Raoul Bergougnan
Esquisse d’un portrait
Peintre toulousain dont l’essentiel de l’œuvre a été réalisé dans les années trente et quarante, Raoul Bergougnan (1900-1982) frappe par sa singularité. Il peint en gris la « ville rose » et va rechercher l’hiver ou le petit matin au pays du « soleil d’or ».
Il y a un mystère Bergougnan. On voudrait, comme on le fait pour d’autres peintres, se raccrocher à une histoire personnelle bien ancrée dans le temps et s’appuyant sur des éléments irréfutables. Or le peu que nous savons de lui se dérobe devant une investigation trop poussée. A l’exception de quelques toiles présentées dans des expositions officielles, qui comportent une indication de date et un titre, souvent bien vague, la plupart de ses œuvres ne s’accompagnent d’aucune identification précise. Ainsi, sur les catalogues des Salons des Artistes Méridionaux, à côté de collègues plus loquaces, il n’annonce généralement que des « Etudes ». A chacun d’y reconnaître, s’il le veut vraiment, un coin de rue, un bouquet de fleurs, une bicyclette ou des boulets de charbon. De toute évidence le sujet en lui même ne l’intéresse guère ; seules comptent ses recherches picturales. Hors du temps et presque toujours hors des modes.
Une vie à Toulouse
Rien que de très banal, du moins en apparence, dans ses quatre-vingt un ans passés presque entièrement à Toulouse, entre deux adresses (avenue des Minimes puis rue Dalayrac) et deux activités voisines (photographe et peintre). Né le 21 décembre 1900, il apprend le dessin dans l’atelier de Georges Castex puis, au lendemain de la guerre, entre comme élève à l’Ecole des Beaux Arts. Ne pouvant vivre seulement de sa peinture, il est ensuite photographe aux usines Latécoère. A partir de 1931 et jusqu’en 1939, ses expositions régulières à la galerie Chappe (32 rue de la Pomme), seul ou aux côtés d’ artistes tels que Charreton, Lupiac, Bouillière ou de Marliave, attirent vite l’attention sur un talent aussi singulier. « M. Bergougnan est un poète, un visionnaire tombé comme un aérolithe à Toulouse, et qu’on ne peut rattacher à rien dans la tradition artistique de notre ville » déclare avec raison Paul Mesplé dans sa chronique de L’Express du Midi (15 mai 1932). Au cours des années trente, on remarque aussi sa participation au Salon des Artistes français, qui se tient à Paris. Il y reçoit même une médaille d’argent. Toujours à Paris, pour l’Exposition Internationale de 1937, il réalise la décoration du pavillon du Languedoc, en remplacement d’Henri Martin. Autre déplacement – il y en a si peu dans sa vie ! – grâce à une bourse du Conseil Général, il séjourne brièvement en Espagne, dont il ramène plusieurs toiles que montre la galerie Chappe en mars 1936. Elles surprennent par leurs couleurs inhabituelles qui rompent avec les tonalités sourdes et grises dont il s’était fait jusqu’alors une spécialité. Ajoutons que, de 1930 jusqu’en 1943, il participe chaque année au Salon des Artistes Méridionaux (comme « associé » en 1930 et « sociétaire » à partir de 1932), en y présentant deux, trois ou au maximum quatre peintures. Là s’arrêtent nos informations concernant sa période de plus grande activité en tant que peintre.
Quel crédit faut-il accorder aux propos de Joseph Andrau, repris dans La Dépêche du Midi du 14 mars 1982, quelques jours après son décès : « Durant l’occupation, un grand amateur d’art (qui devait périr avec toute sa famille dans un de ces funestes camps de la mort) organisa des expositions dont l’une fut préfacée par Francis Carco, lui même, à Lyon, puis à Genève. Les œuvres du peintre toulousain figuraient aux côtés de celles du maître de l’Ile de France, Alfred Sisley, qui avait su, un siècle auparavant, donner aux teintes mineures toute leur force » ? Séparé de son épouse, il a longtemps vécu avec sa mère, sa sœur et son fils dans un modeste appartement de l’avenue des Minimes, qui est une source d’inspiration fréquente pour ses scènes d’intérieur et ses natures mortes. Les extérieurs sont essentiellement toulousains (places, boulevards, ponts et écluses, bords du canal, gare Matabiau…) ou très proches de Toulouse (Blagnac, Beauzelle, Pibrac…).
Plus tard, au gré de rares voyages, s’y ajouteront des toiles évoquant Labastide-du-Vert, dans le Lot (où résidait Henri Martin), Paris (Montmartre essentiellement), les alentours de Sète, Clermont-Ferrand ou Marseille.
Dans cette vie d’apparence étale, une cassure se produit aux alentours de 1945. C’en est fini désormais avec les expositions régulières dans les galeries ou au Salon des Artistes Méridionaux. Sa production semble alors se faire plus rare ; elle reste en tout cas bien plus confidentielle. Seule exception notable, sa participation à la décoration de la Chambre de Commerce qui témoigne de la toute première place qu’il occupe encore parmi les peintres toulousains de l’époque. Sur proposition du président Barlangue, il exécute en 1950/1951 un panneau (un puits de mine à Saint-Marcet) placé dans la galerie du premier étage et, deux ans plus tard, du fait de la défection de Jules Cavaillès, c’est à lui que revient la commande d’un tableau de plus grandes dimensions (la place Wilson) destiné à la salle Audouy. A des amis proches, il continue à vendre ou à donner quelques rares œuvres, toujours pas datées, un peu plus colorées qu’avant. Est-ce sa nouvelle charge de chef d’atelier puis de professeur à l’Ecole des Beaux Arts qui lui impose le silence ? Plusieurs de ses confrères continuent à exposer. Est-ce la célébrité soudaine de son fils, Yves, dans les milieux du rugby qui l’amène à s’effacer pour un temps ?
Plus probable est la crise intime d’un peintre qui se sent étranger dans un monde de l’art qui ne respecte plus les valeurs auxquelles il a toujours été attaché. Il laisse à d’autres le plaisir d’aller explorer les chemins de l’avant-garde. Il ne se veut plus dans la course même si, comme en témoignent la plupart de ses anciens élèves (Felix Denax, Jacques Fauché, Gui Boyer…), il comprend parfaitement l’intérêt de telles recherches formelles. Un rien lui suffirait pour emboîter le pas à ceux qui partent ainsi à l’aventure.
Il préfère rester en retrait. Il n’est pas présent à Paris lorsqu’en avril 1967 une exposition de ses tableaux anciens, provenant surtout de collections privées, est présentée, avec une préface de Robert Aribaut, lors de l’inauguration de la Maison de Toulouse Midi Pyrénées (38 avenue Georges V).
Ces mêmes œuvres et quelques autres encore (quarante-quatre en tout) se retrouvent au Musée des Augustins pour une exposition personnelle que lui offre Denis Milhau, en avril-mai 1973. Deux tableaux récents peuvent laisser croire que le peintre, qui a abandonné désormais son enseignement aux Beaux Arts, n’a pas encore dit son dernier mot. Qu’en est-il vraiment ? Au lendemain de sa mort survenue dans les tout premiers jours de mars 1982, La Dépêche du Midi organise dans ses locaux du Mirail une rétrospective, la plus complète à ce jour, de sa peinture (cinquante titres). Depuis cette date, il n’a pas été oublié lors des trop rares manifestations qui rendent hommage à l’école toulousaine de peinture (Cent ans de peinture toulousaine dans les collections privées qu’organise le Rotary Club de Toulouse en avril 1984 à l’Hôtel des Ventes Saint-Georges - Les années 5O en Haute Garonne, au Conseil Général en juin 1986 – Les peintres du Sud-Ouest à la Mairie d’Escalquens en novembre 1991…). Ajoutons que dès 1964, la galerie L’Atelier (12 rue des Blanchers) que dirigeait Henry Lhong lui accordait une place de choix au sein de l’exposition consacrée à La peinture à Toulouse.
Mais, à côté de ces quelques reconnaissances officielles, plusieurs de ses tableaux réapparaissent depuis une vingtaine d’années dans des galeries privées ou en vente publique. Chaque fois ils atteignent des prix très élevés, surtout si l’on se dit que Raoul Bergougnan reste encore un inconnu pour la très grande majorité des amateurs et spécialistes d’art contemporain. Où d’ailleurs peut-on voir publiquement ses œuvres qui, à notre connaissance, ne sont exposées en permanence dans aucun musée de Toulouse ou de sa région ? Elles mériteraient pourtant d’y avoir leur place, à côté des plus grands anciens, car elles représentent certainement ce qui s’est fait ici de plus original dans le domaine de la peinture pendant l’entre-deux guerres. Si, en particulier pour certaines de ses natures mortes, Bergougnan reprend parfois les couleurs sourdes de Joseph Bergès, c’est pour aller plus loin encore, vers une dissolution presque complète du sujet. Sa peinture retient les leçons des impressionnistes, des Nabis (Bonnard et Vuillard surtout) et plus encore de Marquet. Elle n’en est pas moins très différente, ne serait-ce que par ce qu’elle exprime de secrets personnels et peut-être aussi de rêves inaboutis.
Sa modestie apparente fait aussi sa force. Joseph Andrau, son compagnon de jeunesse, avec qui il a partagé un atelier 24 rue des Potiers, et qui deviendra plus tard directeur de l’Ecole des Beaux Arts de Toulouse, apporte un témoignage sur ce qu’était sa démarche d’artiste au cours des années trente : « Ce fut, écrit-il, le départ de cette période sombre et grise qui surprit un public non préparé et ignorant des moments douloureux que traversait le peintre, mais qui découlait plus prosaïquement aussi du fait que Bergougnan peignait souvent ses toiles avant d’entrer à l’usine et que le soleil n’était pas encore levé…Il peignait peu, et contrairement à ce qu’on pourrait penser, il ne peignait pas vite.
Certes sa facture en apparence négligée, sans épaisseur de pâte, laissant parfois apparaître la toile sous la transparence d’une touche coulée comme dans l’aquarelle, ne permettant pas ce que l’on appelle dans le jargon le repentir, porterait à croire que sa peinture procédait du hasard, alors qu’au contraire cette spontanéité était la traduction de la sensibilité de la main associée à celle du cœur et de l’esprit. C’est qu’avant de passer à l’acte final de peindre, Bergougnan mûrissait longuement ses toiles et ne les réalisait dans leur forme définitive qu’à la suite d’une multitude de croquis et d’esquisses peintes sous des angles et des éclairages diversifiés. A partir de là, oui, sa toile était vite peinte et si elle ne l’était pas, elle était détruite, malgré les mois de gestation qui l’avaient précédée » (plaquette de la rétrospective organisée en 1982 par La Dépêche du Midi).
L’art du secret et de l’élégance
Tandis que d’autres peintres s’attachent à relater des moments d’exception, Raoul Bergougnan ne paraît choisir que le banal. Un fauteuil, le coin d’une table, l’armature d’un lit constituent à ses yeux le paysage le plus raffiné qui soit. Il ne lui en faut pas plus pour élaborer une construction savante, où le géomètre, soucieux de réserver un dialogue cohérent aux lignes et aux courbes qui sous-tendent sa toile, s’accompagne d’un orfèvre toujours en quête de gemmes rares.
Quelques nuances brèves aux teintes recherchées viennent bouleverser ce que sa mise en scène pourrait avoir parfois de convenu. Le sujet perd alors le peu qui lui restait d’importance pour n’être plus qu’un faire-valoir pour la construction quasi-abstraite qui le transcende. De son activité de photographe demeure ce sens de la lumière qui ajoute du volume à ce qui ne serait sinon qu’une réunion de surfaces planes. Cela se remarque en particulier dans telle ou telle vue d’extérieur, où la profondeur – ce que l’on appellerait au cinéma la profondeur de champ – se mesure autant à l’art du cadrage qu’à la juxtaposition de teintes plus ou moins vives, venues éclairer ce qui au départ n’était que grisaille. Pas de violence gratuite, pas de coups de cymbale destinés à capter l’attention. Simplement un rai de lumière, une pointe de couleur plus soutenue, l’esquisse d’une ombre portée. On repense alors à l’art du photographe qui, en préparation d’un simple déclic, consacre de longues minutes, parfois de longues heures, à disposer dans le cadre qui lui convient et sous la lumière la plus suggestive l’objet de son choix. La main ne fait alors que suivre le regard. Bergougnan ne déclarait-il pas sous forme de boutade à ses élèves des Beaux Arts qui l’interrogeaient sur ses propres travaux : « Je n’ai plus besoin de peindre des tableaux. Je me contente de les avoir vus tels qu’ils auraient pu être » ? En fait, son regard restait attaché au « réalisme poétique » si à la mode dans la littérature, la photographie et le cinéma de l’entre-deux guerres.. Sols mouillés, rues sombres débouchant sur des places vides, ciels bas annonciateurs d’orages, jardins malingres, bords de canal au voisinage des gares, intérieurs sans soleil…La plupart de ses tableaux se ressentent de ce climat ambiant, profondément pessimiste. Jusque dans ses œuvres les plus tardives, on retrouvera cette impression tenace d’un enfermement subi avec résignation et transposé avec la plus parfaite élégance.
Car c’est là qu’intervient vraiment le travail du peintre, dans cette manière de s’échapper d’un motif banal, et voulu comme tel, en lui prêtant le traitement réservé d’habitude aux sujets les plus raffinés. Pas de révolte, du moins en apparence. Jamais la moindre trace de dérision. Mais le souci constant d’ajouter de la poésie au réel. La couleur locale, si chère à la plupart de ses confrères toulousains, est pour lui un concept étranger, pour ne pas dire ennemi.
« Raoul Bergougnan recherche de plus en plus la difficulté. On est tenté de dire qu’il a voulu faire quelque chose avec rien. Les moyens sont d’une rare sobriété et le parti pris qui consiste à faire une nature morte avec une lampe de porcelaine blanche translucide et quelques pelotons de laine sur un fond grisâtre paraît une gageure ; la réussite est d’ailleurs complète » remarque Saint-Julien, le chroniqueur artistique du Grand Echo du Midi (29 juin 1942).
Ce serait donc une grande erreur, sous prétexte qu’il y a peu de soleil et peu de bonheur immédiat sur ces toiles, de ne voir là que simple complaisance misérabiliste. Une telle attitude ne se retiendrait que si la technique, par sa pauvreté même, en rajoutait encore à l’impression première de tristesse qui peut se dégager de tels sujets. Il n’en est rien.
Le raffinement des couleurs, l’originalité des cadrages et pour couronner le tout la sophistication des encadrements prouvent que cette peinture se veut d’essence aristocratique. Simple protection ou complément indispensable ?
Les tableaux de Raoul Bergougnan que l’on retrouve aujourd’hui dans les collections ou au hasard des ventes sont presque toujours recouverts d’une vitre. Les encadrements d’origine – ceux que faisait la galerie Chappe – seraient incomplets sans cet élément voulu par le peintre. Est-ce parce qu’il avait noté combien certaines toiles impressionnistes ou post-impressionnistes s’illuminaient ainsi, jusqu’à acquérir un rayonnement « du dedans » que leur sujet n’annonçait pas de prime abord ? C’est probable. A la banalité des places grises et des intérieurs sans charme, la vitre – on dirait même la particule de verre – confère une indéniable noblesse. La nature du cadre, avec ses reliefs compliqués et ses sombres dorures, complète alors cette démarche d’élévation par l’art. Tous ceux qui l’ont approché, n’étaient-ils pas frappés par l’élégance naturelle du peintre toulousain et par le classicisme voulu de ses tenues vestimentaires ? Cette élégance que l’on retrouve dans son oeuvre a survécu aux modes. Elle a conservé ses réseaux et ses secrets. Toute sa vie, Raoul Bergougnan est resté en marge, loin de Paris, loin des lieux où se font les réputations internationales. Il est bien probable d’ailleurs qu’une telle célébrité n’aurait rien eu pour lui plaire. Mais aujourd’hui, vingt-cinq ans après sa disparition, n’est il pas temps tout de même de présenter dans un lieu public, et pas seulement l’espace de quelques semaines, les rêveries si peu banales de ce Toulousain solitaire ?
Pierre Cadars
(texte paru dans la revue Midi-Pyrénées Patrimoine Numéro 10)
Témoignages
« Nature discrète, facilement effarouchée, c’est en des formules modestes qu’il s’exprime le mieux. Il y note les nuances les plus subtiles de l’heure et du rêve. Dans cet ordre de choses, certains aspects de la rue Alsace, de la place Saint-Pantaléon, des boulevards sont de véritables surprises. Sans doute, ils ont été peints à l’aube, mais en réalité l’aube n’est si poétique dans les tableaux de Bergougnan que parce que le peintre porte en lui cette poésie et qu’elle guide son pinceau pour lui faire magnifier les sujets les plus insipides et les plus ingrats » Paul Mesplé, L’Express du Midi, 15 mai 1932
« Bergougnan, artiste sobre et racé, grand peintre secret est, par l’esprit, un proche parent de deux illustres Languedociens méditerranéens : Joë Bousquet et Pierre Reverdy, c’est à dire les plus secrets parmi les grands poètes du siècle. La démarche de ces deux hommes admirables, rejetant les vocables trop voyants de la langue, pour mettre au jour un monde « traduit du silence » paraît fort voisine de celle du peintre, refusant bariolage violent et « cuisines » vulgaires, et fixant sur la nudité de la toile le signe révélateur de son expérience intime du réel »
Robert Aribaut, Préface à l’exposition organisée à La Maison de Toulouse Midi Pyrénées, Paris 1967
« Ce qu’il décide de peindre, Bergougnan ne le décide que par sa sensation, pour la sensation. Aucune hiérarchie des genres, aucune séparation en castes d’objets nobles et d’objets vulgaires, entre de grands sujets et des motifs triviaux. Au contraire une liberté d’accueil sensible de tout ce qui est bon à peindre, un constant émerveillement devant la révélation de la présence naturelle des choses, où elles sont, comme elles sont ».
Denis Milhau, Catalogue de l’exposition organisée au Musée des Augustins, Toulouse 1973
« Raymond Espinasse qui était le professeur de dessin que nous avions choisi malgré l’administration de l’Ecole, disait à propos de la « page blanche » : « rien n’est plus beau que la page blanche » et il nous proposait rien moins que de la « foutre en l’air » afin de s’en libérer. Au contraire Bergougnan demandait, lui, de tendre vers cette même page blanche. Espinassse nous poussait à transgresser ce qui semblait devoir être la perfection picturale, espérant qu’ainsi nous nous libérerions de toutes les contraintes. Bergougnan nous poussait au contraire à réaliser cette même perfection. Le premier nous conseillait une subversion radicale. Le second nous proposait de suivre le chemin qui devait nous aider à poser et à résoudre les questions fondamentales à partir du matériau pictural pur, à travers une pratique que nous devrions contrôler et continuellement relancer. Bergougnan contre Espinasse pressentait qu’aller jusqu’à la page blanche c’était atteindre le point d’où l’on pouvait voir le champ pictural dans sa totalité. C’était alors acquérir le moyen de se situer librement dans la dérive qui va de la « peinture pure » à la coupure de l’image ».
Arlette et Jacques Fauché, lettre personnelle, 1994