Christian Schmidt

par Denis Milhau

Tout en ayant montré, comme animateur culturel, une ouverture d’esprit et d’action qui démentent les sectarismes dont il pourrait lui-même être victime, Christian Schmidt est présenté comme autocentré sur sa propre peinture.
Je ne peux, quant à moi, admettre d’entendre et seulement entendre de telles accusations qu’après inventaire.

Et l’inventaire débute par ces deux éléments essentiels : Christian SCHMIDT aime peindre et il aime peindre ce qu’il voit. Cela seul, déjà, m’amène à lui accorder un intérêt particulier, et je ne sache pas qu’on ait le droit de tenir ces deux éléments pour des tares, au contraire.
À partir de là, oui, j’accepte de discuter, d’engager le combat, peut-être avec le public, toujours avec SCHMIDT comme avec tous les peintres, pour lui demander raison, dans le cadre même de la création picturale, de la façon dont il nous engage à voir ce qu’il a vu.

Et pourtant, ici, dans ce texte écrit AVANT que le public ait vu les œuvres, je réserve mon jugement et mon argumentation : il serait déloyal, pour le peintre comme pour le public, même si mon sentiment est favorable, et il l’est, que je me permette de dire certaines choses que SEULES les œuvres, loyalement regardées, peuvent permettre de dire ; et tournant le dos à une certaine critique qui tranche et qui taille pour le public et avant même que le public puisse savoir, objectivement, à quoi s’en tenir, je veux dire, pour Christian SCHMIDT, comme pour des milliers d’autres peintres. en fait POUR la peinture : voyez et regardez.

Pour ce qui est de juger, laissez-moi vous dire que, du bon grain et de l’ivraie. la séparation se fera, par notre propre vie sociale et culturelle, pour l’œuvre de Christian SCHMIDT comme pour toute œuvre, mais que je m’insurge contre toute attitude qui prétendrait d’entrée de jeu définir que tels et tels hommes seront tout entiers bon grain ou tout entiers ivraie.

Quitte à encourir le reproche de bienveillance due à l’amitié, laissez-moi vous dire aussi, que j’ai confiance en toute œuvre qui dit. sans masque et sans déguisement, quand bien même jouerait-elle du fard et du déguisement, qu’un homme a aimé peindre et aimé peindre ce qu’il voyait.

Qu’il l’ait voulu ou non, ses œuvres sont les seules vérités qui m’autoriseront aujourd’hui comme demain, à lire la vérité et l’authenticité d’un homme, dont nous savons pourtant combien il se déguise et aime à se déguiser. Il le sait, il le dit, il le montre, il en joue car il est lui-même cet homme déguisé qui nous dévoile et son déguisement et son sentiment propre.

Cela lui échappe comme sa propre vérité, mouvante de crudité et de rouerie, comme toute œuvre humaine, justement parce qu’il a voulu être un artiste figuratif, et parce que seule la figuration permet cette vérité. C’est aussi une certaine preuve de courage ou d’habileté, de volonté ou d’inconscience, peu m’importe, d’accepter que cela se voit et que l’on voit ce peintre fardé ou nu, toujours lui.
Bref que la peinture soit là pour le dire et qu’on en juge.

Qu’on m’excuse de n’avoir pas parlé des œuvres et de la peinture : je voulais simplement dire qu’il FAUT VOIR les peintures et que c’est vous, librement, qui pourrez dire de ces peintures qu’elles le sont.

Denis Milhau