Bob Brozman

Le blues dans un éclat de rire

Dans l’enfer des guitares en fer, on the sunny side of the slide, il y a un fou de génie, Bob Brozman.

Mélange délirant de Mel Brooks, de Woody Allen sachant enfin jouer d’un instrument, de Frank Zappa ne se prenant pas au sérieux, mais surtout de toute l’histoire du blues, Bob Brozman sait en se marrant être le plus grand virtuose de son temps.

Ce juif New-Yorkais est le plus pur styliste du jeu hawaïen mais aussi de la mandoline, de la guitare ténor, de l’ukulele, du rag time, du slide - et aussi de l’humour froid. Professeur d’universités, professeur des rues, little Bob a été réincarné dans les années 20-30 et depuis sa folie douce nous atteint furieusement.

Son one-man show est la chose la plus dingue à voir en ce moment, la vraie folle histoire du monde blues. Ce mec est définitif, un clown métaphysique ! Jongleur de blues, de calypso, de musique hawaïenne, c’est le diable en personne qui tire la queue de saguitare. Pour jouer à tombeau ouvert, c’est connu, il faut être déjanté, et Brozman l’est jusqu’au fond des tripes.

Son rapport à la guitare devrait faire blêmir les lignes de vertus tant il en tire de somptueux gémissements. "Vous savez j’ai appris à jouer en cinq minutes. Bien sûr, j’étais très concentré pendant ces quelques minutes".
Sorti d’un dessin de Gotlib, plutôt de Robert Crumb son complice, "Drum-machine dans la main droite, synthé dans la tête" Brozman décourage tous les guitaristes par sa virtuosité.

Un éminent confrère et néanmoins ami, a écrit:
"Bob Brozman, réincarnation de Groucho Marx et des années 20 - 30 est un allumé, un excentrique virtuose (meilleur guitariste de "Guitar Player") qui vole d’incroyables harmoniques à de vieilles "National".

Ce zinzin mérite le détour car ses shows relèvent plus de Tex Avery que du cours d’éthno-musicologie, "son auto-parodie n’ayant d’égale que sa dextérité diabolique"(Frank Tenaille, le Nouvel Observateur).

Ce petit barbu maléfique aux lunettes cerclées de métal dégage un bonheur et une joie de vivre et de jouer irradiante.
Cher public attention, Bob Brozman est épuisant de rires et de notes arrachées à ses guitares métalliques.

"Expérience quasi - transcendantale" dit Bob de ses concerts en se marrant, non expérience tout court pour découvrir le vrai blues, débarrassé de son décor romantique et larmoyant, le blues pour vivre et rigoler, le blues pour s’en sortir, car comme le disait un autre Bob, Zimmerman celui-là, tout est "Burlesque".

Un clown génial vous le rappelle et frappe un grand coup, au cœur du blues.

Gil Pressnitzer