandir, pour qu’encore il m’aille

à l’intérieur des poissons, comme jamais ils ne furent vraiment,

et ma poitrine flotte avec des branchies bleu pourpre.

la pointe de la terre est ensemencée de l’intérieur.

De mes épaules surgit une falaise d’or,

le drap nageant au travers, s’aiguise et se gonfle

et doucement roule en boule sur mon front.

Aquarium

Toujours et toujours encore se cogner à du verre,
Toujours et toujours encore tourner en rond,
Au lieu de flotter de çi de là, parée, dans de grandes eaux
merveilleuses, pleines de vie.

Toujours et encore déglutir des morceaux d’épluchures
Dans une vase tiède et moite,
Au lieu d’attrapper d’une petite bouche coloriée
La lumière verte et la proie fraîche, vivifiante ?

Toujours et toujours encore ressentir la dureté,
Une mince couche de sable écoulé,
Au lieu de très profondément s’enfouir
Contre le visage brun qui réchauffe.

Toujours et toujours encore une plage de choses méchantes,
Là où le petit poisson s’échoue malade et encore combattant,
Quand violemment, sautant sans réfléchir,
Il survole sa patrie misérable ;

De haut en bas sans cesse vite bloqués,
De brefs éclairs, de gauche à droite en accéléré,
Toujours et toujours encore, hélas, toujours et toujours encore
Ce plus petit des mondes connaît sa fin!

Dans les lointains reposent des étangs noirs,
Meurt une source en cascade bordée d’arc-en-ciel,
Le large déversoir conduit son cadavre
A une tombe de cristal qui s’enfuit.

Même les poissons aimeraient secrètement rêver
de ce qui libère leur cœur comme la poitrine de l’homme :
Une vague bleue claire et l’écume
Des mers douces de l’infinité

à la frontière

une maison vous salue à la frontière

refuge de l’errant, charpente en bûches,

protégée des rayons, qui s’escrime et étincelle,

protection contre le vent d’automne qui l’entoure de gémissements.

Souvent je vais me promener devant,

près de la frontière,

à la frontière rampe la douleur,

gît dans les buissons comme pierres multicolores ;

si j’en trouvais un, il serait à moi.

Blanche étape je rentre chez moi et je pleure,

et je laisse mon cœur las

à la frontière.

À la frontière bientôt tombe la neige,

couvre de poussière et enveloppe : un chemin apparaît,

qui s’étire au loin au travers des sapins.

Comme s’il se retrouvait en bas dans la vallée ?

Je ne sais vraiment qu’une chose : je me tiens

à la frontière

Contes

en une seule nuit

je suis restée devant ta porte.

sans mesure aucune je t’ai aimé totalement

j’ai dirigé vers toi les étoiles des rues dorées

et bienheureuse j’ai ri silencieusement.

Comme si pour mes cheveux disparus je levais les bras

branches minces et rondes.

Dans le silence de la nuit de mai la pluie a surgi

et interpella les fleurs hésitantes des branches,

chacune était une bouche livide.

Mais toi tu ne vins pas

et j’ai éparpillé en gâchis souriant

les fleurs à la lune.

Et j’ai ressenti tumultes plus amers, forces sombres,

les fruits me furent bien plus doux, plus sucré le jus.

Ainsi ils tombaient, odorants, doux et lourds.

Mais toi tu ne vins pas

Des grêlons dansaient en se moquant sur les pierres.

Alors un puits noir s’ouvrit béant.

Dedans je laissais pendrent les bras brisés -

En fleurs et ayant porté des fruits - et révolus

en une seule nuit.

Revenue à la table des matières.

Nostalgie ardente

je pense à toi,

toujours je pense à toi.

Les hommes me parlent, je n’y prête pas attention.

Dans le ciel du soir je voyais des bleus chinois, profonds, dans lesquels

pendait la lune ronde et jaune comme une lanterne,

et je voyais une autre lune, la tienne, si proche,

qui te faisais un bouclier étincelant, sans doute un héros ionique

ou un disque doux et doré lancé par un sublime discobole.

Dans le recoin de la pièce j’étais assise sans la moindre lampe,

fatiguée du jour, voilée, tout entière vouée aux ténèbres,

les mains gisaient dans le giron, yeux se fermant d’eux-mêmes.

Mais sur le mur intérieur de mes paupières ton image petite et floue était peinte.

Sous les étoiles je pénétrais dans les jardins silencieux, passant devant déchirures d’ombre des mâchoires, bicoques aplaties et rendues muettes,

des pignons raides

sous des manteaux moelleux et sombres, puis de temps à autre des crissements des roues qui vous saisissent, cris des chouettes qui vous tiraillent,

et je parlais de toi en me taisant, amour, au chien muet, blanc, aux yeux d’amande, qui j’accompagnais.

Engloutie dans les mers éternelles des nuits noyées !

Alors ma main dans le duvet de ta poitrine, elle mendiait le sommeil,

alors nos souffles se mêlaient à des vins précieux, que nous offrions dans un bol de quartz rose à notre maîtresse, l’amour,

Alors dans les montagnes des ténèbres nos glandes poussaient et mûrissaient,

fruits du vide des montagnes de cristal et améthystes lilas.

alors la tendresse de nos bras, tulipes de feu nous appelait

hyacinthes bleu porcelaine ondulantes, élargies

dans les glaises couleurs matin gris,

alors jouant sur des tiges blessées, le bourgeon mi-clos du pavot

comme une vipère rouge sang sifflant au-dessus de nous,

d’orient les arbres de basalm et de zimet se dressent en tremblantes tonnelles sur nos lits

et des pinsons de tisserand s’enfuyaient de l’haleine de nos bouches, nids flottants. -

Quand volerons-nous à nouveau dans les mystérieuses forêts,

qui impénétrables protègent des poursuivants cerfs et biches ?

Quand pour tes mains affamées et suppliantes mon corps sera-t-il ton pain blanc et odorant,

quand ma bouche sera-t-elle douce comme un fruit épanoui pour tes lèvres assoiffées ?

Quand nous rencontrerons-nous à nouveau ?

Les mots intimes répandus comme semence d’estragon et tournesols

et enfin ravis, devenus muets, pour seulement entendre

la source chantante de notre sang ?

La ville

ils marchaient

À travers ce matin d’hiver brumeux et froid,

amants, main dans la main.

Terre dure qui s’effritait, flaque gelée qui se fendillait en verre sous les semelles.

Plus bas sur le chemin de halage

quelqu’un en veste de velours marron était assis devant son chevalet

et peignait le saule pendant sans feuille.

Curieux les enfants venaient à l’affût

et les grands un instant s’arrêtèrent, critiquant, louant.

Sur la passerelle verte d’algues, glissante

une barque percée, pourrie, nageait.

Trois cygnes au-dessus des vagues

courbaient leurs cous fins comme tiges, silencieux ils s’éloignaient, fleurissaient.

La femme rompit le pain

et le lança au loin dans le flot.

Sous les chênes raides vers le ciel,

les branches, noires, tordues, comme membres martyrisés s’étiraient,

ils pénétrèrent dans les prairies frissonnantes,

vers des piliers pleins de lierre formant des jardins clos.

comme ils contemplaient longuement le long pont de pierre

le soleil déchira la brume comme une robe,

et la ville émergea, de biais derrière le bassin large du fleuve.

L’un dans l’autre, l’un sur l’autre les toits se chevauchent,

étincelant gris noir comme plumes de choucas, certains plus haut

patinés de vert ; les sommets des tours étincelaient.

Des mouettes encerclaient de glapissements le parapet du pont, battant de leurs ailes affamées.

Ils avaient traversé

et regardaient devant la maison quotidiennement de mauvaise humeur

les enfants, qui bandaient la patte blessée et saignante

de leur chien jaune.

Se pressant des femmes avec des sacs de provision, des paniers en osier

dévisageaient laconiques, méfiantes, ces étrangers oisifs,

disparaissaient derrière les portes de petites boutiques sombres et minuscules.

Plus sonores et fortes, plus bourgeoises, plus opulentes devenaient les rues.

Des auberges imposantes clamaient en lettres fortes leur invitation ;

des murs de briques rouges se dressaient là puissamment, comme conseillers municipaux de l’ancien temps

avec pourpoints bouffants barrette et toge d’apparat,

des tramways joyeusement faisaient du bruit, sonnaient agilement,

comme des enfants des rues devant l’entrée du parc se sauvaient.

Des hommes dans des épais manteaux chauds parlaient entre eux en fumant

et marchant vivement d’affaires et d’échanges,

et bientôt la rôtisserie commençait à chanter la gloire de son étal avec les fumets savoureux et substantiels des rôtis.

Les boutiques succédaient aux boutiques,

Proposaient de la viande tendre, pleine de saveurs et du gibier, des poissons, de l’anguille fumée et des poissons fumés,

proposaient du pain brun et long, doux, empli de raisins de Corinthe

de l’amer, qui était saupoudré de farine ou de sel ou de cumin.

Entre deux timbales de cuivre

se blottissait une minuscule maison de thé chinoise faite en bois laqué rouge cerise

avec son toit doré et incliné.

Pourtant la voûte, là où se servaient à prix d’or des boissons et des onguents et de la poudre mélangés,

dévoilait à travers la fenêtre le vieillard, comme en vie, replié dans un fauteuil,

en habit de laine, avec une barbe chenue ondoyante ;

Il avait fermé ses paupières.

Derrière lui un long squelette hideux avec les orbites et des dents d’une tête de mort

ricanait

Dans une main la faux étincelante et avec l’autre agrippant l’épaule tombante.

Une horloge marquait minuit.

La femme prit peur et empoigna l’homme,-

Il fit un signe de tête et néanmoins sourit ;

car il ne voyait rien d’autre que sa chevelure de ténèbres et son visage livide d’yeux sombres.

Bibliographie

en français

Mondes - poèmes, édition (bilingue) établie, postfacée et traduite par Jacques Lajarrige. Seghers 2001.

Lettres / Inédit mars 2001 Traduit de l’allemand par Jean Torrent collection Détroits

La Mère juive Traduit de l’allemand par Claude-Nicolas Grimbert Farrago/Léo Scheer-2003

Susanna Traduit de l’allemand par Claude-Nicolas Grimbert Farrago/Léo Scheer-2000

Roberspierre et portrait de Roberspierre Farrago/Lèo Scheer

en langue originale

Gedichte - Kolmar, Gertrud 1917

Preussische Wappen - Kolmar, Gertrud 1934

Die Frau und die Tiere - Kolmar, Gertrud 1938

Welten - Kolmar, Gertrud 1947 (post. )

Das lyrische Werk- Kolmar, Gertrud 1955

Susanna - Kolmar, Gertrud 1959

Tag - und Tierträume - Kolmar, Gertrud 1963

Eine jüdische Mutter - Kolmar, Gertrud 1965

Die Kerze von Arras - Kolmar, Gertrud 1968

Briefe an die Schwester (lettres à sa sœur Hilde 1938-1943) - Kolmar, Gertrud 1970

Das Wort der Stummen. Nachgelassene Gedichte - Kolmar, Gertrud 1978

Frühe Gedichte (1917-22) - Kolmar, Gertrud 1980

Wort der Stummen (1933) - Kolmar, Gertrud 1980

Weibliches Bildnis - Kolmar, Gertrud 1987

Das lyrische Werk - Kolmar, Gertrud, 1987

Sämtliche Gedichte - Kolmar, Gertrud 1987

Susanna, Frankfurt am Main 1993

Nacht, Verona 1994

Briefe, Göttingen 1997