Ingeborg Bachmann

La poétesse en colère au chevet du monde malade

Il faut corrompre les actualités de son époque. Ingeborg Bachmann.

Elle est celle qui a écrit Malina son unique roman publié de son vivant. Elle est celle qui fut la compagne lumineuse de Paul Celan de 1947 à 1960. Elle fut de tous les combats féministes et pacifistes. Elle fut cet écrivain majeur en Autriche, pays torturant et torturé, tragique et loufoque : « La plus formidable comédie de tous les temps, c’est l’Autriche »; disait Thomas Bernhard qui fut son grand ami dans les années 57.

Être couchée sur le plan de Vienne, comme quelqu’un qui se noie. Ingeborg Bachmann.

Comme Robert Musil, Ingeborg était né à Klagenfurt en Carinthie, et pour approcher d’elle il faut essayer de se plonger dans cette Autriche qui a voulu enfouir sa culpabilité dans la graisse complaisante de la bourgeoisie. Ni Thomas Bernhard, ni Elfriede Jelinek n’auront réveillé cette Autriche qui mijote dans sa mémoire non assumée.

La Carinthie, terre de Jorg Heider le populiste, est aussi celle d’une région de passage entre le monde germanique et le monde slave. Pays somptueux mais enclos, enfermé dans son immobilisme. Terre de tensions aussi, elle fut un terreau fécond, et ainsi Christine Lavant y vécu dans sa mansarde. Mahler, Brahms, Hugo Wolf, Alban Berg, y composèrent, Peter Hanke lui aussi de Carinthie en fit un roman, « Le Malheur indifférent ».

Le rapport ambigu de Bachmann avec sa région est fait de fuites et de retours : « il faudrait ne pas être de là pour trouver supportable plus d’une heure un lieu tel que Klagenfurt], ou alors il faudrait y vivre constamment ; en tout cas, il ne faudrait pas y revenir ». Et Thomas Mann parle ainsi d’Ingeborg dans Extinction sous le nom de Maria." Maria, de la ridicule petite ville de province au sud de l’Autriche où est né Musil,...Maria, dont la seule arme a toujours été le retrait »

Ingeborg Bachmann choisira effectivement l’exil et le retrait en Italie pour laisser loin cette honte d’un monde borné. Elle voudra échapper à la fatalité de sa naissance dans cette prison de lacs et de montagnes. Elle aimait s’y promener, mais ses habitants étroits de plafond l’avaient mortifiée.

« Je connais un monde meilleur » sera toujours sa devise et elle voudra participer de tout son être à son édification. Sur toutes les barricades des luttes elle portera sa foi en une humanité meilleure.

Écrivain, poétesse, mais aussi philosophe proche des idées d’Heidegger et de Wittgenstein, l’œuvre d’Ingeborg Bachmann est parfois un pamphlet, souvent une percée vers l’universel.
Mais nous voulons parler des frontières/dussent-elles traverser chaque mot.

Aussi elle fut l’écrivain de la transgression, du sentiment des limites du monde et du nécessaire dépassement des lieux et des hommes. Dans toute son œuvre court une frontière invisible et à toujours à transgresser. Elle disait « Wart meinen Tod ab und dann hör mich wieder », attends un peu ma mort, puis alors écoute-moi à nouveau. »

Dans « Perturbation » Thomas Bernhard décrit cette maladie psychologique qui agit comme une lèpre sur l’Autriche : le passé collectif non assumé, le repliement sur son milieu et sa mesquinité. Ce ne sont pas les Autrichiens qui on fait l’Holocauste mais les Allemands qui ont fait cela, nous nous sommes les enfants de Mozart, du Prater et des opérettes. Mais les Autrichiens sont aussi les enfants d’Hitler et d’autres, purs autrichiens. La montée du nazisme et de l’austrofascisme, jusqu’à l’Anschluss sont une des clefs de l’inconscient autrichien. Avoir eu la chance d’avoir un père ayant presque toujours vécu à Vienne permet de saisir encore aujourd’hui à la fois cette modernité dans les arts et les journaux, et cette tentation immense du fascisme. La première chose que firent les Allemands en entrant en 1938 à Vienne fut d’aller brûler entièrement la maison de Gustav Mahler, mort depuis 26 ans à l’époque. Rien de plus urgent que mettre en flammes les flammes de l’esprit !

« Les massacres sont certes terminés, mais les assassins sont toujours parmi nous », a écrit Elfriede Jelinek, l’une des héritières de Bachmann, la pionnière.

Traces de vie

Ingeborg Bachmann est donc née le 25 janvier 1926 à Klagenfurt en Autriche. Son père Matthias est directeur d’école et nationaliste aveugle. Sa mère est une exilée. Après des études normales et son bac en 1944, elle fait des études de philosophie, de psychologie et de langue allemande à, Klagenfurt, Innsbruck, Graz et Vienne. Mais auparavant elle avait vu la marche triomphante des nazis dans sa ville, elle avait douze ans. Sa thèse en 1950 portait sur Martin Heidegger « Die kritische Aufnahme der Existenzphilosophie Martin Heideggers », la perception critique de la philosophie de l’existence chez Heidegger ». Après ses études elle a travaillé à la radio autrichienne. Elle publia vraiment dés 1946.

En 1952 elle rejoint le groupe littéraire d’avant - garde, le groupe 47 « Gruppe 1947 ». Ce cercle littéraire allemand avait été fondé en 1947, d’où son nom, à Munich. Il allait devenir sous l’impulsion de Hans Werner Richter, le groupe le plus important et le plus influent en matière de politique littéraire dans la littérature allemande de l’après-guerre. Il se voulait démocratique et populaire, soumettant ses membres à des lectures critiques. Marqué par la guerre et la reconstruction de l’Allemagne, tous les thèmes de la vie quotidienne étaient abordés et les luttes magnifiées contre l’ordre établi. ce fut « la grande gueule de l’Allemagne ». Max Frisch le Suisse, Heinrich Böll, Ingeborg Bachmann, Uwe Johnson et Grass en faisaient partie. Comme eux elle participera à la création de pièces courtes pour la radio, des « Hörspiele. »

Ingeborg rebelle tourmentée était donc de la génération de Günter Grass, Martin Walser, Thomas Bernhardt, Paul Celan, Max Frisch et elle fut liée à beaucoup d’entre eux par l’amitié voire l’amour pour les deux derniers. C’est ainsi qu’elle eut une très profonde relation d’égal à égal avec Paul Celan qui marquera à jamais son œuvre mais aussi celle de Paul Celan.

Elle voyagea beaucoup à cette époque Rome, Paris, Londres, Munich et les USA. L’Italie surtout se révéla comme sa seconde patrie. En 1952 elle s’installa pour travailler avec le compositeur Hans Werner Henze sur des livrets d’opéra, « Der Prinz von Homburg, 1960 », « Der junge Lord, 1965 », « Nachtstücke und Arien ». Dès lors, elle se consacre à la littérature, écrit plusieurs recueils de poèmes, des pièces radiophoniques, et de ballet.

Son lieu d’attache sera jusqu’en 1957, Rome et Naples où elle fut correspondante du journal « Westdeutschen Allgemeinen ». En 1957 et 1958 Ingeborg Bachmann travailla comme auteur dramatique à la télévision de Münich. C’est en 1958 qu’elle créa le comité contre la bombe atomique. Déjà reconnue et célébrée son engagement pour la cause des pacifistes eut un grand retentissement. C’est en 1958, abandonnée par Celan, qu’elle rencontre Max Frisch dont partagea l’existence jusqu’au début de 1963, date de leur séparation.

Essayons de comprendre cette réunion à Zürich le 25 mai 1960 entre Paul Celan, Nelly Sachs, Ingeborg Bachmann et Max Frisch. Haute rencontre de hauts esprits qui ont modelé la nouvelle langue allemande et amitiés plus forte que tous les désirs. À 33 ans, en 1959, elle sera la première titulaire de la chaire de poétique de la faculté de Frankfort.

Elle traduira magistralement Giuseppe Ungaretti. Elle se lie avec Uwe Johnson, Johannes Bobrowski, Witold Gombrowicz et aussi Simon Wiesenthal chasseur de nazis. Elle voyagera en Égypte au Soudan. Elle cessera d’écrire de la poésie à cette période pour se concentrer à la prose. A partir de1962 Bachmann va vivre presque simultanément à Munich, Berlin, Zürich et Rome. Elle s’engage contre la guerre du Vietnam et retourne vivre à Rome dès 1965. Elle va y vivre recluse, dans son appartement où elle semble vieillir vite. On dirait une très, très vieille dame alors qu’elle n’a que la quarantaine. Recluse mais violemment engagée dans la vie de ce monde. Au printemps de 1973 elle va en Pologne et se rend en visite à Auschwitz et Birkenau.

Ingeborg Bachmann est morte le 17 octobre1973 à Rome, à 47 ans, dans un accident stupide. Un incendie dans son appartement sans doute dû à une cigarette mal éteinte au cours duquel elle fut si gravement brûlée dans la nuit du 25 au 26 septembre. Gravement brûlée elle succombera à ses blessures le 17 octobre. Elle sera enterrée une semaine plus tard dans sa ville natale, Klagenfurt, elle n’avait pas achevé son vaste cycle romanesque « Les chemins de la mort ».

Résonances d’Ingeborg Bachmann

« Elle est la poétesse la plus intelligente et la plus importante que l’Autriche ait produite au cours de ce siècle », écrivit Thomas Bernhard à la mort d’Ingeborg Bachmann, en 1973, à Rome.

C’est la première femme de la littérature de langue allemande après 1945 qui décrit avec des moyens poétiques forts la guerre dans la paix, la guerre entre les hommes et les femmes, la guerre entre l’écriture et la vie. Écrivain révolté, féministe elle assume les combats de la vie jusqu’à l’engagement politique et poétique. Elle signera des manifestes contre la guerre du Vietnam et rédigera des poèmes contre la bombe atomique.

Autant que ses amours malheureuses l’histoire autrichienne compte dans son œuvre. Sa vie est « une vie déchirée en premier lieu par l’histoire. Autrichienne, née en 1926, huit ans seulement après l’effondrement de l’empire austro-hongrois, fille de Mathias Bachmann, membre de la NSDAP dès 1932 et appartenant au noyau dur des nazis de Carinthie, jeune étudiante à Vienne dans l’immédiat après-guerre puis femme écrivain exilée à Berlin ou à Rome, Ingeborg Bachmann a expérimenté tout au long de sa vie différentes formes d’anéantissement ».(Revue Europe).

Son amour désastreux avec Paul Celan conduira la femme de celui-ci à écrire ceci: « Hier soir jusque tard dans la nuit j’ai lu les poèmes d’Ingeborg. Ils m’ont bouleversée. J’en ai pleuré. Quel sort terrible. Elle t’a tant aimé, elle a tellement souffert. Comment as-tu pu être si cruel avec elle ? Maintenant je me suis rapprochée d’elle, j’accepte que tu la revoies, je reste calme, tu lui dois cela, pauvre fille, digne et courageuse dans son silence de six années. Bien sûr que tu dois la revoir. Que c’est terrible ! »

Cette rencontre impossible va cimenter son œuvre et sa douleur.

Ingeborg Bachmann n’écrit pas en allemand pour faire une contre-langue, un témoignage sur l’anéantissement. Elle n’interroge pas la tradition. Pour elle les tourments du monde présent comptés plus que le passé. Alors que Paul Celan ne verra plus « dans le monde qu’un système de signes orientés vers la mort. », Ingeborg elle assumera les combats en cours. Ses repères n’étaient point la Bible, ni la souffrance du peuple juif, mais Joseph Roth et Robert Musil. L’oppression du monde moderne, l’oppression faite aux femmes sont ses motifs fondamentaux.

Elle décrira la condition de la femme dans une société conçue par les hommes et pour les hommes. Dans « Malina » et surtout dans « Trois sentiers vers le lac » où elle décrit cinq histoires de femmes de Vienne, qui sous des déguisements multiples, sont avant tout des récits d’exil. Rongées par un secret qu’elles n’osent avouer, ces cinq femmes errent, dans une inguérissable solitude, à la recherche d’une stratégie de survie capable de prendre en défaut l’oppression de la réalité.

Son œuvre embrasse autant les champs de la philosophie que de la poésie, du mélange du vécu de la vie et celui de la transposition par l’art. Biographie et imaginaire s’entrelacent dans son écriture. Ingeborg Bachmann a beaucoup réfléchi à comment écrire après le désastre, sur les possibilités de la littérature après 1945. Seule la défense d’une utopie de la langue à partir de l’expérience de la souffrance, lui semblera recevable. Il y a du félin, de la panthère dans son écriture qui vous saute à la gorge. Elle est guerrière comme Celan qui se voulait le guerrier juif contre le monde. Elle est aussi dialogue ardent et tumultueux envers les poètes (Rilke, Brecht, Celan...), qu’envers les philosophes surtout Adorno, Wittgenstein, Heidegger. Avec Paul Celan elle est la grande figure de la littérature allemande d’après 1945. Elle aura été la lutteuse acharnée pour la justice et la paix.

Traduire Ingeborg Bachmann est une rude affaire car il s’agit d’une poésie très intellectuelle, voire philosophique, avec des images terribles et dures, complexes aussi. Phrases si longues qu’on ne sait plus qui parle ou qui est encore le sujet. Une forêt de symboles parcourt ses mots, une pensée abstraite se voile d’énigmes. Et surtout une précision totale des mots, soutenue par une musique naturelle du parlé, et la force brutale des images si personnelles que l’on ne peut que survoler. Sa science du rythme et de l’intensité créatrice, la place haut dans la poésie lyrique allemande. Son écriture est singulière avec beaucoup de césures, des phrases encastrées dans les phrases, ses visions morbides, la force percutante de ses images. Elle est unique dans la littérature et peu encline à être traduite, car la dureté et la compacité de sa langue allemande ont peu d’échos dans les autres langues. Images de décadence et langue hardie et fouillant tous nos lâchetés la poésie de Bachmann est surtout une remise en question de la condition humaine. Il faudra un jour étudier ses influences sur Brecht. Comme lui, elle sait que dans cette société d’oppression aucun amour n’est possible. Et jamais elle ne pourra se taire contre l’injustice. Surtout celle faite aux femmes. Elle ne sera pas un écrivain de l’holocauste, mais un écrivain du monde qui souffre. Par exemple les thèmes de la colonisation et ses génocides seront au cœur de « Franza ». Et chaque homme est pour elle un colonisateur de la femme.

Le fascisme ne commence pas avec la première bombe larguée, il ne commence pas avec la terreur, sur laquelle vous pouvez écrire dans chaque journal. Il commence dans les relations entre les peuples. Le fascisme est la première chose qui s’établit entre la relation d’un homme avec une femme. Bachmann 1972.

Bachmann est à la fois un écrivain lyrique et un écrivain politique, avec la même violence.

Elle est oubliée maintenant, mais ce n’est pas un poète maudit. Elle est un mythe. Jamais elle ne sera un poète déchu, car elle est un poète debout. Son œuvre est à la fois symboliste et engagée. Elle se nourrit de la culture grecque mais aussi de Klopstock et de Rilke. Son écriture est concise, habitée d’images surréalistes, et sombre est sa couleur constante. Il passe aussi bien le malheur de ses amours, que ses avertissements à un monde qui court à sa perte. Elle prophétise les catastrophes à venir. Elle emploie pour cela l’utilisation des contes et des images bibliques, surtout ceux de la Genèse.

Dans le reflet de l’impossible dans le possible nous attendons nos possibles. Que nous l’engendrons, ce rapport de tension, dans lequel nous grandissons, c’est pourquoi je pense que cela adviendra. Bachmann.

De manière introspective et énigmatique, elle se penche au chevet du monde malade. La peur du retour du fascisme, la condition des femmes dans un univers patriarcal et hostile, la haine du quotidien des jours et des lâchetés mises bout à bout, sont ses obsessions. Dans son unique roman tout à coup elle signale un cauchemar: son père devenu nazi va la tuer dans une chambre à gaz. Terrible réapparition de son père mort quelques mois avant elle. Elle est aussi à l’écoute des interrogations sur l’existentiel, de l’avenir de l’humain. Elle est une force vive et désenchantée qui va.

« Elle n’a pas eu peur de poser la question fondamentale de savoir comment enrayer la liquidation du Moi humain, sa réduction à l’état de matériau ». Christine Rochelle

l’amour a son triomphe la mort a le sien

le temps ; et puis encore le temps.

Mais nous aucun.

Déclin des astres autour de nous, rien de plus. Reflet, silence. Après pourtant le chant s’élèvera par-dessus la poussière

tellement plus haut que nous. Chants de la fuite (Bachmann).

Gil Pressnitzer

Bibliographie

La trentième année, traduction M.S. Rollin, le Seuil, 1964

Malina, traduction Philippe Jaccottet, Le Seuil, 1973

Trois sentiers vers le lac, traduction H. Belletto, Éditions du Sorbier, 1982

Franza, roman, traduction M. Couffon, Actes Sud, 1985

Leçons de Francfort : problèmes de poésie contemporaine, traduction E. Poulain, Actes Sud, 1986

Requiem pour Fanny Goldmann, roman, traduction M. Couffon, Actes Sud, 1987

Berlin, un lieu de hasards, avec treize dessins de Günter Grass, traduction M.S. Couffin Actes Sud, 1987

Poèmes, traduction F.-R. Daillie Actes Sud, 1989

Ce que j’ai vu et entendu à Rome, traduction N. Casanova, Actes Sud, 1990

Le bon dieu de Manhattan, traduction de C. K¨bler, Actes Sud, 1990

Le Passeur, traduction de M. Couffon, Actes Sud, 1993.

sur Ingeborg Bachman :

Revue Europe, numéro 892-893, d’Août-septembre 2003

autres

* Die kritische Aufnahme der Existenzialphilosophie Martin Heideggers, 1950 (doctoral dissertation)

* Ein Geschäft mit Träumen, 1952 (radioplay)

* Die gestundete Zeit, 1953/1957

* Die Zikaden, 1955 (radioplay)

* Anrufung des Großen Bären, 1956

* Der gute Gott von Manhattan, 1958 (radioplay, The Good God of Manhattan)

* Der Prinz von Homburg, 1960 (libretto for Hans Werner Henze’s opera The Prince of Homburg)

* Das dreißigste Jahr, 1961 - The Thirtieth Year - Kolmaskymmenes vuosi

* Jugend in einer Österreichischen Stadt, 1961

* Gedichte, Hörspiele, Essays, 1964

* Ein Ort für Zufälle, 1965

* Der junge Lord, 1965 (libretto for Hans Werner Henze’s opera The Young Lord)

* Malina, 1971 -

* Simultan, 1972 -

* Gier, 1973

* Der Fall Franz, 1979 -

* Werke, 1978 (4 vols.)

* In the Storm of Roses: Selected Poems, 1986

* Paths to the Lake, 1989

* Wir müssen wahre Sätze finden, 1991 (ed. by Christine Koschel und Inge von Weidenbaum)

* Songs in Flight, 1994

* Ingeborg Bachmann und Paul Celan: Poetische Korrespondenzen, 1997 (ed. by Bernhard Böschenstein und Sigrid Weigel)

* Selected Prose and Drama, 1998

* Letzte, unveröffentlichte Gedichte Entwürfe und Fassungen, 1998 (ed. by Hans Höller)

* The Book of Franza & Requiem for Fanny Goldmann, 1999

* Letters to Felician, 2002 (trans. by Damion Searls)