Luc Bérimont

La fine fleur de la poésie française

Noël

Madame à minuit, croyez-vous qu’on veille ?

Madame à minuit, croyez-vous qu’on rit ?

Le vent de l’hiver me corne aux oreilles

Terre de Noël, si blanche et pareille,

Si pauvre, si vieille, et si dure aussi.

Au fond de la nuit, les fermes sommeillent,

Cadenas tirés sur la fleur du vin,

Mais la fleur du feu y fermente et veille

Comme le soleil au creux des moulins

Comme le soleil au creux des moulins.

Aux ruisseaux gelés la pierre est à fendre

Par temps de froidure, il n’est plus de fous,

L’heure de minuit, cette heure où l’on chante

Piquera mon cœur bien mieux que le houx

Piquera mon cœur bien mieux que le houx.

J’avais des amours, des amis sans nombre

Des rires tressés au ciel de l’été,

Lors, me voici seul, tisonnant des ombres

Le charroi d’hiver a tout emporté

Le charroi d’hiver a tout emporté.

Pourquoi ce Noël, pourquoi ces lumières,

Il n’est rien venu d’autre que les pleurs,

Je ne mordrai plus dans l’orange amère

Et ton souvenir m’arrache le cœur

Et ton souvenir m’arrache le cœur.

Madame à minuit, croyez-vous qu’on veille ?

Madame à minuit, croyez-vous qu’on rit ?

Le vent de l’hiver me corne aux oreilles

Terre de Noël, si blanche et pareille,

Si pauvre, si vieille, et si dure aussi.

J’aurais découvert l’autre visage de Luc Bérimont par cette chanson de Léo Ferré que chante souvent Jacques Bertin.

Les liens entre les deux furent presque filiaux, et grâce à une émission qui faisait honneur à ce qu’était encore la radio, qui depuis s’est fermée à la chanson et grande ouverte au raz de marée de la bêtise binaire. Cette émission « La fine fleur de la chanson française », à France Inter, vers les années soixante donnait à entendre des chansons à texte. Jacques Douai chantait souvent les démons et merveilles des poètes, de jeunes chanteurs et parmi ceux-ci j’entendis pour la première fois la jeune voix de Bertin débutant, ceci me lia à lui.

Un tel homme ne pouvait être que bon. Ses poèmes à l’époque facilement trouvables le démontraient d’évidence.

La voix de Bérimont

Je suis donc un des enfants de Bérimont par la voix des ondes, par ses entretiens avec Brassens et d’autres. Cet homme de radio qui donnait la bonne parole est devenu un homme sans paroles dans notre époque futile et zappeuse. Son ami René Guy Cadou, l’homme à la pèlerine, la tête sous un capuchon, aura eu plus de chance que lui, et pourtant les poèmes de Luc Bérimont leur arrivent bien à l’épaule. Mais où les lire ?

Il ne reste qu’à écouter ses textes mis en musique par Bertin ou chez Poésies et Chansons et bénir le Cherche-Midi pour sa publication des premiers textes de Luc en espérant sans trop y croire surtout ceux d’après 1958 à 1983.

Mais le scandale absolu de la poésie sur les ondes se paiera fort cher.

« Si vous écoutez l’antenne, vous savez que j’ai - plus ou moins -

rompu avec « la chanson » - la Fine Fleur étant exilée sur Inter-Variétés le dimanche soir ; transformée en émission "littéraire" !!! Je suis dégoûté, ulcéré, démoralisé, et tout et tout, à la suite de plusieurs années de bagarres qui ne m’ont valu

que sourires et mépris. On me prend pour un doux dingue, et jouer les redresseurs de torts me place dans une situation sans issue ».

La vénération réciproque de Bérimont et de Bertin pour Félix Leclerc leur faisait aussi des paysages mentaux communs déjà édifiés sur le socle de l’ami René Guy Cadou. Bertin parle certes de l’homme de radio des années 50 et 60 mais aussi du poète « infatigable, inextinguible, désordonné ; pétillant de joie, et hâbleur, mais dispersé par la soif de vivre, crucifié par les femmes et par les mots ».

Car Bérimont semble caché au sein de « l’école de Rochefort », aimable supercherie de Jean Bouhier, et qui n’avait d’école réelle que celle en murs de René Guy Cadou, je parle de son école d’instituteur, où des amis plein de ferveur se réunissaient contre les nuits et les brouillards de l’occupation allemande. Il s’est ensuite tellement mis au service des autres, poètes ou chanteurs, qu’il a accepté de se fondre dans le paysage, inconnu, lucide, et attentif, jamais en retard d’une amitié.

Comme les poèmes « sont une poignée de mains » d’après Paul Celan, Bérimont aura serré bien des mains. Il est scandaleux qu’un tel bonhomme ne soit cité que pour son interview de Brassens et pas pour ce qu’il est, un immense poète.

Luc savait que les mots germent la nuit et se recueillent au tout petit jour. Il célébrait les « amants de pleine terre ».

Quelques comptines de lui traînent encore dans les écoles, mais sa poésie s’ignore de s’ignorer. Il a tant passé de temps à être passeur qu’il s’est lui-même oublié en chemin. Sa ferveur des femmes et des amis, la sensualité de ses mots, ne peuvent ainsi s’oublier.

Mort en 1983, il semble dans « le ravin des durées sauvages » et ne pouvoir en ressortir. On l’aimait, on ne lit pas et sa veuve n’a pu poursuivre l’entreprise de rééditions de ses poèmes. Triste pays où les princes sont des marchands d’armes, et où l’édition veut « la performance à tout prix ».

Maudits soient donc les poètes, ou plutôt au diable les marchands, la compassion des hypocrites.

Sa fuite avec sa femme juive dans la campagne profonde dans les vignes du Layon, sera son baptême de la profonde nature. Puis il apprendra à retenir l’instant, à cueillir la rosée. Il savait qu’il était lui-même à la fois le feu et le bois. Et il aura brûlé, aimé, donné.

Il est dorénavant le charbon de bois écrit sur le dos de la forêt. Son absence se retrouve dans la clairière se jette dans la rosée. Il a fait de ses poèmes une maison de forestier, il nous réapprend l’alphabet des herbes. Une lessive de feuilles était en cours dans ses mots. Par lui les amours de disparus vont depuis au ruisseau et des contes ont laissé des cercles de feu par terre.

Les renards s’en amusent. Les geais s’en méfient. Il nous dit :
La rumeur des arbres étend ses draps, couche-toi !

Hommage à Bérimont

Quand je pense à Bérimont j’écris cela pour retrouver son climat si particulier :

Les mouchoirs sont rangés dessus les robes

La cuisine est allumée depuis cent ans

Le lavoir est trop loin et il gèle

A mémoire fendre

Les rideaux pèsent leur poids d’homme

Les volets se sont fâchés avec les tilleuls du dehors

Ils se referment en eux-mêmes

La tristesse est cachée dans une laine bleue

Jamais je ne sortirai de cette maison

Peut-être pourtant pour aller vers le puits

Caillou dans le seau

Oui je veux bien qu’il n’y ait plus d’après

Je l’écris pour Luc et je voudrais tant qu’il revienne.

Luc Bérimont se trouvait laid avec ses lunettes hublots du monde, il se cachait derrière un rideau de paroles, et même son nom André Leclerc il l’avait déserté pour celui de Bérimont. Et pourtant chaque matin il s’en allait s’écarteler sur les ronces sanglantes de l’amour, sur les tessons de verre du quotidien. Il revenait la nuit en sanglots en en poèmes. Il écrivait beaucoup, dans une angoisse urgente. Solidaire, il était profondément solidaire au monde, aux hommes. Sa poésie coule doucement, avec un halo de brumes sur elle avec « la pluie marchant pieds nus » sur ses mots. Je connais peu de poésie aussi haute, aussi éveillante, aussi belle.

« La fidélité étant le mur où s’appuyer avant l’effroi des paysages, j’ai voulu rendre ce qu’il m’avait donné ». Cette noble phrase de Bertin me guide aussi pour faire réapparaître Luc, ses rires, ses pleurs, ses amours en débâcle, ses amitiés en oriflamme.

Salut Luc, ta voix que les ondes nous ont seulement rendu me corne aux oreilles, me fait feu de bois dans nos gerçures du quotidien. Te voilà de nouveau amoureux, griffonnant à la hâte des enlacements charnels de mots :
Ta peau me brûle, ta douceur me désaltère, quand tes yeux regardent la terre, elle devient bleue jusqu’au cœur. Il a peu d’aussi beaux mots d’amour.

Et puis et puis, « il ne faut pas succomber au désespoir, il ne tient jamais ses promesses », dit un proverbe yiddish.

Alors tu reviendras avec ton soleil fourchu, ce vin que tu aimais tant. Tu diras encore tes grains d’espérance à nous donner :

Ferme la mort, ouvre l’enfant

soit mon espace du dedans

ma nuit de noir soleil hurlant.

« Je voudrais qu’il fasse soudain très froid et très pur sur le monde», tu disais cela Luc.

Il fait froid sur le monde, il ne fait vraiment pas plus pur, ta pureté s’en est allée. Et ton souvenir m’arrache le cœur.

Mais il reste ta générosité débordante qui demeure notre marée.

Marie-Hélène Fraïssé a parlé de «sa croyance dans le pouvoir des mots. Une sorte de ferveur, de foi dans l’énergie fondatrice, guérisseuse, rassembleuse de la parole humaine ». Tout est dit.

gil pressnitzer

Choix de textes

Mon amour, je t’associe à la senteur de l’herbe que l’on a coupée dans le pré

je te marie au chant du rossignol, à la splendeur des boutons d’or et des genêts

Mon amour, le corps universel que nous cherchons à travers nous deux, à tâtons

est présenté dans l’ombre des ombrelles, dans le bleu têtu des chardons

Mon amour, tenons bon la route, et la sente, et l’herbier des nuits

Tout nous est donné, sans le doute qui ronge les cours et les dents

Je parle d’astres, de survie. Par toi, je suis, de nouveau, né

Entends la flamme de l’été qui ronfle sur nos champs de vie

Et crois que l’accord est passé pour les cent mille ans du passé

autant que pour l’éternité »

Luc Bérimont - Dimanche 29 Mai 1983 -

paru dans la revue Signes de mars 1985

Le voyageur

Je suis ce voyageur qui quémande une chambre

par une nuit d’hiver dans un hôtel bondé

la maison brille un peu en chassant une lampe

et c’est pareil aux nuits glacées du vieux décembre

quand l’hiver et la nuit semblaient tout occupés

le vent hurle en travers dans son manteau troué.

Il est là les pieds froids la tête sur la lune

sa valise effondrée forme une morne dune

et c’est vraiment la mer qui le suit qu’il entend

plutôt que cette voix d’hôtesse qui surprend

et descend des volets clos du premier étage

et dit " ne reste plus un lit dans le village"

Madame, savez-vous ce qu’est le cœur bondé

quand l’hiver et la nuit semblent tout occupés

la maison brille un peu en chassant une lampe

et c’est pareil aux nuits glacées du vieux décembre

quand regardant la porte et ne pouvant entrer

le voyageur est comme un rêve aux mains coupées

je t’attends aux grilles des routes

je t’attends aux grilles des routes

aux croisées du vent du sommeil

je crie ton nom au fond des soutes

des marécages sans oiseaux

du fond de ce désert de fonte

où je pose un à un mes pas

j’attends la source de tes bras

de tes cheveux de ton haleine

j’attends la source de tes bras

de tes cheveux de ton haleine

tu es terrible tu m’enchaînes

tu me dévastes tu me fais

je t’attends comme la forêt

inextricable enchevêtrée

tissée de renards et de geais

mais que le matin fait chanter.

ma vie ma vie

Si ma vie je sais à présent que tu partiras sans bagages

comme une femme qui s’en va laissant celui qu’elle a aimé

Tu partiras seule en pleurant par la porte sans paysages

un jour tu partiras sans moi en laissant notre lit défait

Avons-nous pourtant cheminé de l’innocence à la sagesse

habités d’un étrange amour fait de distance et de tendresse

Jamais tu n’as crié mon nom retranchée dans ton lourd secret

Si je tisonnais à foison les corps dont tu me pourvoyais

mon épouse était toi toujours, toujours étrangère aux caresses

me mesurant l’air et le pain tenant mon souffle à ta merci

ma vie ma vie

tu partiras

ma vie ma vie

tu partiras

m’abandonnant en ma détresse

enclavé dans l’hiver sans feu attisé de mille soucis

ma vie ma vie

tu partiras

le trajet raccourci en nous à chaque battement d’artère

et lorsque le cours s’interrompt ce n’est que charroi qui se ferre

rien qu’une ferraille à jeter au ravin des durées sauvages

ou bien un fleuve qui s’en va étirant son immensité

Si ma vie je sais à présent que tu partiras sans bagages

comme une femme qui s’en va laissant celui qu’elle a aimé

nous le savions le répétions nous le relisions dans nos sables

alors ma vie dis-moi pourquoi

la nappe d’or fin sur ma table

Cheval

le cheval a le temps de mesurer la terre

il tire au râtelier la paille du soleil

sur son ventre un tracé de rivières amères

où déferle le sang innocent des sueurs

cheval

cheval cloué vivant sur l’arbre de la faim

ton œil veilleur et doux sur nos mains pardonnées

cheval

jusqu’au poitrail dans la houle du pain

éclaboussé de vent et frotté de fumée

cheval

cheval mal dégagé des brumes du matin

somnambule avancé sur le bord du ciel vide

une voix te hasarde une voix retient

usé par le vin fort et l’amour et l’eau des larmes

La huche à pain

(Proses - Extraits)

Je fais retraite chez les oiseaux. Cela vaut bien les

monastères et leur mise en scène sacrée !

À midi, le soleil abat ses lanières d’or sur mes épaules. Ai-je

besoin d’une autre discipline pour expier tous les

péchés commis envers les quatre éléments ? Je cherche le rythme oublié.

J’apprends l’effort, le puits, la colline et le thym.

Le vent et les bêtes sauvages coulent devant ma porte. Le feu de bois exige un très long souffle humain.

...

Sorti du chant du coq et du petit froid vert de l’aube,

je progresse au travers de la chaleur, je marche

jusqu’au soir de la journée, encouragé par la présence

de l’arbre, par la rondeur des fruits, par la confiance

baveuse des troupeaux.

Je m’allonge sur la terre tiédie pour jouir du bleu

imaginaire, du bleu presque trop pur de la lumière. Au fond, ce n’est pas vrai !

Cette danse pétrie de mer, de miel et de feuillages, je l’invente au fond de mon œil. La

haie folle de couleurs, la vague de ce bouquet d’arbres balancé, la langueur brune de ce coteau blasonné de

vignes, je les crée pour mon seul plaisir. Je suis ivre de mon œil, collé de toute mon âme à cette lucarne

claire.

...

Tout s’apaise. La terre est ronde sous mes reins. La

rivière entre par le haut de ma tête et sort au bout de

mes talons. Elle me traverse. Je la sens charrier ses

longues herbes flottantes, ses troupes nageuses de

poissons blancs...

....

Je construis une femme nue.

Une femme inutile. Une femme dont mon corps n’a que

faire.

Une mésange qui riait dans la tête d’un chêne fait

refluer mon regard. La femme s’envole et je suis libre.

La mésange s’envole aussi. Je sais où les retrouver

toutes deux.

Le vent lave mon visage. Une fois les paupières

baissées, je suis plus aveugle qu’une taupe. Cette

flaque rose que je distingue vaguement devant ma

prunelle, c’est le reflet du jour au travers de mon sang.

...

À quoi cela sert-il que je sois vertical ? J’oublie mon

nom, je suis sans souvenirs. J’invente l’attitude

heureuse, je retrouve l’orientation des morts et des

amants. J’accepte d’adhérer au monde et de ne plus

penser.

Luc Bérimont paru dans la revue Signes de mars 1985

Limbes.

Limbes ! enfouissez-moi à la saison des pluies
Limbes de mémoire et de vent
Souvent, je rends les armes à ce temps dérouté
La peau morte qui saigne est un étrange mal
Des cortèges en moi se forment sur les places
Défilés paysans, filles souillées, soldats

Les grands-pères s’en vont dans leurs velours suris
Boire la bière noire aux estaminets gris
Les veuves se rhabillent en d’étranges postures
Les guêpes alourdies rament les confitures
Et vous seuls, mes soldats, continuez vos rires
Dans un brouillard de larmes et de tabac mêlés

Soldats bleus, mes fontaines
Les charrois du passé vous convoient dans l’hiver
Vous vous chauffez au feu allumé dans la neige
Vous touchez gravement des vaisselles flamandes
Vous écoutez la mer battre dans une haie
Vous détournez vos pas devant un hérisson
Vous déplacez des reins le poids du fusil mort

Soldats bleus, mon domaine
Les limbes du sommeil, et le froid, vous allouent

Sais-je si je suis plus qu’un rêve sans dormeur ?

La nuit d’aube Une rose a percé la pierre de la neige
Une rose a percé la pierre de l’hiver
Galopez dans le ciel, chevaux blancs des cortèges
Une rose a percé la pierre de la neige.
Une rose a tremblé sur la paille, à l’auberge
L’ange au gantelet noir roule sous les sapins
Une rose a tremblé, plus frileuse qu’un cierge
La neige lacérait le ciel ultramontain.
Édifice du temps un enfant vous renverse
Une rose, une lampe, une larme au matin.
Il suffit d’un baiser qui réchauffe la neige
Et notre rose à nous brûle déjà ta main.
extrait de "C’était hier et c’est demain", éd. seghers, 2004

Le Vin Mordu

à René Guy Cadou

De bas brouillards tremblaient aux vallées de l’automne

Les chiens jappaient sans fin sur le bord des ruisseaux,

On entendait rouiller leurs abois dans l’écho

A des lieux et des lieux, sur des pays sans borne.

Le vent sentait la pierre rêche et le gibier

Il était dur et vif à nous trancher la gorge.

Nous nous hâtions vers quelque grange, dont le porche

Offrait déjà l’abri à des coqs qui chantaient.

Lorsque, sur le revers d’un coteau, nous trouvâmes

La jaune, apaisante, caresse des raisins:

Bien à l’écart du vent, des grappes plein les mains

Nous bûmes longuement, renversés sur la flamme.

La Tentation du Requiem

Seigneur ! guidez le souffle court

Qui vous cherche dans la prairie…

Vous, l’agneau frêle, et vous l’Amour

Soyez ma force en ce séjour

Où l’on tremble de non-retour

Lourd d’une terreur infinie.

Les visages baignés de pleurs

Seigneur ! les laissons-nous sur terre

Pour que, vidés de leur douleur

Ils soient les pommiers pleins de fleurs

Gorgés de sève, de couleurs

Qui célèbrent Votre Mystère ?

Les êtres, Seigneur Tout Puissant

Sont le tourbillon de Vos côtes

Ils s’affirment en franchissant

La frontière de Votre flanc

Où la lance a fouillé le sang

Avant l’aube des Pentecôtes

Race des bourreaux suppliciés

Nous voici rendus face aux flammes

Dont, Seigneur ! vous nous garderez

En nous prenant dans vos filets

Comme s’y prend le doux gibier

De notre mort et de nos âmes.

Pitié, Seigneur ! aussi pour Vous

Qui nous cherchez dans la ténèbre

Que la route, en son dernier bout

Pure et droite, parmi les houx

Dorée de lune en son décours

Survolée de l’Ange aux trompettes

Soit celle qui mène à la fête

Éternelle de votre Amour.

le dernier poème (inédit) de Luc Bérimont (novembre 1983) ; copyright : Marie-Hélène Fraïssé

Bibliographie

- »Domaine de la nuit» », (ronéotypé aux Armées), 1940,

- « La huche à pain » - Les amis de Rochefort - 1943.
- « Les mots germent la nuit », Pierre Seghers, 1951

- « Le Lait d’homme » poèmes Debresse, 1952 - (Les Cahiers de Rochefort).

- « L’Office des ténèbres » roman Grasset, 1955.

- « Les Accrus, poèmes » - Pierre Seghers 1963.

- « Un feu vivant » - Flammarion 1968.

- « L’Evidence même » - Flammarion, 1971.

- « Les Ficelles » - Les Éditeurs Français Réunis, 1974.

--« Comptines pour les enfants d’ici et les canards sauvages » - Librairie Saint-Germain-des-Prés, 1974.

- « Demain la veille » - Ed. Saint-Germain-des-Prés, 1977.

- « L’Esprit d’enfance » - Ed. Ouvrières, 1980.

- « L’Homme retrait » - Rougerie 1980.

- « Reprise du récit » - Rougerie 1983.

- « Grenier des caravanes » - Bois gravés de Roger Toulouse -Caractères, 1983.

- poésies complètes jusqu’en 1958 le Cherche-Midi 1966 (tome 2 à paraître)

- Poésies Complètes Presses universitaires d’Angers Tomme 1-2-3 (2009-2011)

. « Le sang des hommes », Bruno Doucey, 2015

Romans

Malisette (Amis de Rochefort, 1942).
Les loups de Malenfance (Julliard, 1949, réedition Marabout, Rombaldi et Phébus, 1987).
L’Office des ténèbres (Grasset, 1955).
Le Carré de la vitesse (Fayard, 1958).
Le bois Castiau, (Robert Laffont, 1963, réedition Rombaldi et Stock, 1980, Prix Cazes).
Le bruit des amours et des guerres (Robert Laffont, 1966, Grand prix de la SGDL).
Les Ficelles (Editeurs Français Réunis, 1974).