Dan Bigras

L’allumé du cœur et des entrailles

Chanteur et compositeur, né à Montréal au Québec, Dan Bigras est célèbre dans son beau pays, dans la droite lignée de Richard Desjardins. Chantant avec son cœur et ses tripes, "Le fou du diable" est encore à découvrir en France malgré des passages chocs aux Francofolies de La Rochelle, et au festival de chansons de Montauban.
S’accompagnant lui-même au synthétiseur ou au piano, il empoigne une salle, il étreint son public. Funambule entre rock et poésie, violence et émotion, de l’humour ravageur ; jusqu’à la ballade à fleur de larmes (Lettre d’un vieux guerrier), Dan Bigras n’a plus qu’une vie pour naître, (il est né en 1957, le 23 décembre à Montréal).
Alors forcément il fait dans la démesure, dans une démence des soirées chaudes. Le chien est lâché disent de lui ses poteaux (copains) québécois. Avec ses tatouages et ses muscles en avant de lui, il n’aurait pu n’être qu’un clone de Bernard Lavilliers. Mais non, c’est bien mieux, cette houle terrible qui le transporte fait de lui un homme sincère.

Véritable fou du diable il fait de la scène une arène, de ses chansons un drame puissant. il est l’homme des grands dérangements, des grands débordements. Il passe en une seconde de la violence à l’humour ou la tendresse. Son album "Le fou du diable" donne déjà quelques frissons, mais le voir tel un fauve dans le cinglement des mots, avec sa grande carcasse, sa voix qui roule des pierres et des arbres, parfois des émotions presque insoutenables, est une autre chose.

Des décennies à hurler dans les "bars de blues", à faire le clochard céleste, tout cela vous forge un homme de quarante ans. Certes ce n’est pas jus d’érable, mais plutôt du whisky blanc qui secoue ferme. Puis il en a eu marre de chanter en anglais et se lance dans la chanson francophone en 1983. Après bien des performances pendant vingt ans de scène et de tournées devant un public emporté et médusé, il prendra un grand recul avec la chanson. Il dit avoir fait le "tour du jardin" de la chanson. Mais après avoir fui la scène à partir de l’automne 2000, et s’être adonné à la réalisation puis au métier d’acteur, Dan Bigras n’a pu échapper à son destin tumultueux de chanteur et il est revenu sur scène, tant mieux tabernacle !

Il préfère faire des films en tant que réalisateur (le ring intérieur) et surtout en tant que comédien. Il semble enfin revenir à la scène retrouvant du fun dans ce métier. Mais il dit aussi qu’il va se retirer pour de longues années. Cet ours étant incontrôlable, on ne sait pas ce qu’il adviendra de sa carrière de chanteur.
Dan Bigras est prenant, dérangeant comme quelqu’un qui a flotté au-dessus de l’océan de la folie. Dan Bigras est une véhémence, une force brute pleine de poésie.

Nouveau grand de la chanson québécoise à côté du grand aîné Richard Desjardins qu’il vénère, Dan Bigras avec ses allures de rocker-poète saura vite coloniser la France ! "Quel maudit chanteur" disent en chœur nos frangins du Québec
Debout face à son synthé qu’il roue de coups et de caresses, il dégage une énergie brute, une force fascinante. Qu’il chante Brel, Léo Ferré, Racine, Victor Hugo ou ses chansons c’est toujours un corps à corps épique, une lutte contre le minotaure du temps.

Dan Bigras, c’est l’étoffe des héros, un grand de la chanson, émouvant, violent, qui a le visage des naufrages (Naufrage, chanson extraordinaire !), et la beauté des tatouages du cœur. Il est tellement merveilleusement fou qu’il chante Racine ou Hugo en rock, ou la vie en loques. Porté par le concert, Dan Bigras porte le public, et ses petites tirades, d’un humour à fendre le gel, qu’il nous offre entre chaque chanson, laissent percevoir la belle graine d’homme qu’il est, encore ange animal.

Dan Bigras, quelle belle claque !
Œil rêvant et l’autre aux aguets, Dan Bigras fouette la chanson, elle aime cela la bougresse !

Gil Pressnitzer

Chansons de Dan Bigras

Je t’aime et je ne t’aime pas

(Paroles : Roger Tabra - Musique : Dan Bigras)

Si ma musique est une autre couleur
Et si ma mort est une autre existence
Si mon bonheur est le frère du malheur
Si ma parole est un chant du silence
Si le meilleur est le visage du pire
Et si mon ciel est un morceau de terre
Si mes grimaces sont d’étranges sourires
Si chaque chose est aussi son contraire
Je t’aime et je ne t’aime pas

Si mes baisers te promettent des larmes
Si mon réel n’est qu’un manteau de songes
Si mes caresses blessent autant que des armes
Si mes serments sont aussi des mensonges
Si chaque hiver est une fleur de l’été
Chaque printemps a les yeux de l’hiver
Si chaque instant dure l’éternité
Si chaque chose est aussi son contraire
Je t’aime et je ne t’aime pas

Si chaque nuit n’est rien qu’un autre jour
Si notre vie est une autre chimère
Et si la haine est la sœur de l’amour
Si chaque chose est aussi son contraire
Je t’aime et je ne t’aime pas Je t’aime et je ne t’aime pas
Je t’aime et je ne t’aime pas

Naufrage

(Paroles : Gilbert Langevin - Musique : Dan Bigras)

Je tourne en rond dans ton absence
Le coeur déchiré par l’ennui
Victime de ton indifférence
Comme un remous seul dans la nuit
Je me torture à essayer
D’oublier nos complicités
Notre passé fleuri de rires
Et les oiseaux de mon plaisir
Après avoir volé si haut
Après avoir atteint l’extase
Après avoir été si beaux
Mes rêves se traînent dans la vase
Qu’est-ce que je fais dans cet exil
Dans ce repaire en forme d’île
Avant de fuir je ne sais où
Je songe à toi Je songe à nous
Un vent glacé hante ma tête
Flot de regrets, folle tempête
Vie solitaire comme un désert
Dont le silence me désespère
Tous mes élans vers le futur
Se cognent aux portes du remords
Je t’ai perdue le long d’un mur
Où se profile encore ton corps
J’entends l’écho de notre amour
Comme une vague de velours
Est-ce ma faute si mon âge
A le visage d’un naufrage
Comment hurler mon désarroi
Ma peine de vivre loin de toi
Femme libérée, belle à mourir
Comment te faire revenir

Dors, ma belle (Berceuse Pour Une Bouteille)

(Paroles et Musique : Dan Bigras)

Je partirai sur des chemins fous
Loin de toi et loin de nous
Je ne reconnais plus notre amour
Car la mort dort dans notre cour
Jamais je ne pourrai nous fuir
Ma douleur, ma douce, mon désir
Je te tuerai, ô mon amour
Je veillerai jusqu’au petit jour
Dors, ma belle
Ma belle, dors
Toi si belle
Moi si retors
D’une âme vieille
De mille morts
Qui rôdent, qui veillent
Sur toi ma belle, dors
Dors, ma belle
Tu es partie, je suis toujours
Là à guetter ton grand retour
J’ai dû me faire de beaux châteaux
J’ai dû rêver que j’étais beau
J’ai dû rêver que tu m’aimais
J’ai dû rêver que je rêvais
J’ai dû oublier qui j’étais
Un vieil enfant, un homme mauvais
Dors, ma belle Ma belle, dors Toi si belle
Moi si retors
D’une âme vieille
De mille morts
Qui rôdent, qui veillent
Sur toi ma belle, dors
Dors, ma belle
Dors, ma belle
Ma belle, dors
Toi si belle
Moi si retors
D’une âme vieille
De mille morts
Qui rôdent, qui veillent
Sur toi ma belle, dors
Dors, ma belle.

Ange Animal

(Paroles : Gilbert Langevin - Musique : Dan Bigras)

Ange Animal, Ange Amical
Tu me consoles, tu me désoles
Est-ce que tu sais que tu m’rends fou
Avec ta croix, avec tes clous
Mais oui je sais, tu m’as sauvé
Et puis t’es mort abandonné Ange Animal, moi je m’affole
Devant tes pleurs, tes paraboles
Quand j’suis cloué sur la misère
Comme sur le pire des calvaires
J’ai comme le goût de te maudire
Mais j’continue à te mentir
À te mentir jusqu’au beau temps
Jusqu’au beau temps des fleurs nouvelles
Jusqu’à l’éclair des nouveau-nés
Jusqu’au soleil ensoleillé
Moi j’admirais quand j’étais p’tit Ange Animal, ange mon ami
Est-ce ta faute, est-ce la mienne
Dans l’bras d’la côte, si tout s’déchaîne
Ange Animal, Ange Amical Je pense à toi quand ça va mal
Tu m’pognes le coeur quand j’suis couché Ange Animal, vas-tu m’lâcher
Ange Animal, frère d’hôpital
Pourrais-tu m’dire qu’est-ce qu’il faut faire
Après qu’on a plongé ses nerfs
De corps mortel en drame d’âmes
Comment, comment ne pas te dire
Que des soldats de mon espèce
Y’en a à l’est, y’en a à l’ouest
Qui veulent aimer avant de mourir
Est-ce possible d’avoir la paix
Quand ces guerres sales qu’on ne fait pas
On les voit toutes à la télé
Comme si on était en train d’se tuer
Tous ces bulletins d’mauvaises nouvelles
Crachent un bilan tellement cruel
Après les mots, les chiffres tombent
Comme de la terre sur nos tombes
J’espère qu’ailleurs on nous pardonne
On est si seuls contre la nuit
Qui noie nos vies de carnaval
Dans une mer de temps fatal
C’est avec toi que j’marche encore
Du sud au nord jusqu’à l’aurore
T’es ma boussole, t’es ma survie
Ange Animal, ange mon ami

Discographie

Ange Animal (1989)

Tue-Moi (1992)

Au nom de l’amour (1993)

Les immortelles (1993)

Le fou du diable (1995)

Le chien (1998)

x. 2000 et un enfant (1999)

Communio (2000)

(Album enregistré en spectacle avec Laurence Jalbert) 1992/2002

Tout... (2003)

Fou (2005)