Robert Thon
Notes de Garance Thouzellier
Il participe également à de nombreuses expositions collectives, comme L’Espagne organisée par Simone Boudet, ou celles de l’Atelier : La peinture à Toulouse en 1964 et Vingt-six peintres de la galerie en 1968.
Il obtient le prix "Signatures Provinciales" en 1961 et le prix "Charles Malpel" l’année suivante.
Figuratif cocasse et désinvolte, Robert Thon nous renvoie à un monde mythique original où le thème récurrent est la femme-poupée, mélange d’humour et de sensualité.
Ces femmes nues, comme des idoles aux couleurs d’icônes chargées de bijoux, sont aussi bien des esclaves que des reines. Il grave préalablement ses compositions sur le plâtre avant de les peindre à la feuille d’or, avec des effets de reliefs et des rehauts de laque et d’huile, et les agrémente de perles, de dentelles et d’objets inattendus de mécanique. Il mélange son goût du fantastique avec celui du bricolage.
Dans ses œuvres, il mêle « en une surprenante unité plastique le raffinement d’une facture élégante et le primitivisme du dessin.
Car ses toiles sont peuplées de personnages mystérieux, alignés comme des totems effarés » comme Les trois guerriers faits de rouages, de grillages et de pièges à loup, ou Les gardiennes du parfum essentiel.
Dans une attitude hiératique, ses poupées semblent garder l’entrée du Temple où les rites sont célébrés, l’entrée d’un monde interdit.
Il crée un langage plastique caractérisé par un dessin ample et racé et une palette chromatique de bruns dorés. Il marie « une pâte d’une richesse inouïe, d’une précieuse beauté, où le moindre reflet coloré fait chanter en mille nuances l’harmonie brune de l’ensemble » telles L’idole et ses servantes, Les poupées magiques ou La leçon de tambour de la poupée.
Par une dorure accentuée et un style ancien, les toiles La dame au miroir et L’enterrement de la poupée font penser à des enluminures.
Dans un style totémique et monumental, dans un décor architectural indéfinissable et intemporel, de bijoux, de fleurs et d’animaux, les personnages de Robert Thon imposent leur présence par leur immobilisme et leur regard fixe presque effrayant).
Ces poupées sont placées soit dans un retable de bois polychromé noir, or et rouge, comme Les orgues pour la lune soit dans un décor de colonnes "à la grec", striées et couronnées d’un chapiteau. Entre ces colonnes, des niches. Robert Thon les dépeint de la même façon, avec un visage rond, un corps trapu nu ou habillé de vêtements anciens.
Connaisseur du sacré, Robert Thon crée ainsi un univers magique qu’il explique de la façon suivante : « Peindre pour moi, c’est chaque fois partir à la découverte d’un trésor. [...] J’aime m’émerveiller. Et en peignant, je voudrais étonner.»
Garance Thouzellier