Gonzalo Rubalcaba

Le piano chargé d’épices

Il nous est venu un grand bateau chargé de mille épices de Cuba, il tangue, il danse et se pose sur le vent.
Toutes ses odeurs sont étalées sur les quais des touches noires et blanches. Ses lumières étaient attendues depuis longtemps, par ceux qui agitaient les mouchoirs blancs des rêves de musique au goût de rhum.

Et ce fut un des derniers grands cadeaux du doux fêlé, Dizzy Gillespie, de nous révéler Gonzalo Rubalcaba, son ami cubain.Pianiste et compositeur né à La Havane en 1963. il a su faire une belle mixture tout à la fois de sa formation classique, de son écoute passionnée des naufrageurs du jazz (Monk, Bill Evans. Coltrane),- ceux qui allument des pièges sur nos plages, sans oublier les concoctions délirantes des sorciers cubains musiciens ou chamans. Il a fait mijoter le tout, à laisser revenir au feu très doux de la lune et puis il a servi bien chaud ces piments de la nuit.

Longtemps exilé dans son île, il jouait en rond, et puis le lac de sa musique devint pleine mer. Et il devint une île au cœur du monde.Que ce soit avec ses musiciens cubains, ou avec ses pairs Charlie Haden et d’autres.

On l’attendait dans le royaume parfois vermoulu du jazz, un peu comme on attend les barbares.Son jazz afro-cubain a surpris par sa fraîcheur, sa vitalité, son énergie lâchée comme des chevaux noirs.Sa virtuosité ébouriffante, sa gentillesse chaleureuse, son piano à vif, tout cela a parlé pour lui, plutôt timide. Il suffit que la joie danse sur son piano, s’il le regarde souvent droit dans les yeux ce n’est pas isolément mais immersion.En apnée dans ses rêves, il pétrit la mélodie de ses mains ; En répétition il croise toutes les idées de ses amis, montrant une phrase à la batterie et à l’écoute du ventre de la terre africaine qui passe juste à côté.Rebondissement des peaux.Son, danzon, rumba, fanfare cubaine, salsa bien sûr, s’entrechoquent dans un éclatant orage tropical.Que d’oiseaux ivres de rhum et de danse dans les tempêtes musicales de Gonzalo Rubalcaba !Sa musique au tabac rouge des mers des Caraïbes, donne la fièvre.« Nous devons écrire un livre où chaque chapitre veut dire fraternité. loyauté et confrontation avec la tradition. Nouveaux sons, nouvelles couleurs, nouveaux espaces pour l’imagination Et alors nous comprenons que la mer, la musique, l’homme, un baiser, sont tous ensemble une seule chose : la grâce » ainsi parle Gonzalo.

Gonzalo Rubalcaba est un brasseur de couleurs, ciel bleu-profond dans la tête, notes de fruits rouges à pleins paniers.Large deviennent les bateaux du jazz.L’entendre donne le goût des palmes, des rires dans le soleil, une envie de danser avec son prochain.
Le jazz redevient si simple quand il suffit d’écouter ses pieds, de s’enivrer de cette musique sans ombre, comme une lame de fond.

Gil Pressnitzer

Discographie

Live in Havana (1989)

Giraldilla (1990)

Discovery: Live at Montreux (1990)

The Blessing (1991)

Images: Live at Mt. Fuji (1991)

Suite 4 y 20 (1992)

Rapsodia (1992)

Imagine (1993)

Diz (1993)

Concatenacion (1995)
The trio, 1997

Flying Colors (1998) ave Joe Lovano

Antiguo (1998)
Standards, 1998

Inner Voyage (2001)

Inicio (2001)

Nocturne (2001) avec Charlie Haden
Supernova, 2002

Paseo (2004) avec New Cuban Quartet
Land Of The Sun (2004) avec Charlie Haden

Solo (2006) (

Avatar (2008)Fé (2010)