Yves Charnet

Toulouse, 11 février 1999

Nougaro chantait, ce soir, à la Halle aux Grains.
Ce n’est plus vraiment de la chanson.
Personne, dans le registre des variétés, n’a jamais chanté comme ça.
Cette présence à soi-même. Dans l’acte de chanter. Et aux autres.
Cette présence religieuse. Cette communion. Comme Brel. Barbara.
Tous les mots. Tous les soirs. Depuis tant d’années.

Ange enragé dans les entrailles.
Toutes les notes. Tous les soirs. Depuis les années des années.
Dans cette chair qui chante. Âme à fleur de voix. Dans cette chair qui respire en chantant.

Toulouse ; Vie, violence.
Michel Plasson dirigeait l’orchestre du Capitole.
J’ai pleuré.
La chair de l’âme comme matière de la voix.
Comme une sueur sonore.
Cette simplicité de sorcier arrache les larmes des yeux.
Les sanglots de l’émotion. Cette véhémente simplicité.
Cette simplicité dansée.
Tant de soirs sur tant de scènes.
Pour en arriver là.
Ce don paisible et forcené.
Pleurer.
C’est tout ce qu’on peut.
Quand on est témoin de ça.

Yves Charnet, Toulouse, 11 février 1999