Biographie de Georges Calistratovitch Artemoff

Peintre, sculpteur, décorateur
Partie 2/2

1933 à 1938

A cette époque ils voyagent beaucoup en Bretagne, à Bréhat, à Concarneau avec Serge Pimenoff à Hennebont dans le Morbihan, chez le peintre Pégot-Ogier ami des Lachenal et de MathurinMéheut, en Normandie chez leurs amis Violet, au Clos Vaudreuilh, eux même grands amateurs de chiens et entretenant un élevage. A Collioure, Georges Artemoff est toujours désireux de retrouver lanature, la mer, la chasse.
En mai 1935 Georges Artemoff et Lydia Nicanorova exposent au musée des Colonies (26).
1936, Lydia tombe malade, elle est soignée à l’hôpital Necker. Elle se rétablit. Georges et Lydia sont invités chez Jeanne Astre, l’été, au domaine de Lencastre, maison familiale de Jeanne et de ses sœurs au bord du lac de Saint-Ferréol à coté de Revel en Haute-Garonne. Georges réalise des portraits à Lencastre( 27).
1937, grande exposition sur tout un étage au Pavillon des Artistes Décorateurs à l’exposition internationale de Paris. Il obtient une médaille d’or pour l’ensemble des panneaux sculptés.

Au début de l’été 1938, Jeanne Astre et sa famille recueillent Lydia malade, à Lencastre et Georges l’y rejoint.
Le 2 août, Lydia Nicanorova atteinte d’un cancer meurt à Lencastre et est enterrée au cimetière de Vaudreuille.
Après sa mort, Georges peint une tête de veau écorchée avec un œil arraché par un couteau et une descente de croix. Lydia à la place du Christ et Jeanne en Vierge de Miséricorde et lui en retrait. Il sculpte la croix de sa tombe.
Georges quitte Lencastre et se réfugie dans la famille de Victoire de Pompignan, à Roquebiard, le 13 Août 1938, avec Lell son épagneul breton et couscous son Braque allemand. Il repart en Novembre à Clamart avec ses chiens.

1939

L’été, Georges Artemoff avec ses chiens revient voir la famille de Pompignan à Roquebiard. Il fait le portrait de Jeanne Dieudonné de la Barrière (28). Il y peint aussi en secret le portrait de Jeanne Astre. C’est là qu’il apprend la déclaration de la guerre avec l’Allemagne. Jeanne Astre vient le chercher avec une amie car il est en situation dangereuse d’émigré russe et d’apatride. Elle l’emmène se réfugier d’abord à Castelnaudary dans la famille Viala, famille d’artistes et de comédiens.

1940

Il s’installe 2 place aux herbes à Castelnaudary. Il réalise deux panneaux peints sur bois «Les chasses au lion» pour décorer le foyer du soldat à l’hôpital Lapasset. Grâce à sa connaissance du corps humain, il est engagé comme masseur à l’hôpital de Castelnaudary. Il peint «La Maternité en rouge» (29).

1941

Participation de Georges Artemoff à l’exposition de l’Ecole de Paris au musée des Augustins avec toiles. Le musée accueille les Salons d’Automne, des Artistes Décorateurs et des Tuileries.
Il expose aussi à la galerie Chape Lautier à Toulouse, au théâtre de Montpellier (30).

1942

Georges Artemoff épouse Jeanne Astre. Ils s’installent d’abord à Najac dans l’Aveyron, ensuite à Saissac dans la Montagne Noire. C’est là qu’il peint le «Vieux Château» (31).
Il s’installe à Sorèze où Georges Artemoff retrouve dans la Montagne Noire les paysages de son enfance dans le Don.
Il réalisera un autel sculpté en bois, un tabernacle, des chandeliers et un vitrail avec une Vierge à l’enfant pour le Petit Séminaire, rue d’Astorg, à Toulouse ainsi que d’autres sujets religieux : L’Annonciation, le Bon Pasteur, des chemins de croix... Il reçoit des élèves dans son atelier. Il se lie d’amitié avec Dom Clément Jacob célèbre musicien, neveu de Max Jacob (32), Dom Robert, peintre et créateur de tapisseries, Dom Denis Martin, tous moines du monastère d’En Calcat à Dourgne (Tarn).
Il sculpte un torse en bois.

1943

A Sorèze, Georges Artemoff se trouve dans une relative sécurité mais sera cependant dénoncé deux fois et Jeanne saura monnayer auprès des gendarmes français sa liberté. (33)

1945

Le 3 juillet 1945, naissance de leur fille Maria Gueorguievna Artemova. Après les années de guerre Georges Artemoff se tourne presque exclusivement vers la peinture.
Géraldine Balayé, journaliste de la radiodiffusion française et professeur au Conservatoire National lui consacre un article intitulé « Un peintre de la Libération ». Géraldine fait découvrir l’œuvre de Georges à son amie Nancy Cunard qui vient de publier un recueil sur les poètes anglais de la résistance française. Il refuse l’invitation par Staline de diriger l’Ecole des Beaux-Arts à Rostov sur le Don (34).
Cependant son amie Julie de Reitlinger (35), accepte l’invitation du retour en URSS et dès son arrivée est privée de travail et envoyée à Tachkent. Elle réussira cepandant à la fin de sa vie à peindre quelques icones. Leur ami Semianosky connaîtra le même sort dès son retour.

1946

Exposition du 4 mai au 12 mai 1946 la galerie Oeuillet à Toulouse. Exposition à la galerie Henri Gaffié à Nice (36).
Georges Artemoff retrouve ses amis Tsevolod et Nadine Obolensky. Tsevolod est sculpteur, il a commencé la sculpture avec Georges. Ils se rendent souvent chez Gaston, à la Tamarissière, au Grau d’Agde. Georges est invité souvent au Domaine de Coussergues pour chasser la bécasse et monter à cheval chez la baronne de Sarret, sa fille Germaine de Sarret vient à Sorèze prendre des leçons de peinture.
Georges Artemoff expose régulièrement à Nice, Cannes, Montpellier et Carcassonne et se lie d’amitié avec le poète Joe Bousquet qui écrira un grand texte sur sa peinture.

1948

Juin 1948, sur intervention de Jean Cassou, directeur du musée d’Art Moderne de la ville de Paris, Georges Artemoff est naturalisé français.
Exposition à la galerie du Pont des Arts à Paris chez Lucie Weill.

1949 à 1951

Le 30 mars 1949, achat d’un tricycle Koellier Escoffier qu’il fait carrosser et qu’il baptise Mustang, qui lui permet d’aller à la chasse et au bord de la mer. Ils passent régulièrement leurs vacances à Lencastre à St Ferréol dans la maison de famille de Jeanne. Georges chasse souvent dans la Montagne Noire en emmenant avec lui sa fille Marie.
Achat en 1951 d’une toile par le musée d’Art Moderne de la ville de Paris (37).
Georges réalise toute une série de portraits au crayon de Dom Clément Jacob à l’église St Félix du Lauraguais.

II peint des paysages de Méditerranée. Il va à Sète chez Attila au Mont Saint Clair, voir son ami François Desnoyers.
II peint des natures mortes aux poissons et quand il n’a pas de vrais poissons il en découpe dans du papier de couleur. Il loue un pied à terre à Bouzigues au bord de l’étang de Thau. Georges a un bateau « La Biche » qui a été acheté grâce à la vente d’une biche sculptée. Il réalise le «Portrait d’Henri» (38) d’Antoinette et de Teresita.
Georges Artemoff pêche sur l’étang de Thau et c’est au bord de l’étang qu’à l’occasion du tournage d’un film avec Daniel Gelin, Belinda Lee etc. il revoit pour la dernière fois son ami Serge Pimenoff.

1952

Installation à Revel dans la maison de Jeanne, rue Notre Dame. L’atelier de Georges est installé l’hiver dans une grande pièce au premier étage qui donne sur le jardin et l’été dans la véranda.
Exposition à la galerie Chape Lautier à Toulouse.Exposition à la galerie Les Mages à Vence.

1953

Exposition à Paris, chez Jeanne Castel, rue du Cirque (39).

1954

Exposition au Salon des Beaux-Arts de Cannes (40).
Exposition à Paris chez Gérard Mourgue.

1956

Achat par la ville de Lyon pour le musée des Beaux-Arts, Palais St Pierre, d’une toile (41).
Exposition en novembre à Carcassonne.
Achat par Gaston Poulain d’une toile pour le musée Goya à Castres (42).

1957

Exposition chez Simone Boudet, à la joie de Lire, à Toulouse. Christian Schmitt réalise deux émissions de radio sur Georges.

1958

Achat par Gabriel Couderc pour le musée de Sète d’une toile.
Exposition chez Gérard Mourgue avenue de l’Opéra à Paris (44).
Exposition à la galerie Art de France à Cannes.
Exposition Richesses du Tarn à Réalmont de juin à octobre (45).
En novembre son exposition inaugure la galerie St Jean à Montpellier, avec quarante-cinq toiles (46).

1960 à 1961

Exposition chez Gérard Mourgue avenue de l’Opéra à Paris.
Achat par le musée d’Art Moderne de la ville de Paris d’une toile (47).
Exposition chez son amie Simone Boudet, à la Joie de Lire, à Toulouse.
Son exposition inaugure la galerie Mistral à Carcassonne.
Rencontre à Toulouse, avec Jean Dieuzaide photographe, Kablat peintre, Robert Pages sculpteur, Christian Schmitt, chez Simone Boudet. Il a enfin trouvé chez Simone une amie à qui il accorde toute sa confiance et Simone toute son admiration.

1962

Le 18 novembre, Michel Roquebert réussira, dans son interview de Georges Artemoff pour la Dépêche du Midi, (48), à apprivoiser Georges et à faire raconter par Georges sa vie en Russie et en France.
Jean Dieuzaide réalisera toute une série de photos des deux dernières expositions de Georges en 1962 et en 1964 avec Yankel (fils de Kikoïne), Balbino Giner et Jean Émile Jaurès.

Les dernières années

Sa vie à Revel dans les dernières années sera jalonnée par les accidents de santé, il souffre de plus en plus de sa blessure de guerre. Il ne pêche plus et ne chasse plus après la mort de son Setter irlandais Lell, il n’a plus aucune nouvelle de sa famille russe (49).
Alors l’enfance dans le Don revient, « Les Cavaliers » sont peints en écoutant la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak. Nostalgie du pays natal perdu (50) atténuée seulement par la présence de ses modèles : Françoise qui partage sa passion de la lecture et de la musique, Rolande qui représente le souvenir de ses études à Rostov Nakhitchevan, Arlette qui est là depuis Sorèze, Jacqueline et des gitanes fantaisistes et présence admirative et complice de Serge qui deviendra professeur de sculpture et qui continuera après la mort de Georges en classant, archivant photographiant l’œuvre de son ami.

1965

9 Juillet1 965 décès de Georges Artemoff à Revel après une dernière maladie, à soixante treize ans.
Inhumation au cimetière de Vaudreuille auprès de Lydia.

Maria Artemoff Testa

Notes

(26) n° 4 poisson bois sculpté en noyer, n° 5 poisson bois des colonies française, n° 6 Poisson enchanteur », bois sculpté des Colonies Françaises, appartient au musée du jeu de Paume, n° 7 Daurade, n° 8 Dorade et corbeau, n° 9 Esturgeon panneau décoratif peinture à l’huile, n° 10 étude au crayon gras. Lydia expose : n° 123 projet de mosaïque, n° 124 Étude de ce projet, n° 125 Nature Morte, n° 126 Nature Morte aquarelle.
(27) Il fait le portrait de Françoise portant la chemise bleue de Lydia et dont il disait qu’elle était « belle comme une dieuse » et Lydia fait le portrait de Perlette autre nièce de Jeanne.
(28) Tableau qui se trouve actuellement au musée Fabre de Montpellier.
(29) Toile visionnaire représentant Jeanne avec un bébé dans les bras. La robe rouge est en référence à la culture russe de la plus belle couleur. En russe ancien, rouge et beau
se disent de la même manière. C’est aussi dans la symbolique les couleurs des icônes la couleur de la vierge.
(30) Grâce au directeur des Beaux-Arts, M. Descaussy qui est son ami. Il va aussi souvent voir à Sète son ami le peintre François Desnoyers.
(31) Paysage avec le château de Saissac sous un ciel d’oarage et dans le coin gauche en bas de la toile un petit rectangle : la tombe de son chien Couscous.
(32) « Plus qu’un ami, un frère » disait de lui Georges Artemoff.
(33) Moyennant quelques cadeaux de la famille Get : bouteilles de Pippermint Get, draps brodés Get.
(34) Car il n’a pas envie de réaliser des portraits grandeur nature jusqu’à la fin de sa vie, écrira Georges Artemoff.
(35) Devenue sœur Jeanne en religion orthodoxe.
(36) Où Georges Artemoff présente une vingtaine de toiles, telles que « La jeune catalane », « Faisan à la cartoucherie », « Les moissonneuses », « Femme aux gants rouges », « Maternité », « Petrouchka », « Saltimbanque » et quelques dessins.
(37) « La pêcheuse » toile exposée en 1948 à la galerie du Pont de Arts à Paris.
(38) Au musée de Sète.
(39) C’est dans un article du journal des Arts que la comparaison entre ses œuvres et les plaques d’or des Scythes est faite. Malraux, non sans raison, a comparé certains bas-reliefs d’Artermoff représentant des animaux à ces plaques d’or très anciennes appartenant à l’art des steppes. Il expose aussi une quinzaine de toiles en Haïti, « Maternité bleue », « Jeune homme » et « Jeune fille », « trois nus », « Espagnole au masque », « Maternité et berger », « Arlequin au verre » etc...
(40) Dont : « 3 nus à la coquille blanche ».
(41) « Le Vieux Pierre ».
(42) « L’espagnole ».
(43) « Tète du jeune pêcheur » qui est le portrait d’Henri à Bouzigues.
(44) Hélène Max à l’AFP international lui consacre 3 pages en anglais et en français.
(45) Il expose « la femme au masque ", « Antoinette ", nature morte aux huîtres, « L ’arlequin » et un poisson sculpté en bois.
(46) Dont « L’homme au perroquet », « Pétrouchka », « La femme au masque », «L’enfant au canari », « Maternité », « Femme à sa toilette », « Christ », « Golgotha », « Vierge à l’enfant ».
(47) Nature morte qui a été exposée chez G. Mourgue.
49) De nombreux témoignages viennent éclairer cette période.
(50) Il peint alors les Amazones, L’oiseau de feu, le cheval bleu.